Non, Carlos Boozer n’a pas été un flop pour les Bulls

Le 22 juil. 2014 à 20:37 par David Carroz

Depuis une semaine, Carlos Boozer ne fait plus partie de l’effectif des Bulls. Comme attendu depuis de longs mois, il a été amnistié, 4 ans après avoir été la grosse signature lors de la free agency pour Chicago en 2010. Un énorme contrat d’environ $80 millions sur 5 ans. Et déjà, comme un premier malaise, car l’ailier fort n’était pas le premier choix de la franchise de l’Illinois.

Les Bulls voulaient LeBron James et Dwyane Wade. Ou alors Chris Bosh, voire David Lee. Ils se “contentent” d’un joueur qui sort de 4 saisons en double double à Utah (sur 6 passées au total chez les Mormons). Quatre ans de sifflets du United Center et de critiques des médias plus tard, le bilan de “Boozi Boozi” n’est pas aussi moche que cela. Et il mérite même des excuses pour le traitement qui lui a été réservé tout au long de son aventure à Windy City.

Commençons par regarder ce que les Bulls ont réalisé durant l’ère Carlos Boozer. Sur cette période, Chicago fait partie des quatre seules franchises à avoir remporté 200 matchs ou plus, en compagnie de Miami (double champion et quadruple finaliste), San Antonio (champion et double finaliste) et OKC (finaliste). Pas mal. Surtout que sur ces quatre ans, quasiment deux l’ont été sans le franchise player des Bulls, puisque Derrick Rose squattait l’infirmerie. Bien sûr, Carlos Boozer n’est pas l’unique responsable d’un tel parcours, mais il est le deuxième meilleur scoreur (après Rose), le deuxième rebondeur (après Noah) et a la meilleure adresse (à égalité avec Jooks) de l’effectif depuis 2010. Le tout en jouant en moyenne 5 minutes de moins que le pivot français. Et en étant l’iron man des Bulls, puisqu’il est celui qui a disputé le plus de rencontres. Alors, vraiment un boulet Carlos Boozer ? Pas tant que ça. Ses moyennes de 15,5 points à 49%, 9 rebonds et 2 passes sur ces quatre ans sont loin d’être infâmes. Surtout qu’elles ont chuté avec son temps de jeu l’an dernier.

Certes, Carlos Boozer n’a pas été le joueur vers qui se tourner quand Derrick Rose subissait des prises à deux ou se baladait en déambulateur que les Bulls espéraient récupérer lors de la free agency 2010. Ou même capable de prendre le leadership de l’équipe puisque le meneur n’était pas encore le MVP de la ligue au moment de la signature de l’ailier fort. Oui, Chicago cherchait un joueur capable de devenir un franchise player ou pas loin. Mais l’erreur a été de croire que “Boozi Boozi” était de ce calibre.

Jamais dans sa carrière il n’a montré être un tel joueur, même dans ses plus belles années à Utah. En outre, chez les Mormons, il disposait de beaucoup d’espace au poste pour profiter de sa puissance, puisque le pivot qui l’accompagnait, Okur, s’écartait du panier, et que son meneur, Deron Williams, était un shooteur extérieur bien plus fiable que Derrick Rose. Et le tout dans une équipe qui jouait à un rythme bien plus élevé que celui préconisé par Tom Thibodeau à Chicago.

Et là encore, au lieu de se chercher des excuses, Carlos Boozer s’est débrouillé avec ce qu’on lui donnait. S’écarter pour laisser de la place à Derrick Rose pour pénétrer ? Ok. Ne plus jouer au poste mais face au panier pour prendre des jump shots ? Not a problem. Soir après soir, Boozer faisait son taf, sans rien dire, pour aider l’équipe, en respectant les consignes de coach Thibs.

Bien sûr, au niveau défensif, son apport était celui d’un plot, même si Tom Thibodeau réussissait à masquer en partie les lacunes du power forward grâce à ses systèmes. Jamais Carlos Boozer n’a été réputé pour ses talents de ce côté du parquet. Ni à Utah, ni à Cleveland, ni à Duke. Mais à Chicago, dans une franchise qui construit ses succès sur l’intensité défensive et dont le dernier idole des fans au poste d’ailier fort était Dennis Rodman, cela a posé problème. Les Bulls le savaient avant de le signer, et il n’ont eu aucune surprise.

En quatre ans, Boozer a fait ce qui lui était demandé avec ce qu’on lui donnait, mettant son égo de côté pour être un coéquipier modèle, le premier à supporter ses potes sur le parquet en se transformant en Rony Turiaf lorsque Taj Gibson prenait sa place lors des quatrièmes quart temps. Même quand il répondait aux journalistes et déclarait que c’était dur pour lui de finir les matchs sur le banc, jamais il n’a remis en cause les choix de Thibodeau. Il s’est contenté de dire que comme tout joueur, il aimerait jouer et aider l’équipe, et que s’il ne pouvait pas le faire sur le terrain, il le ferait en restant à côté. Jamais son comportement n’a troublé l’équilibre du groupe ou n’a été une distraction pour ses coéquipiers.

Quant à son salaire, il n’a pas posé une arme sur la tempe d’un des membres du front office des Bulls. C’est le marché qui dicte et le prix, et lors d’une intersaison 2010 aussi riche en free agents de talent, personne n’était choqué d’un tel contrat. C’était un choix pris par les Bulls, à l’instar de ce que les Jazz ont fait avec Gordon Hayward cette saison ou encore Dallas avec Chandler Parsons. Que dira-t-on dans quelques années de ces deals ? Ce sont des paris éventuellement risqués, mais qui peuvent s’avérer payant … ou des échecs. Pour Boozer, c’est finalement cela qu’on lui reproche : gagner trop d’argent pour ses performances.

Alors oui, le choix des Bulls de l’amnistier est le bon également maintenant, car ils avaient besoin de faire de la place dans leur masse salariale pour signer Nikola Mirotic et Pau Gasol. Finalement, Carlos Boozer aura servi de solution temporaire, en attendant que Taj Gibson passe un palier supplémentaire et atteigne un niveau de titulaire, ce qui est devenu le cas depuis la saison dernière, même s’il devrait conserver son statut de 6ème homme l’an prochain. Le timing pour se séparer de Boozer est parfait, ce qui est une notion importante en NBA.

Aujourd’hui, peu nombreux sont les fans des Bulls qui regrettent son départ. Son manque d’intensité défensive, son absence d’influence en PlayOffs – même s’il n’était que rarement une option prioritaire – ont fait de lui un indésirable pour les fans des Bulls. Pour autant, Carlos Boozer n’a pas été un échec dans le recrutement chicagoan. Si la franchise de l’Illinois n’a pas fait mieux durant ces quatre dernières années – en considérant que leur bilan ne soit pas bon – cela est bien plus dû aux blessures, en particulier de Derrick Rose, qu’aux performances de leur ailier fort.

Coéquipier dévoué, enthousiaste et ne se laissant pas abattre même lorsque son temps de jeu diminuait, continuant à scorer et prendre des rebonds en double figure avec régularité. Les Bulls auraient pu faire un bien plus mauvais choix que celui de Boozer. Dans le bilan de Gar Forman, Carlos Boozer est dans la colonne réussite. Car en cet été 2010, il était leur meilleur choix disponible et qu’en suite l’ailier fort a joué avec ses qualités et ses défauts. Il n’y a pas eu mensonge sur la marchandise. N’en déplaise à ses détracteurs. 

Source image de couverture : Reuters via Sport24.com