Plus que quelques heures nous séparent d’une nouvelle saison NBA. Une grande campagne 2021-22, qui sera marquée par de nouvelles surprises, de nouvelles déceptions, des grandes performances et des désillusions. Tant de choses se présenteront à nous dans les jours à venir, des événements par centaines dont on ne pourra prévoir ni l’issue ni le déroulement. Mais le bonheur, quelque part, ne se situerait-il pas ici : dans le fait que cette rentrée sera… tout simplement normale ?
Une pensée du soir. Comme tant d’autres.
En plein préparatifs, les notes s’envolent, les post-it s’accumulent, et l’excitation de la reprise nous envahit comme des gosses à quelques minutes du 25 décembre. Il est 02h59 en ce dimanche d’automne, et tout n’est pas encore tout à fait prêt comme on l’aimerait. Mais tant pis. Car, oui, la magie de la NBA est de retour. Ce mardi 19 octobre, 30 équipes et un peu plus de 450 joueurs nous inviteront à nouveau à participer à la plus grande téléréalité sportive au monde. Le mot est fort, la métaphore osée, mais il faut y voir ici le plus beau des compliments. Nous sommes tous attendus au guichet, fièrement alignés, places attitrées. Prêts à défoncer cette série inépuisable, une fois encore.
Le plus beau championnat de basket de la planète reprendra ses droits, avec ses stars, ses rivalités, son calendrier épuisant, ses petites habitudes. Ses running gags de retour, ses conférences de presse qui créent la rumeur, ses défaites qui créent la stupeur. Son stress de février, son dénouement de juin, sa tristesse d’avril, et tant d’autres retournements de situation. Il y aura les cris, les larmes, les poings serrés, les “ je te l’avais dit putain”, et les cernes qui creusent le visage jusqu’aux vacances d’été. Il y aura les nouveaux qui découvrent, les anciens qui comparent, les Français qui cartonnent ou rouspètent. Les changement de vestes, les nouveaux maillots, les nouveaux memes, les gueulantes appuyées et les tournées de serviettes.
Telle une véritable saga Netflix, la NBA proposera bientôt sa nouvelle saison et les fans de la première heure sont plus impatients que jamais. Passion oblige, fanatisme oblige. Vous pouvez envoyer la sauce, nous sommes déjà prêts à nous régaler. Et ce, quelle que sera la came qui sera proposée. Parole de die-hard.
Mais ce qui rend cette “mise en ligne” si douce, ce qui rend ce lancement si beau, c’est cet aspect que nous avons probablement – tous – oublié au fil du temps.
Un temps qui donne l’impression de s’être arrêté depuis bientôt deux ans.
Cet aspect ?
C’est celui d’un monde normal.
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Souvenez-vous.
Souvenez-vous de janvier 2020.
Souvenez-vous de ces 48h figées dans l’histoire. La venue de la NBA en France, avec un match entre les Milwaukee Bucks et les Charlotte Hornets à Paris, suivie par le passage de LeBron à Philadelphie, et le décès tragique de Kobe. C’était il y a deux ans, oui. Un mois et demi avant la plongée du monde entier dans un tout nouveau… temps.
Rien que l’association des deux mots “deux” et “ans” semble vide de sens. Vous ne trouvez pas ?
Deux ans.
Sait-on encore ce que cela représente vraiment, “deux ans” ?
Ce que l’on sait, c’est que numériquement, c’était bien il y a deux ans.
Et que depuis, quelle que soit notre occupation, notre situation professionnelle, notre statut relationnel, notre origine, notre état de santé ou notre âge, nous avons tous dû faire face à des ajustements. Vous, avec qui nous avons traversé ces mois compliqués, vous avez chacun eu votre propre manière de vous approprier ce nouveau quotidien, autant que se peut. Un exercice ô combien difficile avec, en son centre, une mission aussi importante qu’inconfortable à devoir gérer : tenter de rendre l’anormal… normal.
Non, vous ne pouvez plus faire ceci, ou aller là-bas. Vous devez rester chez vous.
Non, vous ne pouvez pas aller voir telle personne, ou pratiquer telle activité. Vous devez respecter ces nouvelles normes.
Non. Vous ne pouvez plus. Vous devez.
Plantées depuis des années dans le sol, ces habitudes ont été arrachées comme de mauvaises herbes, du jour au lendemain. Sans qu’on demande votre avis, sans qu’on demande notre avis. C’était comme ça, il fallait faire avec.
