La France colonise l’Amérique – Le Bilan : que retenir de la saison de nos Frenchies de NBA ?
Le 17 avr. 2014 à 13:20 par Nathan
Françaises, Français ! Chaque semaine sur TrashTalk, vous avez pu suivre le parcours des frenchies en NBA : en cette fin de saison régulière, il est temps de dresser le bilan de l’ensemble du contingent Bleu-Blanc-Rouge. Les Noah, Parker, Batum, Diaw et Cie font encore honneur à notre belle nation en livrant une excellente saison en règle générale. On fait le point joueur par joueur.
Celui qui a tout déchiré : Joakim Noah
Saison absolument exceptionnelle de Joakim Noah. Et on ne l’attendait pas forcément dans un tel rôle. Avec le retour de Derrick Rose, on voyait les Bulls aller très loin dans cette édition 2013-2014 : avec un tel contexte collectif, Cheval Furieux allait remplir un rôle analogue à celui qu’il avait depuis quelques saisons. Prendre des rebonds, défendre, crier, poser des écrans, être le coéquipier idéal et le joueur qu’on déteste affronter : mais à la limite, c’était tout. Maintenant avec la blessure de Rose, vous prenez tout cela, vous le multipliez par deux – vous y rajoutez des passes, un leadership et encore plus de bave sur le maillot et vous obtenez un joueur qui est sans doute le plus “valuable” pour son équipe en NBA. Sa ligne de statistiques est juste monstrueuse : 12,6 points, 11,2 rebonds et 5,4 passes de moyenne. Un authentique point center, un pivot passeur comme on en fait plus. En plus de fêter sa deuxième sélection au All-Star Game, Noah est l’un des principaux prétendants au titre de Meilleur Défenseur de l’Année. Des actions de dingue, un moment d’anthologie avec le Père Yannick dans les tribunes et de la passion : on regrette encore et toujours que ce gars-là ne soit pas en équipe de France.
Ceux qui sont déjà rôdés : Tony Parker et Boris Diaw
On commence à le comprendre : chez les Spurs, la saison est là pour préparer les PlayOffs. On teste, on fait tourner l’effectif, on se concentre sur des détails en vue des matches cruciaux de mai et juin. Dans ce contexte, on comprend que les joueurs du système Popovich n’aient pas l’éclat qu’on attend des grandes stars de la NBA. C’est le cas pour Tony Parker cette saison : superbe du point de vue de la régularité et du leadership, Tipi a toutefois sorti des stats un cran en-dessous de ses moyennes exceptionnelles de l’an passé (16,7 points, 5,7 passes, 2,3 rebonds en 29 minutes). Avec quelques petites blessures, Parker n’a pas été un incontournable en cette saison NBA : l’objectif comme toujours, c’est de devenir un incontournable en PlayOffs. Précisément, chez les Spurs cela n’est pas un problème : cette saison, Patty Mills notamment a explosé et s’est imposé à l’arrière et le retrait de TP n’est qu’une conséquence logique. Pas d’inquiétude donc, surtout que le MVP des Finales 2007 a affirmé qu’il comptait jouer jusqu’à 38 ans. TP9 reste et restera le Papa du contingent français.
Concernant non pas le Papa mais le Président – Boris Diaw – cette saison est dans la continuité de la précédente : c’est une renaissance. Alors que l’année dernière, Diaw nous régalait surtout dans son rôle de “facilitateur”, Popovich a voulu faire de lui cette saison un “facilitateur-scoreur” : 9,2 points, 4 rebonds et 2,8 passes. Beaucoup plus en vue à la marque, Diaw n’en reste pas moins un élément décisif dans le système Popovich grâce à son sens tactique, sa vista et sa mobilité tout simplement incroyables pour un joueur de son gabarit. Il ne faut pas s’y tromper : si les Spurs vont loin en PlayOffs, on verra que Boris Diaw n’y sera pas pour rien.
Celui qui doit exploser : Nicolas Batum
Nico Batum a passé un palier cette saison : entouré de Damian Lillard et LaMarcus Aldridge, il forme le troisième maillon d’un Big Three qui a fait de Portland l’une des équipes les plus en vue cette saison. Même si les Blazers ont connu un gros coup de moins bien en cette fin d’édition 2013-2014, on sait qu’avec leur effectif surchargé niveau talent ils peuvent aller loin (quand les shoots rentrent). Dans ce contexte, Nico Batum est un élément décisif. Toujours plus Pippen que Jordan, Batman aime apporter dans chaque secteur de jeu. Touche-à-tout, le #88 peut sortir chaque soir un gros match dans un secteur différent (points, rebonds, passes, défense, souvent tout à la fois). En témoigne sa ligne de stats élogieuse : 13 points, 7,5 rebonds, 5 passes. Néanmoins, si Batum a fait sans doute sa meilleure saison, on sait qu’il peut aller plus loin. Clamant lui-même qu’il méritait son statut de All-Star, Batum ne pèse pas encore assez d’un point de vue individuel pour espérer plus qu’une place dans la discussion. Son jeu n’est pas flashy, son comportement non plus. Il joue dans l’ombre de deux stars, et il aime ça : tout cela fait que Batum s’éloigne d’une sélection au All-Star Game alors même qu’il y prétend. Ce que l’on attend, c’est que Nico soit parfois moins timide sur le terrain : vas-y prend confiance et déchire tout la saison prochaine. Avec le talent qu’il a, pas mal d’observateurs le considèrent comme le meilleur small-forward à l’Ouest, derrière un certain Kevin Durant. A suivre !
