Boris Diaw a dit au revoir à la NBA : retour ému sur 14 saisons pleines d’amour et de douceur

Le 17 sept. 2017 à 10:52 par Giovanni Marriette

Boris Diaw
source image : youtube

Jeudi 14 septembre, fin d’après-midi, et l’info tombe sur le compte Twitter de David Cozette : Boris Diaw s’engage avec les Levallois Metropolitans. Hein, quoi, comment, pourquoi, mais, non, si, ok. Trois jours plus tard, le soufflé est retombé et on se pose quelques minutes pour adresser un immense big up à la carrière de Babac en NBA. A sa vie en fait.

Et on commence par ce rappel obligatoire pour tous les petits Kevin nés dans les années 2000, non Boris Diaw n’a pas toujours été cet intérieur un peu bedonnant rendant quelques services et faisant apprécier sa vista ou son QI basket ça et là en NBA. Boris Diaw est comme les chats, il a sept vies et comme le dit si bien l’opérateur téléphonique à trois lettres… et c’est pas fini. Allez, flashback.

Quand Boris Diaw débarque en NBA en 2003, on parle alors d’un ailier longiligne capable d’aller postériser des golgoths après avoir lâché un skills challenge en contre-attaque. De Zadar avec la génération Parker/Pietrus family/Turiaf et… Noël Nijean jusqu’à Pau-Orthez et le quatuor magique Diaw/Pietrus x2/Drozdov, le nom de Diaw-Riffiod n’est plus connu seulement pour être celui d’une certaine Elizabeth – maman de Boris et parmi les plus grandes internationales de l’histoire de notre sport – mais bien car un petit Français va tenter sa chance en Amérique. Direction les Hawks d’Atlanta, pick 21 sur le CV et de drôles d’expériences pour commencer, comme celle d’un Mike Woodson souhaitant le voir évoluer à la mène. Mkay. En même temps, quand tu lâches de la no-look pass à nous en faire perdre la raison, faut pas t’étonner que la boule de billard qui te sert de coach te prenne pour Jason Williams. Quoiqu’il en soit le petit Boris fait ses armes en Géorgie et si la carrière NBA a du mal à décoller, chaque foulée de Babac résonne déjà en nous comme une symphonie fantastique.

Le premier déclic ? Il interviendra en 2005, lorsque les Hawks feront le projet de vie intéressant de miser leur chemise sur Joe Johnson. Direction l’Arizona pour notre Boris national, si seulement on savait… Premier changement de taille, le bonhomme joue désormais dans une équipe qui gagne. Deuxième effet Kiss-Cool, la rencontre de Boris avec le coach des Suns – Mike D’Antoni – révolutionne son jeu comme beaucoup d’autres avant et après lui. Très rapidement titulaire, Boris Babacar sublime le jeu de Phoenix, participe à faire des Suns l’équipe la plus agréable à regarder de toute la Ligue, à faire d’un certain Amar’e Stoudemire l’une des forces de frappe la plus badass de NBA et de Steve Nash un futur double-MVP. On ne fait même plus gaffe au shoot dégueulasse de Shawn Marion, imaginez l’exploit. Rapidement surnommé 3D en raison de sa capacité à lâcher des triples-doubles tout en faisant cuire des pâtes et en résolvant des énigmes, Boris a bien plus de goût que ses homonymes de chez Benenuts et vend du rêve par tonneaux. Le premier TD français de l’histoire en NBA porte évidemment la griffe Diaw et cinq autres suivront. Consécration de la progression de notre héros du jour, ce trophée de MIP en 2006, venant récompenser le joueur qu’il est désormais devenu. Capable d’évoluer à tous les postes, Bobo fait halluciner l’Amérique en concentrant dans son cerveau autant d’intelligence que dans certains États tout entiers. Un pet foireux de Robert Horry lors des Playoffs 2007 viendra quasiment éteindre tous les rêves de bague de ces Suns époque run and gun mais l’honneur est sauf, Boris Diaw est devenu un joueur respecté et référencé dans la Grande Ligue.

Mais la NBA est un business et en 2008, c’est à une certaine Charlotte que Boris est présenté contre son gré. Larry Brown, Paul Silas, vous connaissez tous l’histoire. Boris ne veut pas de ce rôle de leader statistique, il préfère le chocolat et le bon vin. Résultat des courses, la relation est destructrice et en plus de ne pas être amoureux, Boris s’empâte et devient poste 4, puis poste 5, puis poste 6 et enfin poste de secours en mars 2012. Entre temps le malin aura tout de même réussi à s’évader un peu en devenant actionnaire puis président des JSA Bordeaux, profitant même du lock-out en 2011 pour venir trottiner en Gaule. Anecdote personnelle d’ailleurs, j’ai un jour vu Boris placer plus d’écrans en un match que je n’en verrai jamais dans tous les magasins Darty de France. Mais revenons à notre mouton et bingo de luxe, un certain Tony Parker passe à l’époque par là et accueille son pote de toujours à la mèz. Direction San Antonio pour sortir de la torpeur et rejouer au vrai basket, Gregg Popovich exige de lui qu’il ne grossisse pas et qu’il lui fasse découvrir du bon pinard. L’association est évidemment fructueuse, imaginez plutôt un poisson sorti du sable et remis dans l’eau. Le Spurs basketball était du foie gras, Babac en fait du poêlé et après des Playoffs 2013 terminés en PLS, la finale 2014 sonne comme l’accomplissement ultime pour un homme ayant tatoué le mot collectif sur son cœur. MIP en 2006, pizzaiolo en 2011 et champion NBA en 2014, Boris aime faire du yoyo mais le voilà champion du monde de la discipline. L’homme semble épanoui comme jamais. Il s’enjaille tous les étés dans la brousse avec son Kodak, installe des machines à café dans les vestiaires, visite le cachot de Fort Boyard et se tape des bitures avec son coach, venez le chercher, what else.

Dernière ligne droite outre-Atlantique, le staff du Jazz vient chercher Boris à l’été 2016, c’est qu’il y a un compatriote à former et à endurcir. Une dernière saison plutôt insignifiante statistiquement, mais si vous râlez après cette phrase, tout cet article n’a donc servi à rien. Boris enseigne, passe ses messages et passe le relais aux gamins, et tout ce qui l’importe finalement. Rebalancé sur le marché des free agents après une seule saison à Salt Lake City, Boris décide en septembre 2017 de revenir faire profiter la France de son sourire, de son talent et de son flegme. Ce sera à Levallois, à deux heures en TGV de son si cher Bordelais et sous les ordres de son ami et ancien teammate Freddy Fauthoux. Allez Babac, fais péter le chapitre suivant, on a hâte de connaître la suite.

Boris, les mots nous manquent alors on sera pour une fois courts et très sérieux. Merci pour tout. Pas sûr du tout de te revoir un jour en NBA mais sache que les souvenirs nous inondent le crâne à la simple évocation de ton prénom. Le pire dans cette histoire ? On n’a même pas parlé de l’Équipe de France, on le fera quand nos yeux seront enfin séchés.


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