Draft 2014 : Dario Saric, le nouveau prodige des Balkans

Le 16 juin 2014 à 14:17 par Benoît Carlier

Déjà éligible à la Draft l’été dernier, Dario Saric avait préféré patienter, histoire de faire ses gammes un an de plus sur le Vieux Continent, mais également pour éviter d’être associé à la cuvée peu prestigieuse de l’an dernier. Un choix judicieux au vu des progrès qu’il a effectué et de l’incroyable densité de cette promotion 2014. Portrait de la dernière perle du basketball croate.

Profil

> Âge : 20 ans. Et déjà l’expérience du plus haut niveau international.

> Position : Ailier/Ailier-fort . « Il jouera, où tu voudras quand tu voudras… »

> Équipe : Cibona Zagreb. Comme quoi, on ne joue pas qu’au handball dans les Balkans.

> Taille : 209 centimètres. Un arbre de plus dans la forêt NBA.

> Poids : 102 kilos. Encore de quoi s’étoffer un peu.

> Envergure : 209 centimètres. R.A.S.

> Statistiques 2014 : 16,7 points à 49,7% au tir et 34,5 à 3-points, 9,7 rebonds, 3,2 assists, 1,3 steal, 0,6 block et 3,4 turnover en 32,9 minutes.

> Comparaison : De Boris Diaw à Dirk Nowitzki en passant par… Tony Kukoc. Ca ne s’invente pas.

> Prévision TrashTalk : Aux portes du Top 10.

Qualités principales

A 20 ans, Dario Saric transpire déjà le basket comme s’il en avait 40. Longtemps meneur, il a développé une vision du jeu hors norme qui lui permet de jouer juste et de rendre ses coéquipiers meilleurs. Ce n’est pas un hasard s’il a remporté les Championnats d’Europe U16 et U18 avec la Croatie, s’attribuant la récompense de meilleur joueur du tournoi par deux fois. Avec ou sans ballon, ses choix s’avèrent souvent judicieux et cette vision sur le terrain lui permet d’être polyvalent. Il peut aussi bien jouer ailier qu’ailier-fort, selon les besoins de son équipe, et compense son manque de muscle par sa capacité à se trouver au bon endroit, au bon moment sur le parquet. Pour compléter la palette du joueur collectif, quoi de plus normal alors que de lui trouver une qualité de passe exceptionnelle qui lui permet de se projeter vers l’avant de manière fulgurante. Avec Saric, du rebond défensif au smash sur contre-attaque il n’y a qu’une passe… Au delà d’une simple qualité, cette culture basket est un plus énorme pour le Croate. Le genre d’atout que l’on a, ou que l’on a pas. Lui est né avec.

Défenseur acharné, il fait preuve d’une activité débordante de son côté du terrain pour y gêner son adversaire. Une aptitude qui est surtout visible au rebond défensif, où il s’apparente vite à un aspirateur de ballon. Il a l’esprit compétitif et n’est pas avare en effort lorsqu’il s’agit de donner son corps pour stopper l’attaquant adverse. Un vrai plus qu’il devrait encore affiner avec le temps.

Sa gestuelle de tir n’est pas des plus académiques, mais il n’empêche que le Croate collecte de bons pourcentages lorsqu’il n’est pas en mouvement. S’il en a l’opportunité, il préfèrera finir vers le cercle.

Défauts majeurs

Tout n’est pas parfait non plus chez Dario Saric et sa côte serait encore plus élevée s’il n’était pas aussi lent en peu athlétique. Car s’il fait preuve d’une bonne agressivité en défense, son manque de vitesse et sa courte envergure ne l’aideront pas à prendre le dessus sur les monstres physiques qui font aujourd’hui légion au sein de la Grande Ligue. Il doit impérativement s’étoffer, notamment au niveau des jambes, s’il ne veut pas se faire écraser dans la raquette. Ce conseil est également valable pour l’attaque où il aura du mal à battre son vis-à-vis en un contre un sans faire un tour ou deux à la salle au préalable.

Malheureusement pour lui, sa qualité de passe ne se retrouve pas – encore – dans son tir. Sa mécanique de shoot est plus proche du combi VW que de la Formule 1 et son pourcentage derrière l’arc (34,5 la saison dernière) devrait chuter avec le « recul de la ligne », plus éloignée sur les parquets de NBA qu’en Europe. Une plaie pour un joueur qui a toutes les qualités requises pour un « stretch 4 », le tir en moins. On connaît déjà son programme de l’été, et des autres à venir : gym, shoot et gym encore pour le Croate. Va y avoir du sport !

Enfin, Dario Saric perd en moyenne plus de 3 balles par match, c’est beaucoup. C’est trop même pour un ailier. Son péché mignon devra vite être corrigé si le Croate ne veut pas s’attirer les foudres de son entraîneur en un temps record et être condamné à végéter sur le banc tout le reste de la rencontre.

Conclusion

Dans la plus pure tradition croate, Dario Saric s’apprête ainsi à reprendre le flambeau national derrière des légendes de ce sport qu’ont été Drazen Petrovic et Tony Kukoc. Si la comparaison ne sera pas facile à porter, on sait qu’il en est largement capable. Celui qui a commencé à jouer dans une ligue professionnelle dès l’âge de 17 ans et qui est considéré par certains comme l’un des meilleurs joueurs européen du millénaire pourra compter sur son sens inné du jeu et une motivation infaillible pour aller titiller les sommets dans les années à venir. Attention toutefois à ne pas faire preuve d’un excès de caractère, lui qui annonçait qu’il ne franchirait le pas en NBA que s’il était drafté par les Celtics ou les Lakers, ce qui sous-entendrait un sixième ou septième pick cette année. Si l’ambition est une belle qualité, la prétention est une toute autre chose. Reste humble Dario !

Image de couverture : www.hoopsfix.com