Elle est quand déjà la prochaine allocution ?
L’idée ici n’est pas de rendre hommage à l’être humain, ou de pointer du doigt celles et ceux qui ont créé la nouvelle direction à prendre. On laissera cela à Twitter, c’est le lieu idéal pour. L’idée est d’établir un constat. Celui d’une génération entière, quelle que soit notre date de naissance et notre sport préféré, qui a indéniablement dû traverser une pandémie mondiale avec son immense lot d’obstacles. Une grande famille qui s’est soudainement retrouvée à naviguer seule en mer, sans le moindre phare allumé pour guider.
L’anormal est devenu normal.
En attendant, un peu naïvement, que le normal redevienne la norme. Ou en l’espérant, du moins.
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Aujourd’hui, nous sommes le dimanche 17 octobre 2021.
Peut-on dire que le normal est redevenu la norme ? Pas vraiment. Il y a des éléments qui progressent, des aspects qui avancent et reviennent. D’autres qui tâtonnent et reculent. Mais peut-on à nouveau vivre des scènes “de l’ancien monde” ?
Absolument. Et ça, c’est le début d’un bonheur.
Comme quand mon gars sûr me dit qu’il a pas trop kiffé le dernier James Bond, mais qu’il a quand même passé une bête de soirée… parce qu’il est tout simplement retourné au cinéma pour la première fois depuis deux ans. Comme quand ma daronne me dit qu’elle va chanter avec son groupe de jazz et qu’elle va faire un “concert”, un terme dont j’ai totalement oublié la définition et la représentation imagée dans ma tête. Des centaines de personnes dans la même salle, et puis quoi encore. Comme ces potes de longue-date qui ont enfin pu se marier, parce que tout avait dû être décalé à cause de la situation sanitaire mondiale. C’est ce petit goût de normalité qui redonne le sourire, cette dégustation de l’ordinaire, entre deux coups de stress parce qu’on a oublié son pass sanitaire. Oui tiens, allons prendre un verre pour débriefer de Squid Games. Rien que pour prendre un verre dehors, déjà.
Vous allez me dire, Bastien tu vas trop loin, va te coucher gros il est 3h49 du matin et tu nous bassines avec tes pensées.
Sauf que le point d’exclamation tombe là, maintenant.
Dans cette tentative de retour à la vie normale, cette quête un peu étrange qui consiste à recoller de morceaux de sentiments et de moments vécus par le passé, le retour de la NBA ce mardi a quelque chose d’incroyablement puissant et anecdotique à la fois. Pourquoi ?
Parce que cette saison NBA sera normale.
Une saison NBA qui démarrera en octobre et finira en juin. Avec du public, et des matchs de 1h à 7h du matin. Trente previews en trente jours, pas en vingt-deux jours. Une pause à Noël, le break de février, les Playoffs mi-avril et la Draft fin-juin. Pas de bulle à Orlando, pas de match annulé, pas de calendrier resserré ou d’effets sonores testés pour nous faire croire que ça chauffe à l’American Airlines Arena. Pas de Tampa Bay, de gradins vides à la mort, d’échauffements cringe ou de All-Star Game improvisé sur un coup de tête.
Cette année, la NBA est de retour, mais elle est surtout de retour comme on l’a connue auparavant. Avec des masques, certes, mais beaucoup d’ordinaire à nouveau présent.
Et vous pensez vraiment qu’il ne s’agit pas là d’un immense pilier du monde de la normalité qui fait son grand retour ?
Vous croyez sincèrement qu’on ne va pas célébrer cela en grandes pompes, en rappelant haut et fort qu’il ne faut pas prendre les choses pour acquis ?
Peut-être pas vous, mais moi si.
Et si je suis le seul à m’extasier devant ce retour à la normale, qu’il en soit ainsi.
Après deux ans passés à nous ajuster en permanence, et à nous demander quand reviendra le monde que l’on connaissait avant, retrouver sa compétition préférée dans son cadre préféré avec son café préféré autour de sa communauté préférée est le plus beau des cadeaux que l’on puisse demander.
Parfois, il suffit d’écrire ce genre de phrase pour réaliser qu’on se sent à nouveau… chez soi, et heureux de l’être.
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Bonne saison NBA 2021-22, à toutes et à tous.