L’histoire des Français à la Draft NBA

Le 15 juin 2023 à 17:32 par Arthur Baudin

Killian Hayes 28 décembre 2020

C’est une histoire volée à la nuit des temps. Là-bas, où rebondissent les ballons de cuir contre le bitume, la suprématie européenne ne s’est pas faite en trois jours. Et le coq français y est pour beaucoup.

Si l’on vous disait que le premier joueur français de l’histoire drafté en NBA s’appelait Jean-Claude Lefèbvre, vous répondriez ? Que c’était l’époque chaussettes hautes et longues moustaches, très exactement. Mr. Dusse a été choisi en 64e choix de la Draft 1960. La raison ? Ses 218 centimètres, pour le moins inhabituels à l’époque des courtes pattes. Mais voilà, Lefèbvre ne jouera jamais un seul match avec les Lakers de Minneapolis, pour des raisons de mobilité, de corps, de niveau. Un peu de tout.

Et si l’on vous disait que le second joueur français de l’histoire drafté en NBA s’appelait… Bob Riley, vous répondriez ? Que les Américains nous volent même nos propres honneurs, c’est cela. Bob Riley est né en 1948 sous la protection de l’Oncle Sam, mais s’est fait naturaliser Français en réalisant une majeure partie de sa carrière avec le Caen Basket Calvados. Bon, c’est un peu de la triche, l’ailier-fort de 2m07 a été drafté en 82e choix de la Draft NBA 1970. Oui, au cinquième tour d’une cérémonie de 19 tours. Paraît-il qu’à l’époque, les profs conseillaient à leurs élèves indécis de s’inscrire à la draft car « on ne sait jamais c’est pas super sélectif ».

Après les pionnier des pionniers, sont venus les pionniers tout court. Phrase pas simple à lire, mais grosso modo c’est avec ces trois noms que la France “normalise” vraiment sa présence en NBA : Tariq Abdul-Wahad en 11e choix de la Draft 97, Jérôme Moïso en 11e choix de la Draft 2000 et… Tony Parker, en 28e choix de la Draft 2001. On vous place les descriptions des carrières des bonshommes sans vous indiquer, pour chaque description, duquel il s’agit. Je suis un grand freak de 2m08 qui aurait aujourd’hui été décalé sur le poste 3 mais le mental et l’extérieur au parquet n’ont pas suivi. J’ai signé un contrat de 43 millions de dollars sur sept ans avec les Nuggets, que je n’ai jamais réussi à justifier. J’ai gagné quatre titres NBA et j’ai participé à la grève du lock-out en 2011. Normalement vous avez l’ordre, ou du moins, l’une des trois descriptions vous est évidente.

La percée de Tony Parker chez les cainris inspire ses associés de maillot bleu : Boris Diaw est drafté en 21e choix de la Draft 2003, et réalisera une belle carrière alimentée d’un trophée de Progression de l’année 2006, et ponctuée d’un titre NBA. Encore, continuez, il faut pousser. Le coq français s’exporte de mieux en mieux, enfin, de moins en moins pour rien. Mickael Pietrus a lui aussi été drafté en 11e position de la Draft 2003. Sa carrière ? 557 match en dix ans et une appartenance à l’équipe « We Believe » des Warriors 2006-07. On a connu moins aboutie. Arrive ensuite la cuvée 2005, avec les sélections de Mickael Gelabale (48e choix), Ian Mahinmi (28), Johan Petro (25) et Ronny Turiaf (37). Les quatre compatriotes n’ont pas bougé les codes mais cumulent… 1709 rencontres NBA. C’est l’installation définitive de nos role players à la française chez l’Oncle Sam. De 2006 à aujourd’hui, 30 Français suivront le pas en intégrant la NBA par la voie dorée de la draft. Les plus marquants ? Joakim Noah (2007), Nicolas Batum (2008), Evan Fournier (2012), Rudy Gobert (2013).

Mais… rien de marquant de 2014 à aujourd’hui ?

Eh bien pas vraiment. Les Français portent depuis une triste malédiction, avec Timothée Luwawu-Cabarrot, 24 choix de la Draft 2016, en produit du terroir le plus capé sur cette période (328 matchs NBA). Matez la liste, ça la fout mal.

Les joueurs français draftés depuis 2014

  • Damien Inglis, 31e choix de la Draft 2014
  • Louis Labeyrie, 57e choix de la Draft 2014
  • Petr Cornelie,  53e choix de la Draft 2016
  • Timothée Luwawu-Cabarrot, 24e choix de la Draft 2016
  • Guerschon Yabusele, 16e choix de la Draft 2016
  • David Michineau, 39e choix de la Draft 2016
  • Isaia Cordinier, 44e choix de la Draft 2016
  • Frank Ntilikina, 8e choix de la Draft 2017
  • Mathias Lessort, 50e choix de la Draft 2017
  • Alpha Kaba, 60e choix de la Draft 2017
  • Élie Okobo, 31e choix de la Draft 2018
  • Sekou Doumbouya, 15e choix de la Draft 2019
  • Killian Hayes, 7e choix de la Draft 2020
  • Théo Maledon, 34e choix de la Draft 2020
  • Juhann Begarin, 41e choix de la Draft 2021
  • Moussa Diabaté, 43e choix de la Draft 2022
  • Ousmane Dieng, 11e choix de la Draft 2022
  • Hugo Besson, 58e choix de la Draft 2022
  • Ismael Kamagate, 46e choix de la Draft 2022

Parce qu’on a bien besoin que Victor Wembanyama vienne redresser tout ça, histoire de montrer que le joueur français lambda (il n’a rien de lambda) peut être intéressant pour une franchise NBA. Une chose est sûre : après avoir lu cette liste, bien audacieuse sera la franchise qui tentera le coup d’un role player venu de France. Ou alors elle n’aura tout simplement pas lu cette liste.