Celui qui est bien tombé : Ian Mahinmi
C’est l’histoire d’un joueur qui tombe toujours là où il faut. Après avoir gagné le titre avec Dallas, Ian Mahinmi s’est envolé du côté d’Indiana l’année dernière. Peu de monde se doutait alors qu’Indy deviendrait l’une des franchises les plus redoutables en NBA. Cette saison, les Pacers ont confirmé (malgré une baisse de régime à bien des égards assez inquiétante), et Mahinmi avec eux. De plus en plus à l’aise dans la rotation, l’ancien Spur est très apprécié à Indianapolis pour son énergie, tant défensive qu’offensive. Toujours en train de gigoter dans la raquette, Mahinmi constitue un excellent backup pour le gros Roy Hibbert. Frank Vogel a d’ailleurs compris en fin de saison que, si on lui donnait plus de minutes, Mahinmi pouvait apporter beaucoup plus en attaque. Ses moyennes ne sont vraiment pas folichonnes (3,5 points, 3,3 rebonds et 1 contre en 16 minutes) mais l’apport de Mahinmi ne se fait pas voir sur la feuille de marque. Et alors que sa saison semblait prendre un gros coup dans les genoux avec l’arrivée d’Andrew Bynum dans la franchise de Larry Bird, Mahinmi a eu un bol monstrueux puisque l’ancien Cavalier a fait une rechute – rechute qui a coïncidé avec d’excellentes sorties de notre Ian National. Il ne reste plus qu’Indiana aille chercher un Titre, et là il faudra lui conseiller de surveiller de très prés sa copine.
Ceux qui doivent confirmer : Evan Fournier et Alexis Ajinça
Deux histoires différentes, deux conclusions similaires. D’un côté, un jeune talent extrêmement prometteur qui finit sa saison sophomore après une première année assez frustrante. En difficulté au début de saison avec ses Nuggets, More Champagne (oui en effet, son surnom est vraiment naze) s’est imposé dans la rotation – bien aidé par les blessures de Nate Robinson et Ty Lawson, il est vrai. Toutefois, Brian Shaw n’a pas manqué d’exprimer à plusieurs reprises sa confiance envers le combo-guard : et pour cause ! Manifestant une facilité déconcertante en pénétration et en règle générale un talent offensif très prometteur, Fournier a toujours su tirer son épingle du jeu. En atteste sa ligne de stats : 8,4 points, 2 rebonds et 2 passes en 20 minutes de jeu, ce qui fait de lui (toutes proportions gardées bien sûr) une sorte de Stephen Curry du pauvre (oui on exagère mais on l’aime bien notre Evan !). Néanmoins, ce qui manque à Fournier, c’est de la régularité au niveau de la réussite : parfois il shoote beaucoup trop, même si c’est ce qu’on lui demande. Aussi, Evan a du mal en défense (pas aidé par son physique assez chétif comparé aux bulldogs qu’il affronte) et en tant que meneur sur les séquences offensives. Ce que l’on attend la saison prochaine, c’est que Fournier se trouve un style de jeu qu’il soit capable de reproduire match après match – dans une équipe de Denver, on l’espère, au complet pour accrocher des PlayOffs.
On passe à un revenant : Alexis Ajinça. Déjà passé par la NBA de 2008 à 2011, le parcours du Champion d’Europe s’est avéré chaotique. N’arrivant pas à se faire au jeu américain, Ajinça a eu la bonne idée de repasser par la France, à Strasbourg avec Vincent Collet, pour travailler les fondamentaux. Surement la plus belle décision de sa carrière puisqu’il est revenu transformé. Beaucoup plus confiant en lui, ayant développé un shoot correct, une utilisation efficace de ses membres démesurés et une éthique de travail saine, Ajinça a tapé dans l’oeil des Pelicans qui ont voulu faire de lui la deuxième branche d’un Twin Towers avec la star Anthony Davis. Sa ligne de stats est d’ailleurs élogieuse pour un tel profil : 6 points et 5 rebonds en 17 minutes. Mais Ajinça traine avec lui un gros problème : les fautes. Titularisé à 26 reprises cette saison, Alexis est toujours sorti plus tôt que prévu à cause de ses fautes prises trop rapidement. Toujours en foul trouble quand il joue plus de 25 minutes, Ajinça tourne à plus de 3 fautes par match. On voit bien que ça énerve son coaching staff, puisqu’il ne sert plus à rien avec 5 fautes au début du 3ème quart-temps. Ce qu’on attend de lui ? Qu’il continue de travailler, et qu’il règle ce problème de faute. On n’a pas de doute qu’avec cela, une belle carrière s’offre pour l’ancien pivot des Raptors.
