Une semaine d’anthologie : Stephen Curry, fin février 2016, à forger dans les bouquins d’histoire

Le 28 févr. 2016 à 09:07 par Bastien Fontanieu

Stephen Curry

Une saison NBA est composée d’environ 24 semaines, toutes marquées par des performances exceptionnelles, des équipes en grande forme et des mouvements divers. Mais des fois, au milieu de nulle part, sept jours se séparent du lot et rentrent dans l’histoire : la semaine que vient d’offrir Curry en fait désormais partie.

On en a vu, on en a connu. Et pas qu’une fois d’ailleurs. Des périodes durant lesquelles un joueur rentre dans une transe longue-durée, portant son équipe et sa région sur ses épaules afin de cartonner, ce n’est pas la première fois qu’on y assiste. Il suffit de se souvenir des soixantaines proposées par Kobe, des triple-doubles consécutifs de Westbrook, des matchs proprissimes de LeBron au Heat ou d’autres légendes du jeu plus anciennes pour se rappeler que, non, le meneur des Warriors n’est pas seul dans cette catégorie. Loin de là, d’ailleurs. Seulement, ce qui sépare le pyromane de la Baie de certains collègues et le place directement dans la section ‘Souvenez-vous de cette semaine épique‘ réside dans de nombreux critères. Une accumulation de records, de chiffres, de statistiques et de faits divers, qui propulsent Curry à des hauteurs hallucinantes, voilà ce qui fait que de nombreux fans sont -encore- sous le choc de ce qui vient de se passer. Une semaine historique, du 22 au 28 février 2016, qu’on forgera dans les bouquins d’histoire afin d’en reparler à nos petits bambins. Retour sur quatre rencontres, quatre pépites, quatre masterpieces qui serviront probablement de point d’exclamation sur une saison régulière légendaire.

# Warriors @ Hawks : 36 points, 6 rebonds, 8 passes, 14/22 au tir, 5/11 de loin.

Aussi belle que puisse paraître cette feuille, elle est cependant d’une timidité rare quand on connaît les morceaux suivants. Du côté d’Atlanta, Steph veut se rattraper d’un weekend laborieux (51 de Lillard, galères face aux Clippers) en donnant le ton pour son équipe. On traîne des pieds du côté de GS, mais pas chez le meneur qui s’offrira un premier festin en déplacement. Car oui, on oublie de le préciser, mais cette semaine se jouera uniquement on the road, un festival encore plus marquant compte tenu de l’hostilité présentée au sniper. Petite cerise sur le gâteau lors de cette rencontre ? Un shimmy envoyé à Kent Bazemore après une énième bombe dans le corner, l’ex-membre des Warriors ne pouvant que s’incliner devant la bête. Curry 1, concurrence 0.

# Warriors @ Heat : 42 points, 7 rebonds, 7 passes, 14/29 au tir, 6/12 de loin.

Concernant cette perle, un peu de repos a permis au meneur et ses coéquipiers de se reposer, mais l’adversaire est bien plus costaud que prévu car l’American Airlines Arena est en feu et le Heat veut bouffer du champion. Face à un Wade à l’ancienne et un Whiteside intouchable, il faudra que Curry sorte un money-time de folie pour permettre aux siens de quitter Miami avec le sourire. Sur sa semaine, c’est de loin le match qui fût le plus compliqué à gérer car la couverture offerte par Erik Spoelstra fût étouffante : pourcentages humains, balles perdues en barquettes (7), pas facile mais pas de quoi paniquer non plus. On se dit que les deux flèches envoyées de 9 mètres dans les dernières minutes ne seront jamais rattrapées dans la même semaine, autant se foutre un doigt dans l’oeil et l’autre dans la région sud. Car quelques jours plus tard… Curry 2, concurrence 0.

# Warriors @ Magic : 51 points, 7 rebonds, 8 passes, 20/27 au tir, 10/15 de loin.

Un back-to-back ? Comment ça, c’est fatiguant ? Alors qu’Aaron Gordon se croit à nouveau à Toronto et que le Magic souhaite faire durer la rencontre, c’est un troisième quart infernal qui tombera sur la gueule des hôtes, le numéro 30 décidant tout simplement de prendre feu aux alentours des 10 mètres. Le pauvre Niko Vucevic en pleure encore, mais c’est surtout le public qui explose en voyant Stephen envoyer une bombe du milieu du terrain pour terminer son chef d’oeuvre. Déjà 9 pépites du parking et la quasi-cinquantaine alors qu’il reste encore douze minutes de jeu, Steve Kerr décide finalement de reposer sa star après lui avoir donné quelques minutes bonus : suffisant pour terminer à 51 pions, des pourcentages surréalistes, le record du plus grand nombre de matchs consécutifs avec une filoche, et le tout avec les jambes lourdes de la veille ainsi que des jeunes qui lui courent après. On se dit qu’il faudra attendre encore un peu avant qu’il ne s’offre les 12 en un match, ‘un peu’ se transformera en deux jours. Curry 3, concurrence 0.

Là, on atteint le toit du monde. Le sommet de la montagne des snipers. Le paradis du lancer d’ogives. Car même en se tordant la cheville et en jouant un Thunder ultra-remonté, Curry parvient à enclencher le God mode pour réduire en cendres la franchise d’Oklahoma City. Non seulement la réponse aux déclarations d’Oscar Robertson est exceptionnelle, non seulement Curry raye le record de 3 points sur une saison, non seulement le bonhomme qualifie les siens en Playoffs à la fin-février, non seulement il rejoint Kobe et Marshall sur le record en un seul match, mais le numéro 30 plante le tir de l’année, tel un point d’exclamation évident sur une semaine en apesanteur. Ce samedi 27 février 2016 représente le point culminant d’une saison légendaire, Curry gardant son équipe sur la route des Bulls de 96 tout en effaçant deux records all-time dans la foulée et en plongeant le reste de la NBA dans un coma profond. Si le dimanche est censé représenter le jour du Seigneur, celui du 28 février se transformera en culte collectif devant la performance du géant. Les mots disparaissent, les chiffres s’entassent, l’histoire est frappée à jamais.

43,8 points de moyenne, 5,8 rebonds, 7,3 passes, 61% au tir, 61% du parking, 3 records all-time en poche, quatre victoires et des collègues à genoux devant la domination du phénomène : oui, il y a déjà eu des semaines historiques en NBA, mais celle-là restera longtemps gravée dans les mémoires.

Source image : @warriors