Magic Johnson, Kobe Bryant, Eric Bledsoe : quels monstres NBA ont demandé un transfert pour au final… rester dans leur équipe ?
Le 24 août 2022 à 16:49 par Nicolas Meichel
Après des semaines de spéculation, aucun transfert de Kevin Durant ne s’est manifesté sur la planète NBA et le principal intéressé a finalement décidé de repartir avec les Nets. Une situation qui n’est pas sans rappeler d’autres gros dossiers du passé, comme Kobe Bryant en 2007 et quelques autres.
Magic Johnson en 1981
La raison de la demande : champion NBA et MVP des Finales dès sa saison rookie, Magic Johnson a réussi une entrée tonitruante en NBA sous le maillot des mythiques Lakers. Mais la suite sera moins rose. Sa campagne sophomore est pas mal perturbée par les blessures et Magic voit en plus sa réputation en prendre un coup au début de la saison 1981-82. Frustré par le style de jeu imposé par son coach Paul Westhead, qui ne correspond pas à l’image showtime que Johnson se fait du basket, le meneur des Lakers demande un transfert quelques mois à peine après avoir signé un contrat énormissime de… 25 millions de dollars sur 25 ans (avec un poste dans le management des Lakers après sa carrière en bonus).
La suite : le 20 novembre 1981, soit un jour après la demande de la jeune star de Los Angeles, l’entraîneur des Lakers est viré par le propriétaire Jerry Buss, qui a justement comme chouchou Magic Johnson. Pas besoin d’être un génie pour comprendre que les tensions entre Westhead et Magic ont provoqué la déchéance du coach, même si Buss assure alors que la demande de trade de Johnson n’a pas impacté sa décision de dégager Paulo, et que cette dernière est liée avant tout au début de saison décevant de son équipe. En tous les cas, cela a ouvert la porte à Pat Riley, qui a redonné les clés à Magic dans son nouveau costume de coach de l’équipe californienne. Les Lakers version Showtime gagneront quatre titres de plus durant les années 1980.
Kareem Abdul-Jabbar en 1981
La raison de la demande : toujours en 1981, une autre superstar des Lakers a des envies d’ailleurs. Kareem Abdul-Jabbar, arrivé à Los Angeles en provenance de Milwaukee six années plus tôt, veut effectivement se faire transférer de l’autre côté des States, aux New York Knicks ou aux New Jersey Nets. Visiblement, l’énorme contrat offert par Jerry Buss à Magic passe assez mal aux yeux de KAJ, frustré en plus par la volonté du proprio des Lakers de recruter le pivot Moses Malone. Vous ajoutez à ça les résultats décevants de la campagne 1980-81 (élimination au premier tour des Playoffs) et une ambiance pas vraiment au beau fixe dans le vestiaire, et vous obtenez un Abdul-Jabbar qui en a assez de la Californie.
La suite : Kareem Abdul-Jabbar et Jerry Buss ont eu une bonne discussion après la demande de trade du premier, et le mariage entre la star et la franchise californienne a ainsi été sauvé. Non seulement Kareem a continué sa carrière aux Lakers, mais en plus il ne quittera plus jamais Los Angeles jusqu’à sa retraite de joueur en 1989. Aux côtés de Magic Johnson, Abdul-Jabbar remplira bien comme il faut son CV avec quatre titres NBA supplémentaires et un trophée de MVP des Finales.
Hakeem Olajuwon en 1992
La raison de la demande : lors de la saison 1991-92, Hakeem Olajuwon et les dirigeants des Rockets sont pratiquement en guerre ouverte. Les causes de ce conflit ? Elles sont multiples mais au cœur des tensions entre le joueur et sa franchise, une sombre histoire de blessure aux ischios. En cours de saison, le pivot refuse de jouer malgré l’autorisation d’un médecin de l’équipe, sans doute parce qu’il ne se sent pas encore d’attaque pour revenir. Sauf qu’aux yeux des Rockets, Hakeem joue la comédie et se sert de sa blessure pour faire passer un message concernant sa situation contractuelle, Olajuwon étant alors bien sous-payé par rapport à sa grosse production. Le joueur a été suspendu plusieurs rencontres par les Rockets avant de répondre en déposant un grief avec le syndicat des joueurs. Cet épisode est venu s’ajouter à la frustration d’Hakeem concernant le niveau global de l’équipe autour de lui, et donc son contrat de l’époque.
“Je reviens cette saison pour les joueurs et les fans, pas pour les dirigeants. La saison prochaine, je ne veux plus jouer pour les Rockets après tout ce qu’il s’est passé.”