Ceux qui doivent avancer : Rudy Gobert et Nando De Colo
Le jeune pivot du Jazz suit le parcours typique d’un rookie inconnu en NBA. Si Gobert est peu utilisé cette saison (9 minutes en moyenne sur 45 matches), c’est que ses dirigeants lui ont demandé de se concentrer sur son développement personnel. Non, ils ne lui ont pas demandé d’engager un coach de vie qui va lui apprendre à marcher droit et à parler avec confiance dans les soirées mondaines – non, ils lui ont tout simplement demandé de faire de la muscu et de comprendre le jeu à l’américaine. En même temps, faut voir le physique du gamin : 2m18, 108 kgs et une envergure de malade mental ; pas possible de passer à côté d’un tel profil. Si Utah lui a clairement fait comprendre qu’il allait compter pour le développement de la franchise, on espère que Gobert prend au sérieux sa situation car en NBA tout va très vite. Avec 2 points et 3 rebonds par match, l’ancien joyau du Cholet Basket est au tout début de sa carrière : patience donc.
Concernant Nando De Colo la situation est quelque peu différente. Arrivé en 2012 aux Spurs, De Colo était arrivé au sein d’un groupe composé de deux français (Parker et Diaw) qui pouvaient faciliter son intégration. Mais le 20 février dernier, il est envoyé aux Raptors contre Austin Daye après une bonne dizaine de Did Not Play au sein du système Popovich. Les débuts ont été difficiles : n’étant ni un vrai meneur ni un arrière-scoreur, De Colo tombait dans une franchise au backcourt plein de talents. Point positif (puisqu’il est un bon joueur) De Colo a eu sa chance et a joué 21 matches en tant que remplaçant (pour 3 points, 1 rebond et 1 passe en 9 minutes de jeu), dont quelques bonnes sorties en toute fin de saison. Point positif dans tout cela ? Les Raptors sont franchement une belle équipe à voir jouer, jeune et dynamique : De Colo a une carte à jouer – faut envoyer mon gars !
Ceux qui doivent oublier : Ronny Turiaf et Kevin Séraphin
On passe aux deux déceptions de la saison. Pour des raisons différentes, Turiaf et Séraphin doivent oublier cette saison qui n’était, il me semble, pas vraiment enrichissante. Commencons par Ronny Turiaf (5 points, 5 rebonds en 31 matches) : le pivot des Wolves s’est blessé dès les premières semaines de la saison au genou. Comme si ce n’était pas déjà assez pour une franchise de Minnesota qui est abonné aux blessures et aux absences en tout genre. Le fait est que, à cause de cela et de pas mal d’autres facteurs, les Wolves ont beaucoup déçu : Ricky Rubio n’a pas explosé, Kevin Love est esseulé, Rick Adelman est proche de la retraite. Saison décevante donc pour Turiaf : même s’il est toujours capable de squatter le haut des highlights avec ses contres et ses dunks féroces les années passent et le champion NBA vient de terminer une saison qui, soyons honnête, n’a servi à rien. Pilier du vestiaire, Turiaf doit se concentrer sur la saison prochaine et participer à la création d’un vrai groupe à Minnesota : il le mérite.
On passe au GROS bémol de cette saison dans le contingent français. On ne va pas refaire l’histoire : l’ailier-fort de Washington avait décidé de ne pas aider l’Equipe de France à aller chercher une médaille lors de l’EuroBasket cet été. La raison ? Séraphin voulait se concentrer sur sa carrière NBA, lui qui a beaucoup de talent mais qui sortait d’une saison à bien égards assez moisie du côté des Wizards. Le résultat ? Tout l’inverse de ce qu’il espérait. D’abord, la France a été championne d’Europe, et ensuite Séraphin a vécu une saison vraiment difficile d’un point de vue physique et mental. Moins bonne saison d’un point de vue statistiques après son année rookie (4,7 points, 2 rebonds en 53 matches et 10 minutes de jeu en moyenne), Séraphin s’est blessé au genou après avoir retrouvé la confiance de son coach Randy Wittman, lequel l’avait fustigé pour son manque d’implication dans l’équipe. Une saison faite de tous petits hauts et de très gros bas pour un jeune joueur (24 ans) qui a pourtant du talent plein les mains. La prochaine fois, Kévin : va en Equipe de France, car c’est sans doute le meilleur moyen pour passer un palier sportif et mental.
Voilà, la saison régulière de nos Frenchies est terminée ! Une belle saison avec beaucoup de promesses pour la suivante. Place maintenant aux PlayOffs : 7 de nos 13 français y participent, donc on suivra de près leurs performances respectives. On vous laisse avec un petit top 10 de la première partie de saison réalisé dans nos studios par Anto Tmac : enjoy ! Et n’oubliez-pas : vive la République, vive la France.
Sources images : ESPN – Getty Images – Youtube