Serbie, Croatie, Ukraine et République Tchèque ont dit au revoir à l’Euro : pour certains ? C’est une vraie contre-performance

Le 12 sept. 2022 à 09:39 par Giovanni Marriette

Nikola Jokic Serbie 12 septembre 2022
Source image : FIBA

On avait fait le point vendredi sur les nations qui n’avaient pas réussi à s’extraire de la phase de groupes, puis hier sur celles qui avaient quitté cet EuroBasket à l’issue de la première journée des huitièmes de finales. On prend presque les mêmes et on recommence, avec cette fois-ci quatre nouvelles équipes priées de quitter les lieux au plus vite, et pour une ou deux d’entre elles c’est beaucoup plus tôt que ce qu’on avait prévu.

Il y avait la place

Trois victoires pour démarrer l’Euro, puis… trois défaites et puis s’en va. Le parcours de l’Ukraine est sans équivoque, et au vu notamment du dernier match de poule face à la Croatie, perdu dans le money time, on se dit qu’il y avait peut-être quelque chose à faire tant les Groupes C et D offraient des possibilités de s’en sortir. A ce petit jeu là la Finlande et la Pologne s’en sont le mieux tirées, et l’Ukraine peut nourrir des regrets tant ce huitième face aux Polonais justement semblait dans leurs cordes. La doublette Ponitka / Slaughter a fait très mal à la défense jaune et bleue, et si au final la logique est respectée les Ukrainiens peuvent s’en vouloir d’avoir laissé passer le match face aux Croates, même si affronter la Finlande en huitièmes n’aurait rien eu du match tranquille non plus. Pas l’équipe du siècle non plus hein, mais le leadership d’un Mykhailiuk inspiré couplé au bon Euro des Herun, Sanon ou Bliznyuk aurait peut-être mérité un coup de projo en quarts, d’autant plus que l’on ne reverra plus les Ukrainiens avant un bon bout de temps à la télé puisque la qualification pour la Coupe du Monde 2023 est comme qui dirait très compromise. Dommage, y avait un peu de place, on a l’impression.

Quatrième du Groupe D, la place qu’il fallait éviter

Privée de Tomas Satoranski pour le début de la compétition après qu’il aie contracté une blessure lors des fenêtres de qualifications pour le Mondial de 2023, les Tchèques prenaient alors un coup sur la tête. Parmi les équipes les plus étonnantes en 2019 et qualifiée pour les Jeux Olympiques de Tokyo, les Tchèques faisaient partie avant cet Euro de ces nations middle capables de faire de vrais résultats à la force d’un collectif qui se connait par cœur, porté principalement par le nouveau meneur de Barcelone. Malheureusement Sato est peut-être revenu un peu tard aux affaires, prêt pour le premier match mais pas en rythme puis laissé au repos pour les deux suivants, avant de revenir envoyer des grands écarts face à la Finlande (1/8 au tir). Résultat des courses ? Une victoire, trois défaites, et malgré le réveil du boss face à Israël (14 points, 8 rebonds et 11 passes) et un nouveau grand match du meneur hier contre la Grèce (3 points mais 8 rebonds et 17 passes), la logique fut respectée avec cette élimination tchèque. Là où l’on se dit qu’avec un groupe au complet et en forme dès le jour 1, les hommes de Ronen Ginzburg auraient pu se dépatouiller autrement de ce Groupe D homogène mais accessible, histoire d’éviter de se manger l’autre cyborg dès les huitièmes. Un Euro lors duquel les Krejci, Balvin, Vesely et Hruban auront fait leur part du taf, mais sans un leader à 200% difficile d’exister dans l’élite européenne.

