Blake Griffin taille les Clippers : “venir à Detroit m’a fait réaliser ce à quoi ressemble une franchise”

Le 21 mars 2018 à 15:17 par Aymeric Saint-Leger

Blake Griffin 16 mars 2020
Source image : NBA league pass

Bienvenue dans ce nouvel épisode de Yo Momma. Aujourd’hui, Blake Griffin de Detroit va balancer une grosse punchline et se lâcher sur son ex, les Clippers. C’est à ne pas manquer.” BG n’a pas raté son ancienne franchise, en déclarant lors d’une interview qu’il se sentait déjà comme à la maison à Detroit, moins de deux mois après le trade qui l’a envoyé des Voiliers aux Pistons. Il en a profité pour exprimer un “léger” ressentiment auprès de l’organisation Californienne.

Blake Griffin a été drafté en 2009, en première position du premier tour par les Clippers. Si sa première saison a été blanche, il est rapidement devenu, à partir de 2010, le visage de la franchise, qui a une histoire, admettons-le, pas très reluisante. Dès sa première année, celui qu’on surnomme Poster Man a martyrisé les cercles et les intérieurs adverses. Une bête physique, athlétique, avec une tête funky (daron afro-américain et mère rousse), Griffin impressionne et fait peur, nombreux sont ceux qui s’écartent quand il monte au dunk pour ne pas être sur la photo. Chris Paul le rejoint en 2011, et ils vont faire un bout de chemin ensemble. Ils n’iront malheureusement pas plus loin qu’une demi-finale de Conférence, à trois reprises. Ça stagne du côté du Staples Center, il était donc temps de bouger cet été. Les trois joueurs majeurs de l’équipe de Doc Rivers, soit CP3, BG et DJ, étaient annoncés sur le départ. Le meneur est vite parti à Houston, dans le cadre d’un trade dans lequel les Rockets ont filé la moitié de leur effectif. La paire intérieure n’a pas bougé à l’époque où la saison reprend. Blake Griffin assume donc seul le rôle de franchise player, et de visage de l’organisation. Mieux, preuve de la (pseudo) confiance qui est accordée à The Quake, un événement lui est dédié à l’été 2017.

Il s’agit d’une réunion avec Steve Ballmer (le proprio), Doc, Lawrence Frank (le General Manager) et certains coéquipiers, à l’intérieur d’un Staples Center vide. Une opération dans laquelle le management des Clippers a montré une célébration virtuelle du numéro 32 retiré au plafond de la salle de Los Angeles. Le message était clair : “Blake, Clipper à vie”. De quoi convaincre le joueur de resigner avec les Angelinos sur 5 ans, pour la coquette somme de 171 millions de dollars. L’avenir est assuré, on va construire autour de Griffin et de son prime chez les Voiliers. Et bien… non. Seulement quelques mois après cette prolongation de contrat, le 29 janvier exactement, le rouquin est transféré à Detroit avec Willie Reed et Brice Johnson, contre Tobias Harris, Avery Bradley, Boban Marjanovic, un choix de draft du premier tour, et un petit sourire en coin des Pistons. Consternation, la surprise est totale. Blake l’a d’ailleurs vraisemblablement appris sur Twitter, la classe. Il l’a malgré tout accepté, en grand professionnel qu’il est et conscient qu’une nouvelle mission l’attendait. Sauf que lorsqu’on a été la face d’une franchise pendant sept ans et demi, on pourrait avoir le droit d’être alerté, ou considéré, avant d’être transféré. Cela n’a pas été le cas, et cela reste en travers de la gorge de BG, ce qui est aisément compréhensible. Il s’est confié auprès de Marc J. Spears de The Undefeated quant à sa situation actuelle dans le Michigan. Et on ressent toujours l’aigreur, le ressentiment que Griffin peut avoir contre son ancienne franchise :

“Si je n’étais pas heureux avec ce que j’ai, ou pas excité d’être ici, cela prendrait un peu plus de temps [l’adaptation, ndlr]. Mais dès que je suis arrivé ici à Detroit, la franchise, la manière de prendre soin des joueurs, tout ce qu’ils font, c’est de première classe, donc ça permet de faciliter la transition. Stan [Van Gundy, ndlr] et tout le staff ont été incroyables. Je ne regarde pas en arrière. Je n’ai même pas vraiment réfléchi à ça, pour être honnête. J’ai été si concentré sur le fait d’effectuer cette transition et de m’ajuster en fonction de ce changement que je n’ai pas eu de nombreuses pensées sur ce sujet. Je ne veux jamais me trouver quelque part où je ne suis pas désiré. Venir ici m’a fait réaliser ce à quoi une franchise ressemble.”

