Le paradoxe Carmelo Anthony : galérien en NBA mais véritable légende de Team USA

Le 01 août 2016 à 20:19 par Francois M

Dans quelques jours, Carmelo Anthony va être le premier basketteur américain à participer 4 fois aux Jeux Olympiques. Une bonne occasion pour revenir sur la carrière internationale de l’ailier star, qui remplit son palmarès avec la sélection US à défaut de le faire en NBA…

Melo est aujourd’hui une légende de la sélection américaine mais il a pourtant connu des débuts catastrophiques sous le maillot de la bannière étoilée. Sélectionné pour la première fois avec l’équipe A aux Jeux Olympiques d’Athènes en 2004, l’ailier alors rookie a ainsi vécu la période sombre du Team USA. L’équipe emmenée par Allen Iverson et Tim Duncan avait perdu 3 matchs sur l’ensemble de la compétition, ne parvenant à ramener qu’une “simple” médaille de bronze. Deux ans plus tard, aux Championnats du Monde, l’effectif rajeuni avait fait meilleure figure mais s’était empalé sur Theo Papaloukas et les vieux briscards grecs en demi-finales, pour encore se retrouver sur la dernière marche du podium. Pour n’importe quelle sélection, ces performances aurait été satisfaisantes, mais pour le Team USA, ce fût une vraie remise en cause. Malgré ces résultats, le président du programme américain, Jerry Colangelo, arrivé à l’été 2005, avait décidé d’inclure Melo dans le noyau de son projet de reconstruction – ou plutôt de “rédemption” comme vont l’appeler les ricains -, et Anthony fût même le premier joueur qu’il appela.

Et apparemment, Jerry a eu du flair, car dix ans plus tard, Melo est une référence dans l’histoire de la sélection. Tout d’abord, son palmarès s’est bien rallongé puisqu’il a ajouté à ses deux médailles de bronze un titre au Championnat des Amériques en 2007, et surtout deux médailles d’or aux J.O. 2008 et 2012. Côté individuel, le franchise player des Knicks se distingue également parmi le nombre pourtant impressionnant de légendes qui sont passés sous le maillot américain. En même temps, le groupe de Team USA est assez instable et la longévité de Carmelo est à part. On voit le même phénomène à chaque compétition, les grands noms refusent la sélection pour “se concentrer sur la NBA”, “reposer leur corps” ou bien “siroter des mojitos à Hawai”. Melo, lui, n’a jamais refusé une sélection aux J.O., même si cette année il a un peu hésité. Heureusement, Jim Boheim, son ancien coach à Syracuse et membre du staff de l’équipe, l’a convaincu de venir :

En gros je lui ai dis : “écoute, tu as eu deux ou trois mauvaises années. C’est l’occasion d’avoir une bonne expérience en jouant au basketball”.

L’ailier des Knicks vient en effet de vivre deux saisons médiocres, tant d’un point de vue collectif qu’individuel, où il a enchaîné les pépins physiques. Cependant, le recrutement de New York a été très bon et le All-Star peut enfin nourrir des espoirs quant à la saison prochaine. Cet été olympique va ainsi lui permettre de faire d’une pierre deux coups : Anthony va pouvoir se remettre en jambes et remplir son capital confiance avant la reprise NBA, tout en installant définitivement son nom en haut des records olympiques de l’équipe américaine : 18 points et il dépassera Michael Jordan à la 3ème place du classement des scoreurs, 35 passes et LeBron James devra céder sa 1ère place du classement des passeurs. Niveau rebonds, Melo devrait également monter sur le podium, tandis qu’il détient déjà le record de tirs du parking. Bref, Anthony va renforcer encore un peu plus sa légende, mais ce n’est pas pour ces totaux qu’on se rappellera de l’ailier sous le maillot bleu et rouge, mais plutôt pour  le record de points sur un match de la sélection. Dans la boucherie de 2012 face au Nigéria – 156 à 73 – l’ailier avait pris feu façon Johnny Storm, et planté un énorme 10/12 du parking pour établir un record U.S., à 37 points… le tout en seulement 14 minutes et 29 secondes. Faites de lui le premier ricain avec trois médailles d’or olympiques autour du coup et il est bien possible qu’on puisse lui donner le titre officieux de meilleur joueur de l’histoire de la sélection. Oui, on parle bien de placer Melo devant LeBron, devant Bryant, devant Jojo…

Carmelo Anthony est une exception dans le Team USA, dont l’effectif change radicalement à chaque compétition. Indéfendable en compétition internationale car trop lourd, trop physique et trop technique pour les opposants, il n’a eu qu’à ajouter de la constance pour s’établir en haut de la liste des joueurs américains en FIBA. Un palmarès individuel et collectif qui peut paraître secondaire tant les USA dominent le basket-ball international, mais qui lui fait déjà marquer de précieux points dans sa future candidature au Hall Of Fame. A 32 ans, Melo a encore le temps de se faire un palmarès NBA, mais une médaille d’or supplémentaire ne lui fera pas de mal…

Source image : www.thisismelo.com