C’est la fête des branlées : cette saison, les défaites de 40 points sont à la mode, pas la meilleure nouvelle pour la NBA
Le 08 déc. 2019 à 14:24 par Bastien Fontanieu
Comme certains l’ont vu ce weekend, il y avait de la fessée en distribution gratuite, du côté de Dallas et de Philadelphie. Deux mixtapes, deux matchs remportés avec 40 points d’écart, deux défaites pour des armées désintéressées. Qu’en pense la NBA ? Pas sûr que ce soit positif…
New Orleans en déplacement chez les Mavs, une mi-temps à tenir face à Luka Doncic et Boban Marjanovic, épicétou. La deuxième période sera celle de l’humiliation pour Jahlil Okafor et ses potes, les Pelicans repartant de Dallas avec 46 points dans la tronche (130-84). Dans la même nuit ? Ce sont les Cavs qui allaient à Philadelphie et ont confondu le basket avec le porno. Pour le coup, il n’y aura même pas eu de mi-temps équitable puisque Ben Simmons et sa bande vont en coller 41 (!) à la pause, pour une victoire finale de 47 pions (141-94). Deux défaites de près de 50 points le même soir, on ne voit pas ça tous les jours en NBA. Et pourtant, cette saison, ce n’est pas la première fois qu’on voit un écart aussi large sur une rencontre. Si le score final ne donne que trente points de différence, les Warriors s’étaient déplacés chez le Thunder fin-octobre et l’équipe de Steph Curry avait la quarantaine de retard en seconde mi-temps. Atlanta, qui possède une défense affreuse et des joueurs entre 13 et 17 ans, a pris cher en se rendant chez les Clippers (-49) et chez les Rockets (-47). On parlait de Dallas tout à l’heure, les hommes de Rick Carlisle ont été généreux dans le domaine de la gifle puisque les Pels (-46), les Cavs (-42) et les Warriors (-48) ont pris tarif. Enfin, Milwaukee a continué sur son système infernal 100% Giannis et 100% rythme rapide, en filant un +41 aux Hornets et un +44 face aux Knicks.
Alors, vous allez nous dire, des blowouts il y en a, il y en a eu et il y en aura. Oui, certes, merci Jean-Michel Pragmatique, il peut y avoir des matchs vraiment déséquilibrés en NBA. Sauf que la question ici n’est pas de savoir s’il y en aura d’autres, elle est de savoir pourquoi il y en a avec de tels écarts et comment cela impacte directement l’image de la Ligue. En ce qui concerne le premier point, on en a discuté récemment à l’écrit comme à l’oral, la NBA est dans une ère all-offense où défendre est devenu une sorte d’anecdote pour beaucoup de monde. Non, ce n’est pas pour manquer de respect à ceux qui se donnent dans leur propre moitié de terrain, simplement de plus en plus de franchises optent pour des stratégies globales portées sur l’attaque de prime abord, avec un produit plus excitant et marketing à vendre, et des garçons qui possèdent une totale carte-blanche balle en main. Giannis Antetokounmpo, Luka Doncic, James Harden, Trae Young, Bradley Beal, ce qu’on attend c’est de la bonne grosse performance individuelle, technique et offensive, on va t’entourer de bons soldats pour que tu t’éclates, et zou. Défendre ? Cela amuse certains, mais ce n’est pas très grave si on oublie de le faire. D’où l’explosion globale offensive, avec des équipes atteignant la barre des 150 points… et donc forcément un potentiel écart énorme au score final. Atlanta a décidé de foncer et de s’occuper de la défense d’ici quelques mois, même affaire pour Charlotte, les Rockets sont capables de s’en battre totalement, Dallas efface son niveau défensif moyen avec une attaque du feu de Dieu, Washington suit Scott Brooks dans sa tentative d’en planter 130 tous les soirs, Cleveland n’en a rien à secouer de protéger son arceau, etc etc. Du coup, on augmente le risque de voir des branlées, et on peut se retrouver rapidement devant des matchs sans grand intérêt.
Ce qui nous mène à notre deuxième point, l’impact sur l’image de la NBA. Cela a été mis sur la table dernièrement, et cela continuera quand on voit ce qui se passe en ce moment, le niveau d’intérêt pour le marathon de la saison régulière est tellement faible pour certains qu’abandonner purement et simplement une rencontre n’est pas blasphématoire. Beh oui, pas de soucis, demain on y retourne, donc demain sera l’occasion d’effacer ce qui s’est passé ce soir. Avec plus d’opportunités de se rattraper, des matchs à rallonge et des joueurs qui susurrent un mécontentement réel envers ces 82 matchs de régulière, il n’est plus étonnant de voir cet ensemble d’attitudes prendre l’avantage sur le pur aspect de compétitivité : se reposer, load manager, faire tourner l’équipe, fumer une clope pendant que t’en prends 30 dans la gueule, tout cela prend plus d’importance que de tenter de gagner chaque match, offrir un produit intense et engagé tous les soirs. Attention, on ne fait pas ici une généralité concernant toutes les équipes, il s’agit d’un phénomène qui touche beaucoup de franchises, à des rythmes différents. Et forcément, quand on assemble toutes les pièces du puzzle, on se retrouve dans la situation actuelle. Ratings télévisés en baisse, matchs sans enjeu, donc possibilité de décrocher sans que cela produise un vrai impact, un mauvais cycle dont la NBA va devoir s’occuper. Car même si on pourra revenir à l’avenir sur la genèse de ce problème, il faut d’abord se pencher sur des solutions. Calendrier modifié, nouveau format en Playoffs, peut-être d’autres carottes qui tomberont dans le futur, qui sait. Une chose est sûre, avec la mode actuelle tournée vers l’attaque, des défenses globalement mises entre parenthèses et des matchs parfois mis entre parenthèses, ce n’est pas demain qu’on verra disparaître les défaites de 40 à 50 points.
Qu’on aime ou qu’on aime pas, qu’on soit dans le bon ou le mauvais siège à chaque fois, les branlées historiques représentent un symbole de ce que la NBA doit affronter concernant son modèle de saison régulière. Pas pour une question de business, mais pour une question de compétitivité avant tout. Si on pouvait éviter des écarts de 60 points dans les mois à venir, ce serait pas mal. Pour les fans en deuxième, pour le sport en premier.