Décevante Croatie, une fois de plus

27 ans désormais que la Croatie attend une médaille, depuis le bronze récupéré peu après l’indépendance en 95, dernière médaille internationale d’une sacrée série lancée en 92 aux Jeux de Barcelone. Aujourd’hui ? La Croatie continue de produire de vrais basketteurs, border superstar, mais au final le collectif, l’envie e le projet de jeu peinent à exister sur la scène internationale. On y croyait pourtant un peu cette année, un peu… sans y croire finalement, et le trio de NBAers composé de Dario Saric, Ivica Zubac et du sniper maison Bojan Bogdanovic avait en tout cas de beaux arguments à faire valoir. Jaleen Smith dans le rôle du Croate de coeur, Mario Hezonja pour amener un peu de folie et Karlo Matkovic pour voir le futur avec le sourire, bref une jolie petite colonne vertébrale, un peu faible dans sa densité mais suffisant – il nous semblait – pour rallier le Top 8 de cet Euro. Spoiler, pshiit, une fois de plus. Une phase de groupe tout juste passable, avec une défaite prévue face à la Grèce et une autre qu’on voyait un peu venir face à l’Italie, deux victoires logiques contre les faibles Estoniens et Anglais, puis cette victoire au dernier soir des poules contre l’Ukraine, cool, pile poil ce qu’il fallait pour gratter la deuxième place du Groupe C et ainsi s’offrir un huitième de finale plus abordable. Oups. Au final on part donc sur une perf all-time d’un tueur venu de Scandinavie, Lauri Markkanen et ses 43 points, et un retour au bercail prématuré, enfin pas tant que ça quand on connait le background récent de cette équipe croate. Grisant.

Nikola Jokic toujours pas prophète en son pays

Comme en 2019 lors de la Coupe du Monde, la Serbie est donc sortie de la compétition dès son premier match couperet. Absente lors des Jeux Olympiques de Tokyo, il faut donc remonter à cinq ans et à l’EuroBasket 2017 et une médaille d’argent pour retrouver les Serbes à une place qui leur correspond un peu plus sur le papier. “Sur le papier”, voilà une expression qui colle en tout cas à la Serbie telle qu’on la connait depuis trois ou quatre ans, les Serbes étant systématiquement considéré comme des favoris dès lors qu’ils participent à une compétition, mais une fois de plus le talent sur le papier n’aura pas été suivi d’actes, du moins pas lorsqu’il le fallait. Comme en 2019 donc, une phase de poule passée sans encombre, face à une concurrence tout simplement pas sur la même planète. Les Hollandais lavés de 24 points en ouverture, Israël et République Tchèque qui luttent un peu aveuglément et la Pologne et la Finlande (toutes deux qualifiées pour les quarts) qui en prennent 30 sur le museau, voilà pour le bilan du premier tour. Un parcours qui, on le répète, nous rappelle 2019 avec des branlées incroyables en poule avant de se faire cueillir par les Espagnols en deuxième phase et, surtout, par d’étonnants Argentins dès les quarts de finale. Cette fois-ci c’est donc l’Italie et son combo shoot / couilles / cœur qui est passée par là, et malgré la nouvelle grosse perf en solo de Nikola Jokic un dernier quart-temps aux allures de rouleau compresseur nous a finalement offert l’image de Transalpins en feu et de Serbes aux têtes baissées. Nikola Jokic ? Une fois de plus montré du doigt non pas pour son talent, encore une fois… qui en doute, mais davantage pour un leadership pas loin d’être inexistant, un tiret que l’on cherche encore sur son CV international tout comme on lui cherche toujours un succès de référence avec les Serbes, l’un des derniers accomplissements notables manquant dans la carrière du Joker. Il y avait pourtant de quoi faire avec ce roster, malgré l’absence de Bogdan Bogdanovic, leader serbe sur les dernières compétitions, mais impossible de ne pas mettre le mot déception lorsque l’on titre sur le parcours 2021 de l’équipe de Svestislav Pesic. Le coach qui pourrait d’ailleurs ne pas faire long feu à la tête des Plavi, même s’il avait commencer à prévenir tout le monde au début de l’été des difficultés qui accompagnent le basket serbe depuis quelques années.

Svetislav Pesic warned Serbian basketball about its development and compared that to Croatia’s NT ☝️ pic.twitter.com/INWtIf0wY8

— BasketNews (@BasketNews_com) July 3, 2022

Quatre nations, quatre équipes de basket et quatre déceptions mais à des échelles différentes. Pour tout ce beau monde l’heure est désormais aux vacances – un peu – avant la reprise de la saison, et côté serbe l’objectif 2023 est dans le viseur, en espérant cette fois-ci rester un peu plus de dix jours sur place, en espérant, déjà, se qualifier pour la Coupe du Monde. Pour les Croates c’est officiellement foutu, et pour les Tchèques et l’Ukraine ça sent déjà très mauvais.


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