Tony Parker va faire son grand retour à San Antonio : ce sont 17 années de nos vies qui vont défiler cette nuit
Le 14 janv. 2019 à 15:49 par Alexandre Taupin
C’est le grand jour pour Tony Parker, qui va faire son retour du côté de San Antonio le temps d’un match. Gros accueil garanti pour une légende des Spurs et l’un des meilleurs joueurs de l’histoire de la franchise. On risque de voir passer toute notre jeunesse le temps d’un hommage.
Il y a des matchs qui vous font vous sentir un peu plus vieux que vous ne l’êtes et celui de ce soir en fera partie. Dix-sept ans après avoir posé ses valises à San Antonio, Tony Parker va revenir affronter les Spurs avec le jersey des Charlotte Hornets sur le dos. Un blasphème pour tout fan des éperons, qui n’aurait jamais imaginé TP rejoindre une autre franchise, surtout au vu de l’héritage qu’il a laissé du côté de Fort Alamo.
Juin 2001 : un jeune français débarque au Texas. Son nom ? Tony Parker. Formé à l’INSEP, le jeune meneur est alors déjà connu en France où on lui annonce un bel avenir mais il a encore tout à prouver de l’autre côté de l’atlantique. A cette époque, les franchises ne raffolent pas des européens, souvent considérés comme trop soft, pas assez athlétique. Parker a pourtant déjà montré qu’il pouvait carburer face aux meilleurs jeunes américains puisqu’il a brillé au Nike Hoop Summit 2000 en compagnie, notamment, de Yao Ming et d’Andrei Kirilenko. Désormais, il va devoir convaincre la personne la plus importante : son coach Gregg Popovich. Pas convaincu par un premier workout, le coach des Spurs avait finalement revu sa copie à la suite d’un deuxième test mais il comptait bien mettre son jeune joueur à l’épreuve.
“J’étais vraiment dur avec lui parce que je voulais savoir à quelle vitesse il aurait la dureté mentale nécessaire pour aller jouer dans cette ligue. Du coup, je l’envoyais au feu et j’étais sur son dos à chaque instant pour voir comment il gérerait cela.”
Mission réussie pour Parker, qui ne mettra que quatre matchs pour entrer dans le cinq à la place d’Antonio Daniels, l’histoire peut commencer à s’écrire du côté de San Antonio. Grandissant à l’ombre des Twin Towers (David Robinson et Tim Duncan), Tony gagne en responsabilités et les matchs qui comptent arrivent rapidement. En 2003, les Spurs sont enfin de retour en finale après 3 années de domination Lakers et en face il y Jason Kidd et les Nets. Si Duncan domine les finales, le meneur finit meilleur scoreur de son équipe lors des matchs 2 et 3, preuve qu’il est déjà prêt pour le futur rôle qui l’attend. Le français, qui rêvait de la grande ligue durant toute son enfance réalise son but ultime : il est champion NBA. Une première bague appelée à en croiser d’autres puisque les Spurs sont toujours aussi forts. David Robinson à la retraite, l’avenir est confié à Tim Duncan, Tony Parker et Manu Ginobili, débarqué d’Europe l’année du titre. C’est le début de la période dorée pour les Spurs qui remportent trois titres en cinq ans. Et puis, comme chaque dynastie à une fin, San Antonio a un coup de moins bien à la fin des années 2000. Trop vieux, plus assez dominants, un style qui ne convainc plus, les médias se font plaisir pour annoncer la fin du Big Three année après année et pourtant, on n’est encore qu’au début du Show Spurs. De retour sur le devant de la scène avec deux finales consécutives, San Antonio fait rêver à nouveau : un jeu fait de décalage, de spacing, avec le culte de l’extra-passe, donne des séquences absolument dingues à voir pour tout fan de basket qui se respecte. Une finale 2013 perdue qui laissera de lourdes traces et puis la victoire en 2014 malgré un Big Three âgé de 38, 37 et 32 ans, bien aidé par un jeune phénomène aux dents longues (hello Kawhi).
Une dernière danse pour les trois comparses avant le retrait du “Big Fundamental” deux ans plus tard et le recul dans la hiérarchie des deux vieux briscards. Si Ginobili a toujours ses coups de génie à la passe et ses 3-points clutchs, Parker semble accuser un peu le coup avec quelques blessures qui traînent et un rythme qui est plus dur à suivre que dans le passé. Devenu simple remplaçant aux Spurs la saison passée, TP sait que la fin approche mais il souhaite décider lui-même de son destin. Il refuse l’offre de Pop’ qui diminuait fortement son rôle sur le terrain et choisit d’opter pour un dernier tour de piste ailleurs en NBA. Où finit-il ? A Charlotte, un choix qui s’avère logique sur plusieurs points : la franchise de son idole Michael Jordan, la franchise où joue son pote Nicolas Batum et enfin l’équipe qui va être coachée par James Borrego, tout juste nommé en provenance de … San Antonio. Le joueur voulait prouver qu’il avait encore ce qu’il fallait pour contribuer sur le terrain et il y arrive : 9 points, 4 passes en 18 minutes et plusieurs pointes à plus de 20 points. Surtout, notre TP national joue les grands frères, le leader de vestiaire, dans un groupe des Hornets qui manque d’expérience et de leadership. Il pourrait d’ailleurs s’avérer précieux ce soir face à une équipe qui manque de meneur de métier, un profil comme le sien quoi.
Au-delà des stats, des titres remportés, ce retour a un côté vintage que personne ne pourra manquer. Tony Parker a incarné les Spurs pendant 17 ans et a su transmettre aux fans français un amour inconditionnel pour cette franchise. Une équipe qui n’est pourtant pas un gros marché et qui n’avait gagné aucun titre avant 1999. Si vous demandiez à quelqu’un en France, inculte du basket ou non, de nommer un joueur NBA dans les années 2000, la réponse était toute trouvée : il y a Tony Parker et il joue aux Spurs !
4 bagues de champion, 1 titre de MVP des Finales, 1424 matchs (saison régulière et Playoffs confondus), 18 943 points inscrits et une place de meilleur meneur de l’histoire de la franchise qui sonne comme une évidence. Pop’ le considère comme un fils et c’est bien une ville entière qui va recevoir l’un de ses héros cette nuit. Sortez les kleenex et les maillots collectors, ce soir c’est un accueil All-Time qui sera réservé à Tony Parker.