Profil Draft 2016 : Ben Simmons, une machine avec de la vision pour dominer sa cuvée

Le 23 juin 2016 à 08:58 par Benoît Carlier

Après avoir passé en revue plus d’une trentaine de prospects lors du dernier mois, il est temps de conclure notre tour d’horizon des prochains rookies qui vont fouler les parquets NBA la saison prochaine avec le grand favori pour être appelé en premier sur l’estrade du Barclays Center de Brooklyn demain soir. Mais qui es-tu Ben Simmons ?

Profil

> Âge : 19 ans. Né le même jour que Ray Allen et Steven Adams. Le premier a filé tous ses poils au deuxième.

> Position : Ailier/ailier-fort. Il peut aussi jouer meneur, arrière ou pivot s’il manque un joueur. Il est pas chiant pour ça.

> Equipe : LSU. Comme le Shaq, et avec parrain dans le coaching staff.

> Taille : 208 centimètres. Coucou Anthony Davis.

> Poids : 108 kilos. À peu près le double de Brandon Ingram.

> Envergure : 213 centimètres. Court pour sa taille.

> Statistiques 2016 : 19,2 points, 11,9 rebonds, 4,8 passes, 2 interceptions et 0,8 contre à 56% au tir et 67% aux lancers, le tout en 35 minutes.

> Comparaison : LeBron James, histoire de pas trop lui mettre la pression. Les deux hommes partagent déjà la même agence.

> Prévision TrashTalk : Entre la 1ère et la 2è place. Plouf, plouf.

Qualités principales

# Un vrai couteau-suisse

Répertorié ailier-fort, Ben Simmons peut aussi bien assurer la mène que se mêler à la lutte au rebond dessous selon les besoins de son équipe. À une époque où le small-ball est tendance, il fait partie de ces monstres physiques qui peuvent switcher sur les cinq positions sur un simple claquement de doigt de leur coach. Ce n’est pas pour rien si la comparaison avec LeBron James est abondamment utilisée pour décrire l’Australien qui est suffisamment grand et rapide pour jouer à un rythme soutenu mais qui dispose aussi des qualités nécessaires au drible et à la passe pour distribuer le jeu sur demi-terrain. Une sorte d’hybride généreusement doté par la nature qui s’adapte à tout type de jeu et d’adversaire. D’ailleurs, outre ses changements de vitesse quasiment illégaux pour des hommes de sa démesure ou ses quatre enjambées et demies qui lui permettent de traverser le terrain pour conclure des coast-to-coast en haute altitude, il n’a aucun mal à défendre aux cinq postes grâce à une vitesse latérale impressionnante et un haut du corps déjà assez guindé pour survivre au milieu des gros bras.

# Excellent finisseur au cercle

Généralement doté d’un avantage de taille sur ses adversaires directs lorsqu’il évolue au poste 3, Ben Simmons dispose d’un jeu au poste très correct et peut finir des deux mains. Son jump hook main droite est une petite merveille et a déjà fait beaucoup de victimes en College basketball. Mais c’est surtout lorsqu’il arrive lancé que plus rien ni personne ne peut l’arrêter, à l’image du train à vapeur de LeBron James lorsqu’il arrive en contre-attaque. Rapide et puissant du haut du corps, le Wallaby se rendait sur la ligne près d’une fois toutes les quatre minutes cette saison. Une statistique qui pourrait encore augmenter lorsqu’il n’aura plus peur d’y perdre ses dents. Surtout qu’entre nous, c’est plutôt celui qui ose rester en face qui risque pour sa vie. Grâce à un premier pas très rapide, il deviendrait tout simplement injouable sur les drives lorsqu’il n’aura plus aucune crainte d’aller au contact. Son exemple de Cleveland ne compte plus les assassinats sur la place publique en NBA…

# La passe dans le sang

Parmi ses nombreuses qualités – bien trop nombreuses d’ailleurs pour toutes apparaître ici – sa capacité à trouver un copain démarqué est l’une des plus importantes de sa palette offensive. Alors qu’on est plus habitué à voir les mecs de sa taille se planquer dans la raquette ou attendre la balle sur les extérieurs s’il ont plus de 70 au tir sur 2K, Ben Simmons a cette vision qui lui permet de lire le jeu plus vite que tout le monde. Ses 208 centimètres lui offrent un point de vue imprenable sur le jeu et on le sent parfois davantage attiré par la passe que par le tir avec lequel il n’est pas encore tout à fait au point comme on le verra en-dessous. Il ne sont d’ailleurs que cinq dans l’histoire de la NCAA à tourner à plus de 5 assists sur un temps de jeu ramené à 40 minutes, tout en culminant à plus de 6’9’’ (205 centimètres) et le futur rookie est le seul a l’avoir fait lors de sa saison de freshman. Alors forcément, un joueur de son calibre qui n’est pas gourmand en ballons et qui délivre des caviars à la pelle ça force le respect et ça attire beaucoup de convoitises. On n’ose imaginer le cauchemar des défenseurs lorsqu’il aura développé un tir extérieur plus efficace et où il faudra choisir son poison entre le laisser faire switch ou le prendre à deux et ainsi libérer un joueur que Simmons n’aura plus qu’à servir en passant par-dessus les bras de tout le monde s’il le veut grâce à sa taille. Bonne chance les gars !

