Profil Draft 2017 : Harry Giles, l’énigme aux genoux en porcelaine

Le 08 juin 2017 à 14:25 par Benoît Carlier

Harry Giles
Source image : YouTube/Duke Basketball

Annoncé comme l’un des favoris de cette cuvée 2017 depuis déjà plusieurs années, des problèmes de genou ont empêché Harry Giles d’exprimer tout son talent. Il a même réalisé une saison avec des chiffres anecdotiques du côté de Duke. Pourtant, son potentiel pourrait tenter une franchise détentrice d’un lottery pick de faire un pari.

Profil

> Âge : 19 ans. Né le même jour que DeJuan Blair et Shelvin Mack, que des All-Stars en puissance.

> Position : Ailier-fort, pivot. 

> Equipe : Duke Blue Devils. Seulement 26 matchs en tenue.

> Taille : 211 centimètres. Les genoux n’étaient pas prêts.

> Poids : 101 kilos. Les genoux étaient encore moins prêts.

> Envergure : 222 centimètres. Pratique pour taper un high five à Sim Bhullar et capter des rebonds au-dessus du cercle.

> Statistiques 2016 : 3,9 points, 3,8 rebonds, 0,3 passe et 0,7 contre à 57,7% au tir et 50% aux lancers-francs, le tout en 12 minutes.

> Comparaison : De Julius Randle à Amar’e Stoudemire, probablement entre les deux.

> Prévision TrashTalk : Entre la 10ème et la 30ème position, selon le goût du risque des franchises.

Qualités principales

# Une machine à highlights

D’accord, les quelques 300 minutes qu’il a passées sur le terrain cette saison l’empêchent de nous fournir plus de 20 minutes de highlights sur internet comme on peut le voir pour certains prospects. Mais l’intérieur convalescent des Blue Devils a quand même eu le temps de régaler les bruyants fans du Cameron Indoor Stadium. Les cercles de la Conférence ACC doivent garder de moins bons souvenirs de son passage en NCAA et de ses gros alley-oops bien sauvages. Avec ses grands bras, il transforme des mauvaises passes en lob et des briques en dunks. L’enchaînement contre-course-réception de passe-dunk devrait faire des ravages en NBA.

# Intensité défensive

Pas le plus costaud en défense (voir plus bas), Harry Giles compense par son énergie et un alliage de taille et d’agilité pour s’occuper des ailiers-forts et des pivots sans distinction. Même quand il est dépassé, ses grands bras sortent de nulle part pour venir gêner le tireur et contrer la gonfle par tous les moyens. Il est assez rapide pour suivre les petits et n’hésite pas à switcher sur les écrans, même sur les snipers. Sa longueur de bras lui permet aussi de collecter un nombre incalculable d’interceptions lors son vis-à-vis par dans des dribles inutiles pas assez maîtrisés. En fait c’est un peu le grand maladroit pas toujours très dégourdi dans ses déplacements mais toujours là pour gêner coûte que coûte le tireur.

# La peinture, son territoire (poke Paul Cézanne)

Avec les qualités déjà présentées, Harry Giles est sûrement répertorié parmi les meilleures références d’aspirateur chez Dyson. Plus long que la plupart de ses confrères, il lui suffit de sauter avec le bon timing pour gratter un rebond au milieu de cinq adversaires. Il collecte en moyenne 5,4 rebonds offensifs toutes les 40 minutes. La peinture, c’est un peu son jardin et il ne rate que très rarement sa cible une fois qu’il récupère le ballon dans cette zone. Il possède une belle palette de moves qui lui permet de trouver le panier dans à peu près toutes les positions lorsqu’il est près du cercle et il serait presque injouable s’il reculait sa zone de confort de quelques mètres supplémentaires.

Défauts majeurs

# Trois opérations du genou en quatre ans

Le genre de dossier médical que les franchises épluchent en long en large et en travers avant de prendre une telle décision. Victime de deux ruptures des ligaments croisés – une à chaque genou – et d’une autre rupture ligamentaire du genou pendant sa période de lycée, il a subi une nouvelle opération au début de la saison 2016-2017 qui lui a coûté 11 matchs et qui a forcé Coach K à le limiter à 12 minutes de temps de jeu en moyenne tout le reste de l’année. Aucune franchise ne veut récupérer le prochain Greg Oden et il va falloir être sacrément persuasif pendant les workouts pour convaincre un GM de jouer son poste sur ce choix. D’un Top 5 déjà prédit, il devrait chuter de plusieurs poignées de places mais l’équipe qui lui fera confiance réalisera peut-être le plus gros upset de cette Draft si les genoux arrêtent de grincer. C’est quitte ou double.

# Un ailier-fort calqué sur des modèles du passé

Autant il est à l’aise dans un périmètre de quatre mètres autour du cercle, autant ça se complique dès qu’il s’éloigne un peu de la zone de couleur qui fait face au panier. Annoncé comme un ailier-fort, il a davantage les qualités offensives d’un pivot et ne représente pas une menace loin de la cible. Il n’a jamais tenté sa chance du parking cette saison et on ne parle même pas de la distance NBA. Pour se rendre incontournable au niveau supérieur et participer au spacing de son équipe, il va devoir passer par un important travail sur son jumper à l’image de ce que Marc Gasol, Anthony Davis ou DeMarcus Cousins ont pu faire ces dernières années.

# Se fait victimiser sous le cercle

Long et agile, il n’a pas abusé des apéros pendant sa période de convalescence. Rien à voir avec Brandon Ingram, la brindille des Lakers, mais Harry Giles ne fait pas le poids face aux gros shorts de la Ligue. Surtout dans la raquette ! Qu’il soit bloqué psychologiquement par le spectre de ses blessures passées ou qu’il ait simplement peur d’aller au contact, il va devoir prendre des cours avec Tony Yoka s’il ne veut pas passer toute sa carrière à souffrir sous le cercle. Pour éviter de se prendre un TGV de pleine face, il laisse beaucoup trop traîner ses bras et est régulièrement en position de foul trouble. Il doit se discipliner pour jouer les passages en force et profiter de sa longueur pour dissuader les assauts adverses. Le monde des Bisounours est terminé et personne ne lui fera de cadeau en NBA.

Conclusion

C’est la grande intrigue de cette cuvée 2017. Le potentiel physique est énorme mais les opérations multiples aux genoux vont refroidir de nombreuses franchises qui ne peuvent pas se permettre de gaspiller un pick pour un joueur susceptible de faire une rechute. Son principal défi sera d’offrir assez d’assurances aux franchises NBA qu’il a une carrière de plus de 10 saisons dans les jambes et qu’il ne sera pas un nouveau gâchis comme Greg Oden, voire même Joel Embiid qui n’a toujours pas disputé une saison complète.


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