Avant hier, le Thunder a été battu par les Rockets, les Knicks ont perdu contre les Celtics et la veille, les Clippers avaient perdu contre les Grizzlies. Ces trois équipes viennent de laisser filer, à domicile, des matchs qu’elles avaient les moyens de gagner. Des matchs qui auraient pu clore la série pour le Thunder et les Knicks. Un match 5 qui pèse lourd pour les Clippers qui doivent désormais s’imposer à Memphis, cette nuit, pour ne pas se faire sortir en 6 manches.
Plusieurs points communs se dégagent clairement entre ces trois équipes que sont New York, Oklahoma et Los Angeles : elles n’ont pas de fond de jeu, peu ou pas de systèmes offensifs maîtrisés et elles se reposent en permanence sur leurs stars… Pourtant, les effectifs sont bien fournis en joueurs capables d’apporter des points, des passes, bref d’apporter offensivement. Alors où est le problème ? Le coaching ou plutôt l’absence de coaching ? Et bien oui ! N’ayons pas peur de le clamer. Ces messieurs Woodson, Brooks et Del Negro ne sont clairement pas à la hauteur des effectifs qu’ils ont entre les mains. Des effectifs avec lesquels ils travaillent depuis au moins deux saisons (au moins le noyau dur) donc ils n’ont pas l’excuse du sempiternel «l’équipe se met en place, nous avons besoin de travailler collectivement».
Prenons le cas de Mike Woodson pour commencer. Il y peu ses Knicks menaient 3-0 face à des Celtics dont l’enterrement ne cesse d’être repoussé. Passe encore la défaite au match 4 dans un TD Garden surchauffé. Avec un Carmelo Anthony croqueur et vendangeur, un JR Smith absent et des Celtics qui avaient retrouvé quelques couleurs, l’ex coach des Hawks ne peut pas être vraiment tenu pour responsable de cette défaite. En revanche, la nuit dernière, la bouillie de basket servie par les Knicks, notamment en deuxième mi-temps, est largement imputable à la pauvreté tactique de Woodson sur le plan offensif. Oui, sur le plan offensif, car la défense des Knicks est, elle, bien en place d’une manière générale. On sent que c’est travaillé à l’entraînement, on sent que les Carmelo ou autre JR Smith en entendent parler lors des séances vidéo. En plus de ça, Tyson Chandler remplit parfaitement son rôle de pilier défensif.
De l’autre côté du terrain, quand il s’agit de marquer, les options proposées par Woodson sont très pauvres voire inexistantes. Système n°1 : Isolation pour Melo. Système n°2 : Isolation pour Melo. Système n° 3 (attention à la surprise) : JR Smith monte la balle, la garde pendant 20 secondes à coups de superbes dribbles entre les jambes et finit par prendre un shoot très compliqué puisque contesté et prévisible. Système n°4 : Isolation pour Melo…. Un autre signe de la pauvreté tactique de Mike Woodson : il n’a pas réussi à trouver une bonne manière d’associer Anthony et Stoudemire sur le parquet. Il est vrai que les deux joueurs n’ont pas eu beaucoup de temps de jeu commun à cause des blessures de l’ancien Suns mais, tout de même, avoir deux attaquants aussi talentueux dans son roster et ne pas trouver de systèmes leur permettant de s’épanouir, c’est clairement du gâchis.
Le problème c’est que Carmelo Anthony, même s’il est un des meilleurs attaquants de la ligue, ne peut pas être en feu à tous les matchs. Et quand il est moins en réussite, l’attaque de New York se grippe comme hier soir où les Knicks sont restés de longues minutes sans marquer au cours du troisième quart temps. De longues minutes pendant lesquelles Carmelo et son copain JR ont continué de prendre des shoots tous plus improbables les uns que les autres.