Défauts majeurs

# Un tir extérieur à désirer

C’est le point de perfectionnement grâce auquel Ben Simmons va pouvoir devenir une véritable terreur des parquets lors des années à venir. Doté d’un geste déjà correct, il n’a aucune confiance dans son jump shot et refuse de nombreux tirs ouverts. De ce fait, son équipe perd énormément en spacing à une époque où la menace extérieure est devenue la première arme des franchises qui gagnent en NBA. S’il n’a pas encore montré beaucoup de progrès de ce côté de son jeu jusqu’à présent, son éthique de travail et la qualité des staffs de la Grande Ligue devraient lui permettre de rehausser son pourcentage qui est pour l’instant indigne de son talent. À l’inverse de beaucoup de All-Stars très réguliers au scoring, Simmons peut parfois avoir des scores très bas lors de ses jours sans ou quand il optera pour la passe plutôt que de profiter des espaces qui lui sont laissés par les défenses. Pour éviter ce type de désagrément et ne pas devenir un boulet dans son équipe, il va donc devoir bosser son fouetté de poignet et appuyer là où ça fait mal, en pénétrant encore davantage.

# Attention au mental

Critiqué pour ses résultats académiques insuffisants, Ben Simmons a alerté quelques GM sur son manque de professionnalisme. Que cela soit pour poser ses fesses sur les bancs de la fac ou participer à des événements caritatifs, il va devoir gagner en rigueur de ce côté là en réalisant que son image en dehors des parquets a une énorme influence sur son appréciation en tant que joueur. Tant qu’on en est à parler de l’aspect mental, il a décidé de jouer un jeu risqué avant cette Draft en refusant d’effectuer des work outs pour les franchises intéressées par son profil. Sûr d’être sélectionné en premier ? Stressé de voir baisser sa cote à cause de son adresse extérieure ? Un peu de tout ça sans doute, mais à partir de la Summer League il n’aura plus l’occasion de se cacher et il va devoir montrer qu’il mérite sa réputation qui le précède depuis déjà pas mal d’années sur les parquets de la Grande Ligue. Attention, un melon a si vite fait de pousser.

# Rappel : il y a deux paniers sur un terrain

Autant il nous régale avec ses inspirations lumineuses à la passe et ses contre-attaques à 200 à l’heure, autant ce n’est pas toujours ça dans sa propre moitié de terrain. Voici un autre point de son caractère qu’il va falloir travailler alors qu’il est parfois un peu lazy lorsqu’il s’agit de bloquer les tentatives adverses. À l’image d’un Melo au début de sa carrière, il serait dommage que le “petit” Ben soit tout de suite catégorisé comme un joueur laissant ses coéquipiers à 4 contre 5 en défense. Trop souvent il laisse le tir ouvert à son adversaire ou il préfère jouer l’interception plutôt que de suivre son attaquant pour le gêner. Or, avec ses qualités physiques et athlétiques, il aurait de quoi devenir un des meilleurs spécialistes du genre s’il en avait l’envie. Même si LeBron n’a jamais été élu DPOY, il faut bien avouer que le King est un joueur complet qui ne donne pas sa part au chien en défense non plus. Il va falloir accepter de prendre quelques coups au poste et compenser ces petits bras par une énergie bien plus importante pour protéger sa niche. On lui demanderait pas s’il n’en n’était pas capable mais on préfère éviter les séquences Shaqtin’ a Fool comme elles existent déjà avec James Harden.

Conclusion

À 19 ans, Ben Simmons a déjà tout pour s’imposer comme un multiple All-Star en NBA. Gros bosseur, il devrait rapidement avoir le déclic au niveau du tir extérieur ce qui pourrait vite donner naissance à un monstre absolument injouable pour les défenseurs. On fera bien sûr attention à l’approche mentale du rookie au moment de passer de simple étudiant international au rang de star mondiale mais il ne devrait pas tarder à se faire appeler par Adam Silver le soir de la Draft car c’est un peu l’une des raisons principales pour lesquelles les Sixers et les Lakers ont durement tanké travaillé cette saison.

Source image : foxsports.com.au


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