– Hakeem Olajuwon
La suite : Hakeem Olajuwon a bien terminé la campagne 1991-92, au terme de laquelle les Rockets ont manqué les Playoffs. Suite à une discussion avec le proprio Charlie Thomas (qu’Olajuwon avait publiquement traité de “lâche”) et l’arrivée du nouveau coach Rudy Tomjanovich à la place de Don Chaney, la franchise a néanmoins pu repartir sur de meilleures bases qui permettront ensuite aux Fusées de vraiment décoller. Prolongé par les Rockets en 1993, Olajuwon profitera de la première retraite de Michael Jordan pour apporter deux titres NBA consécutifs à Houston, avec également un titre de MVP de saison régulière, deux de MVP des Finales et un trophée de Joueur Défensif de l’Année.
Scottie Pippen en 1997
La raison de la demande : signant un contrat de 18 millions de dollars en 1991 qui le lie alors aux Bulls jusqu’en 1998, Scottie Pippen sécurise les billets verts mais au fur et à mesure que les années avancent, il se retrouve largement sous-payé par rapport aux autres joueurs NBA ayant bénéficié de l’augmentation globale des salaires au sein de la Ligue. Frustré par cette situation et par le fait que les dirigeants des Bulls sont fermés à toute renégociation, Pip décide d’employer les grands moyens : il décale volontairement une opération de la cheville qui aurait pu se faire lors de l’été 1997 afin de rater le début de la saison suivante. Ensuite, au milieu des rumeurs de transfert l’envoyant ailleurs (pour rappel il est alors dans sa dernière année de contrat), il déclare publiquement lors d’une interview : “Je ne vais plus jouer ici”. Ayant passé toute sa carrière à Chicago avec cinq titres NBA au bout, Scottie Pippen semble alors plus proche que jamais de la sortie.
La suite : lors de la dernière danse de la dynastie Bulls, malgré les grosses tensions entre Pippen et le manager général Jerry Krause, aucun transfert ne s’est manifesté, et Scottie a finalement rejoint le groupe au début de l’année 1998 pour disputer la deuxième partie de saison aux côtés de Michael Jordan et Cie. Juste le temps de rafler un sixième titre de champion NBA, avant de définitivement tourner la page Chicago en janvier 1999 via un sign & trade l’envoyant aux Houston Rockets.
Paul Pierce en 2007
La raison de la demande : en 2007, les Boston Celtics de Paul Pierce touchent le fond. Deuxième année consécutive sans Playoffs, seulement 24 matchs remportés au total, 18 défaites de suite à un moment donné, bref les Verts ne vont nulle part et “The Truth” ne voit pas d’autres alternatives qu’un transfert pour rejouer dans une équipe compétitive. Sans aller jusqu’au stade de la demande publique, Pierce fait tout de même savoir à Danny Ainge et aux dirigeants haut placés de la franchise qu’il souhaite porter un autre maillot. “J’ai été clair, j’ai dit qu’on était faibles. J’étais dans mon prime, on perdait, on n’allait même pas en Playoffs. J’étais du genre, ‘transférez-moi, draftez Kevin Durant, et reconstruisez.'”
La suite : Paul Pierce est resté aux Celtics, et surtout Ray Allen et Kevin Garnett sont arrivés à l’été 2007. Danny Ainge a effectivement réalisé deux gros coups durant l’intersaison pour permettre à Boston de retrouver les sommets. Résultat : 66 victoires lors de la saison régulière 2007-08 avec un titre de champion remporté face aux Lakers derrière (Paul Pierce finira MVP de la série), puis une nouvelle participation aux Finales NBA contre Los Angeles deux années plus tard (cette fois-ci perdue 4-3).
Kobe Bryant en 2007
La raison de la demande : trois années après le départ de Shaquille O’Neal vers Miami, les Lakers de Kobe Bryant n’ont toujours pas remporté la moindre série de Playoffs, de quoi faire rager le Black Mamba qui en a marre de jouer avec Smush Parker et Kwame Brown. La frustration est à son comble, et le vase déborde quand un insider des Lakers accuse Bryant d’être le principal responsable du transfert de Shaq en 2004.
La suite : malgré plusieurs touches avec d’autres franchises, Jerry Buss et les Lakers n’ont pas cédé à la demande de Kobe Bryant, toujours aux Lakers au moment du début de la saison 2007-08. Et quelques mois plus tard, le transfert amenant Pau Gasol à Los Angeles fera toute la différence puisque l’équipe de Phil Jackson retrouvera immédiatement les sommets. Trois Finales NBA entre 2008 et 2010, deux bagues remportées, avec deux titres de MVP des Finales pour Kobe et un trophée de MVP de la saison régulière. Kobe jouera au total 20 saisons aux Lakers, sans jamais porter un autre maillot.
Le dossier complet est par ici
Bien avant Kevin Durant, plusieurs superstars ont demandé leur transfert sans pour autant l’obtenir. Et dans chacun des cas cités ci-dessus, il y a toujours eu au moins un titre NBA derrière. Est-ce que KD et les Nets vont connaître une trajectoire tout aussi heureuse après le chaos de l’intersaison 2022 ? Pas sûr…