En clair, offensivement, Mike Woodson reproduit à New York avec Carmelo Anthony, ce qu’il faisait à Atlanta avec Joe Johnson. Il n’utilise pas assez les qualités de son effectif. Avec Jason Kidd, Raymond Felton et Pablo Prigioni, le coach new yorkais dispose pourtant de trois meneurs capables de lancer des systèmes, capables de varier et de surprendre l’adversaire. Encore faut-il avoir des systèmes à proposer… On imagine bien que Woodson ne sera jamais un coach rusé et grand tacticien comme Doc Rivers mais avec un minimum de réflexion tactique, la série pourrait être finie. Au lieu de ça, les Knicks sont maintenant sous pression, ils vont devoir retourner au TD Garden pour un match 6 face à des Celtics qui n’ont pas du tout l’intention de rendre les armes et qui croient fermement à un exploit. Les Verts, même sans Rajon Rondo, proposent plus de variété en attaque. Ils partagent le ballon, exécutent des systèmes, bref ils jouent au basket à 5. Dans ces conditions, les Knicks ont du souci à se faire car ils sont dominés tactiquement et collectivement.
Le cas de Scott Brooks à Oklahoma City est différent. Tout d’abord, le coach du Thunder possède, dans son roster, deux joueurs extraordinaires qui ne sont pas que des joueurs d’isolation, messieurs Durant et Westbrook. On peut critiquer autant qu’on veut Russell Westbrook mais il reste un excellent playmaker. Ses pénétrations, ses jumpshots efficaces à 5 mètres obligent les défenses à le serrer et donc à laisser de l’espace à ses partenaires. Westbrook, qui distribue cette année à 7,5 passes décisives par match, montre qu’il est certes très brouillon parfois mais qu’il est capable de créer du jeu. D’ailleurs, l’absence du meneur All Star depuis 3 matchs explique en partie les deux défaites que vient de subir Oklahoma.
Lors du match 3, gagné de justesse par les vices champions, Durant avait sorti le grand jeu et le panier le plus chanceux de l’année pour venir à bout des Rockets. Lors des deux matchs suivants, les Rockets se sont appliqués à défendre le plus dur possible et surtout à limiter au maximum les points de KD en essayant de l’empêcher de recevoir le ballon dans de bonnes conditions. Et là, la faiblesse tactique du Thunder a crevé l’écran.
Les Rockets sont certes jeunes et athlétiques mais ils ne sont pas non plus de grands spécialistes défensifs façon Pistons des années fin 80/début 90. Olajuwon n’est plus là et ils n’ont pas dans leurs rangs des joueurs comme Tony Allen ou Tayshaun Prince certainement capables non pas d’étreindre Durant mais au moins de le limiter. Pourtant le Thunder a été incapable de réellement bouger ces Rockets. Pourquoi ? Et bien, parce que le Thunder n’a pas de fond de jeu. Tout repose sur les deux stars. Les déplacements sans ballon font de la peine à voir dans cette équipe. Les joueurs intérieurs, notamment Serge Ibaka dont le shoot à 4 mètres est très respectable, sont sous utilisés en attaque. Ils ne servent quasiment qu’à faire des écrans pour Durant. Le pick and roll c’est intéressant mais c’est aussi prévisible et les Rockets se sont adaptés en proposant un cinq small ball autour d’Asik pour avoir la mobilité nécessaire.