Si la pique adressée aux Clippers est légèrement masquée ici, l’attaque est plus frontale dans la suite de l’interview :

“Vous entendez toujours les gars dire que le basketball est un business, et ce genre de choses. C’est tellement différent lorsque vous avez une relation avec un certain nombre de personnes depuis si longtemps, et que vous êtes à un endroit depuis si longtemps. Quelqu’un vous promet toujours que c’est ce que nous faisons, que ça va durer, et six mois plus tard… […] Cela montre la vraie nature des gens. Autrement dit, en fin de compte, vous devez réaliser que c’est un business.”

On sent clairement que The Beast est blessé par l’attitude que les Clippers ont eu avec lui. Dédain, manque d’humanité, méprise, on se rapproche du non-respect de la personne qui a fait manger de nombreux gens de l’organisation pendant de nombreuses années. La rancœur de Blake Griffin semble tenace, et il l’exprime pour l’instant au travers de la presse. C’est bien dommage que les Pistons ne se rendent pas au Staples Center pour affronter les Clips d’ici la fin de saison. Il faudra attendre l’année prochaine pour voir BG exprimer toute sa rage sur le parquet de L.A face à son ancienne franchise. Malgré tout, lorsqu’on lui fait remarquer qu’il faudra attendre 2018-19, le rouquin répond simplement : “J’aurai ma chance. J’aurai de multiples occasions.” Ça sent les fracassages d’arceaux, les tomars ravageurs, suivis de petites Blake faces bien sympathiques. À bon entendeur, The Quake n’est pas homme à chercher des noises par voie médiatique. Pour qu’il commence à s’exprimer de manière aussi virulente, c’est qu’il doit en avoir un peu gros sur la patate. Et contre le management, pas les fans.

Ceci dit, heureusement pour lui, il est à Detroit. Il s’est retrouvé aux côtés d’un autre Big Man bien marrant, après Dédé Jordan, voici Dédé Drummond. On ne peut pas encore déterminer s’il a gagné au change entre les deux pivots, mais ce qu’il y a de certain, c’est que Blake se sent plus considéré et désiré ici. Malgré le chamboulement du transfert, ses stats ont très peu baissé (moins 2,1 points, moins 1,2 rebond) entre L.A. et Motor City. Ses assists ont même augmenté, de 5,4 à 6 par rencontre. Griffin semble s’épanouir dans le Michigan, aux côtés de Stan Van Gundy et de ses coéquipiers. Il paraît plutôt heureux sur le terrain, malgré le fait qu’il risque sans doute de rater les Playoffs pour la première fois depuis 2011. Drummond et ses potes sont neuvièmes à 5 matchs et demi de la huitième place des Bucks, avec onze rencontres restantes à disputer. Ça risque d’être short, mais l’essentiel est ailleurs. Il manque Reggie Jackson aux Pistons, qui est de retour. De quoi former un Big Three sympa avec les deux colosses à l’intérieur. Blake se sent bien à Motor City, puisque sa personnalité et celle de la ville se correspondent : des cols-bleus, des brutes, intransigeants, des travailleurs assidus et acharnés. En termes identitaires, Griffin est fait pour Detroit. De son propre aveu, en 2004, lors du dernier titre de la franchise du Michigan, BG était, à 15 ans, un fervent admirateur de la machine Billups, Rip, Tayshaun et de la paire Wallace :

“Je suis né en 1989, je n’étais pas vraiment là pour regarder l’ère des Bad Boys. Mais les Pistons des années 2000 jouaient en même temps que la période où je suis tombé amoureux du basketball, je regardais tous les matchs. Je me souviens complètement de toutes ces équipes.”

Blake Griffin semble avoir trouvé chaussure à son pied. Detroit, en dehors du grand froid, va comme un gant à l’originaire de l’Oklahoma. Son adaptation semble se passer pour le mieux, et c’est tout ce qu’on pouvait souhaiter à The Quake. Au vu des petites piques envoyées à son ancienne franchise, on peut s’attendre à de belles secousses sismiques lorsque Poster Man reviendra défier les Clippers dans son ancienne maison.

Source texte : The Undefeated