Tel un pokémon, Kyrie Irving est en train d’évoluer à Boston : focus sur la nouvelle version d’Uncle Drew

Le 01 nov. 2017 à 18:24 par Nicolas Meichel

Kyrie Irving
Source image : @Celtics

Attendu au tournant après son transfert de Cleveland à Boston, Kyrie Irving réalise un début de saison solide avec les Celtics, qui restent sur cinq victoires consécutives. Si ses statistiques sont moins impressionnantes que chez les Cavaliers, Uncle Drew donne l’impression d’avoir franchi un premier cap du côté de Beantown. Dans un nouveau rôle, Irving prouve actuellement qu’il est bien plus qu’un scoreur exceptionnel.

Kyrie Irving est en train de fermer des bouches en ce début de saison. Ils étaient nombreux, l’été dernier, à critiquer les envies de départ d’Uncle Drew. Pourquoi veut-il quitter LeBron James et Cleveland alors qu’une place en Finales NBA est quasiment assurée chaque année ? Pourquoi veut-il absolument devenir le leader d’une équipe, si c’est pour faire de la figuration ? Pourquoi veut-il enfiler le costume d’alpha étant donné qu’il n’a jamais réussi à porter une franchise sur ses épaules durant sa carrière ? Voici le genre de questions et de doutes qui ont été envoyés dans la gueule à Kyrie, désireux d’écrire sa propre histoire en dehors de l’ombre imposante du King. Aujourd’hui, tout cela semble déjà loin. Après deux semaines de compétition, la nouvelle équipe d’Irving possède le meilleur bilan de la Conférence Est, avec cinq victoires en sept matchs, tandis que Cleveland est complètement à la ramasse. Alors oui, on va éviter de tirer des conclusions hâtives, mais difficile de ne pas souligner l’évolution d’Uncle Drew chez les Celtics.

D’un point de vue statistique, le dribbleur fou n’affole pourtant pas les compteurs, au contraire. La saison dernière, sous le maillot des Cavs, il tournait à 25,2 points et 5,8 passes décisives en moyenne, le tout à 47,3 % au tir, dont 40,1 % du parking. Cette année ? Ses statistiques ont chuté en attaque, avec 21,7 points et 5,7 assists par match, à 44,7 % au shoot et seulement 34,1 % à trois points. Cette baisse peut paraître un peu surprenante au premier abord, dans le sens où Kyrie possède désormais plus de responsabilités et un nouveau statut. On pourrait même être déçu par sa production offensive, lui qui avait l’habitude d’enchaîner les cartons offensifs à Cleveland. Mais le basket, c’est bien plus que des chiffres. Au sein du système Celtics, basé sur le mouvement du ballon et guidé d’une main de maître par le coach Brad Stevens, Irving est devenu un nouveau joueur, plus complet, plus intégré dans le collectif. Réputé pour ses immenses talents de scoreur et sa capacité à faire danser n’importe quel adversaire en isolation (coucou Stephen Curry), Uncle Drew joue aujourd’hui comme un meneur de jeu un peu plus traditionnel. Attention, on ne dit pas qu’il s’est réincarné en Chris Paul en l’espace de quelques semaines, mais il faut être bourré comme Gérard un samedi soir pour ne pas voir le changement avec Cleveland. Autrement dit, Kyrie a réussi à modifier son style de jeu afin de s’adapter assez rapidement à sa nouvelle équipe.

“J’avais l’impression que je devais m’ajuster, c’était probablement la chose la plus importante en venant à Boston. […] Ils sont très axés sur le collectif et il y a une vraie culture, donc je devais m’ajuster afin que mon talent individuel profite au groupe.” – Kyrie Irving, après la victoire face aux Spurs lundi.

Le Kyrie Irving 2.0, c’est un mec qui est toujours aussi redoutable en un-contre-un, mais qui fait beaucoup plus jouer les autres. C’est un gars qui crée des opportunités pour ses coéquipiers grâce à ses qualités individuelles, sans oublier de faire ce qu’il fait de mieux. C’est également un joueur qui existe sans le ballon et qui représente une vraie menace pour l’adversaire. Dans le jargon, on appelle cela un facilitateur, un playmaker. Lors du dernier match contre San Antonio, il a notamment offert plusieurs caviars à ses potes, tout en étant agressif offensivement. Bref, Uncle Drew a trouvé un bon équilibre et c’est toute l’équipe qui en profite, en particulier l’intérieur Al Horford ainsi que les jeunes pousses Jaylen Brown et Jayson Tatum. Et puis évidemment, quand il s’agit de poser ses couilles sur la table en fin de match, Kyrie reste l’assassin ultime. Le Miami Heat en a fait les frais il y a quelques jours.

Mais outre l’attaque, Irving montre aussi une belle intensité défensive depuis son arrivée à Boston. Et ça, c’est un peu la cerise sur le gâteau étant donné que Kyrie n’a jamais été une référence dans sa propre moitié de terrain. Aujourd’hui, Uncle Drew est tout simplement troisième de la NBA au nombre d’interceptions par match, avec 2,4. Si cette statistique n’est pas toujours révélatrice du niveau réel d’un joueur en défense (n’est-ce pas Allen Iverson ?), elle a le mérite d’illustrer le bon début de saison d’Uncle Drew de l’autre côté du parquet. Et puis il ne faut pas oublier que les Celtics possèdent actuellement le meilleur ratio défensif de toute la ligue, avec 95,6 points encaissés pour 100 possessions.

“Il joue très bien des deux côtés du terrain. Face à tous ces high screens en NBA, ce n’est pas facile. Il fait du bon boulot quand il s’agit de switcher. Il fait du bon boulot quand il faut poursuivre l’adversaire. Il reste dans les actions, il arrive à mettre ses mains sur le ballon.” – Brad Stevens, à propos de Kyrie Irving.

Moins scoreur, plus meneur et meilleur défenseur, Kyrie Irving est en train d’envoyer un gros bisou à tous ceux qui disaient qu’il était incapable de porter une équipe. Forcément, tout n’est pas parfait en ce début de saison, mais les premières sorties d’Uncle Drew avec les Celtics sont plutôt convaincantes, surtout au vu du contexte. Avec de nouveaux coéquipiers, un nouveau système et la perte de Gordon Hayward, la situation n’était pas évidente pour Irving et Boston. Reste à voir à présent si Kyrie peut confirmer son évolution durant toute la saison.