Résultat, Houston vient de gagner deux matchs d’affilée et s’apprête à recevoir le Thunder pour un match 6 sous haute tension. Mais si les Rockets sont revenus dans la série, c’est aussi parce que Scott Brooks ne s’est pas non plus adapté, sur le plan défensif, au small ball proposé par Kevin McHale. Ibaka et Perkins ne font pas l’effort d’aller chercher les shooteurs comme Parsons, Garcia voire Delfino que McHale positionne au poste 4. Du coup, avec de simples mouvements de balle, Houston obtient des tirs ouverts pour ces joueurs qui s’en donne à cœur joie. Scott Brooks nous montre là ses limites, son incapacité à donner les moyens à son équipe de mieux défendre. Le Hack-a-Asik n’est pas une tactique défensive, c’est un aveu d’impuissance. Face à ce 5 small ball, il est très difficile pour le Thunder de jouer avec deux vrais intérieurs. Par séquence peut-être, mais sur l’ensemble d’un match cela ouvre trop de brèches aux Texans. Kevin McHale l’a bien compris…
Quand on pense que les médias comparent souvent les franchises d’Oklahoma City et de San Antonio. Popovich doit bien en rire car autant les modèles de développement de franchise sont les mêmes autant les philosophies de jeu et les mises en place tactique sont à l’opposé ! D’un côté, Greg Popovich qui pourrait être coach de l’année tous les ans et dont les systèmes permettent à son équipe d’exister quelques soient les joueurs sur le terrain. De l’autre côté, Scott brooks, certes moins expérimenté mais dont le niveau tactique permet à peine à son équipe de survivre dès qu’un joueur important manque à l’appel.
Enfin, notre troisième imposteur sévit lui du côté de Los Angeles. Non, il n’est pas question ici de vanter la science tactique, le goût pour les rotations ou les options défensives bien senties de Mike d’Antoni. Non, non. Une prochaine fois peut-être. Il s’agit ici de revenir sur le cas des Clippers et de Vinny del Negro. Ce soir, les Clippers seront de retour au Fedex Forum de Memphis. Ils sont désormais menés 3-2 et seront donc au pied du mur à l’extérieur. On le sentait, Vinny del Negro l’a fait… Sur cette série, le coach Angelino se fait littéralement mangé par l’excellent Lionel Hollins.
Et pourtant, avec Chris Paul, del Negro possède certainement ce qui se fait de mieux en matière de meneur gestionnaire complet, capable de scorer comme de faire jouer ses partenaires. Mais là aussi, tout repose sur CP3 et un peu sur Jamal Crawford qui n’a pas forcément besoin de système pour marquer. Les Clippers ont un système qui marche bien : Chris Paul monte la balle, demande quelques écrans et puis s’arrange pour se créer l’espace pour tirer ou attire la défense et trouve un coéquipier démarqué… Voilà, LE système des Clippers. Évidemment face à Memphis, meilleure défense de NBA, ça ne suffit pas loin de là. Mike Conley pose de gros problèmes à Paul dans cette série. Malgré cela, on a pas l’impression que del Negro cherche à varier ses attaques. Sur les deux premiers matchs de ce premier tour, c’est passé. Paul a été monstrueux, Griffin et Jordan ont trouvé quelques espaces pour sauter et envoyer de bons gros dunks mais voilà, les grizzlies ont tout resserré depuis les matchs 3 et 4. Ils s’appliquent à empêcher CP3 d’imposer son rythme, ils empêchent les Clippers de courir et ces derniers s’écroulent offensivement.
Le jeu des hommes de Del Negro est statique alors qu’ils ont des athlètes parmi les plus impressionnants de la ligue. Les mouvements sans ballon sont inexistants et comme Griffin n’est pas encore Karl Malone au poste bas et que Deandre Jordan est inoffensif à plus d’un mètre du cercle, le résultat est sans appel : les Clippers sont aujourd’hui au bord de l’élimination… Si les Clippers se font sortir lors de ce premier tour, l’avenir de Chris Paul au club sera alors très incertain, celui de Vinny sera lui absolument certain : direction pôle emploi !
Ces trois entraîneurs sont au cœur de séries que leurs équipes ont commencé par dominer parce qu’elles sont intrinsèquement plus fortes mais des séries dont l’issue n’est plus aussi sûre aujourd’hui tant le coach adverse a pris le dessus au fil des matchs aussi bien tactiquement qu’humainement en terme de motivation des troupes. En playoffs, mettre un beau costume, une belle cravate et se positionner au bord du terrain en gesticulant ne suffit plus. Il faut improviser, s’adapter tactiquement, guider ses joueurs. Bref, il faut coacher ! Des imposteurs on vous dit…