Playoffs Revival : Jerry West, unique MVP des Finales NBA du côté des losers

Le 15 avr. 2017 à 17:23 par David Carroz

Playoffs revival Jerry West
Source image : Youtube, montage @TheBigD05

La saison régulière, c’est sympa, les matchs se multiplient, mais on ne regarde parfois certaines rencontres que d’un œil discret. Pour vous chauffer encore plus alors que la post-saison débute, voici un de nos petits retours sur les grands moments de l’histoire des Playoffs. Parce que c’est à cette période de la saison que les légendes naissent et que les fauves sortent les crocs.

Premier MVP des Finales NBA en 1969 – le trophée n’était pas décerné avant – Jerry West a réalisé l’exploit de recevoir cette distinction alors que ses Lakers se sont inclinés. Une performance jamais égalée depuis qui prouve à quel point le Logo a pu briller.

Le contexte – Lakers vs Celtics, comme toujours

Au moment d’entamer la saison 1968-69, les Celtics règnent sur la Ligue. Ils viennent de remporter le titre au printemps précédent. Mais également 10 des 12 derniers trophées. Tranquille le chat qui dort. Mais cet exercice ne sera pas de tout repos. Autour d’un Bill Russell vieillissant qui cumule le poste de pivot titulaire et coach de l’équipe, ils terminent quatrièmes à l’Est avec un bilan de 48-34. Pas de quoi exciter la première pucelle venue. Mais il ne faut pas sous-estimer le cœur d’un champion nous a appris de nombreuses années plus tard Rudy Tomjanovich. La preuve, c’est que Beantown se fraie tout de même un chemin jusqu’aux Finales NBA pour valider leur abonnement à cet événement. En face d’eux se dressent leurs victimes favorites déjà mises en pièce dernièrement, les Lakers. 1959, 1962, 1963, 1965, 1966 et 1968, soit six années qui ont filé des allergies au vert du côté de la Cité des Anges (et Minneapolis pour la première date). Alors pour tenter de mettre fin à leurs débâcles face aux C’s, les hommes de Los Angeles ont mis les moyens en allant chercher Wilt Chamberlain aux Sixers. The Big Dipper doit donner du fil à retordre à Bill Russell dans la raquette pour permettre à Jerry West et Elgin Baylor de s’exprimer pleinement. Ainsi, si le Logo a jusqu’à présent justifié les défaites du passé par le fait que Boston possédait une meilleure équipe, il ne pourra plus se cacher derrière cet argument. Pourtant tout n’est pas rose à L.A. puisque l’addition d’un mec du calibre et du melon de Chamberlain ne se fait pas sans douleur ni éclat de voix. Un soap opera constant à Hollywood. Et si les Celtics semblent enfin bons à prendre au crépuscule de la carrière de Russell, rien n’est joué d’avance.

La performance – Jerry West sacré, pas les Lakers 

La série est donc lancée entre les deux franchises rivales. Mais pour une fois, ce sont les Lakers qui semblent favoris et qui bénéficient de l’avantage du terrain. Assez pour faire pencher la balance en leur faveur ? C’est ce que les deux premiers matchs semblent indiquer puisque les Angelinos emmenés par un Jerry West en feu remportent la mise à chaque fois dans la Cité des Anges. Alors qu’on attendait le Logo diminué car fatigué, il score 53 pions lors du Game 1, freinant un poil l’allure au cours de la rencontre suivante en se contentant de 41 unités. Devant cette orgie offensive, Bill Russell décide d’adapter son plan de bataille lors de l’arrivée de la confrontation dans le Massachussetts en proposant dorénavant des prises à deux sur le Logo. Du coup, l’adresse du meneur des Lakers s’en ressent et sa production baisse. Et c’est toute l’attaque de Los Angeles qui patine, de quoi refroidir les pensées de sweep qui avaient pu naitre dans l’esprit de certains Angelinos. Les C’s s’imposent lors de la troisième confrontation pour relancer la série et Jerry West doit se contenter de 24 pions. Le Game 4 est une purge où les deux équipes rivalisent d’ingéniosité pour perdre la balle (50 turnovers en cumulé) et envoyer des saucisses. Si les yeux des fans du Garden saignent devant un tel spectacle, leur foi n’a pas baissé et ils poussent pour permettre aux leurs de s’imposer malgré les 40 unités de West. Il faut dire que les dieux du basket ont choisi leur camp pour cette rencontre. “The Lord will” commentera-t-il le panier de la gagne de Sam Jones, une chandelle pour éviter le contre de Wilt Chamberlain qui va bénéficier de rebonds plus que favorables sur l’arceau.

Retour à Los Angeles, tout est à refaire pour Jerry West et les siens et le momentum semble s’être coloré de vert maintenant. Que nenni, les Lakers reprennent la main avec un large succès face à des Celtics empruntés, à l’image d’un Bill Russell qui se contente de 2 points et 13 rebonds, regardant impuissant West (39 points) et Egan (23 unités) jouer les artilleurs de loin. Sauf que le meilleur scoreur de la série est touché à la cuisse et termine en boitillant. Ce qui ne l’empêche pas de tenir sa place pour le retour à Boston et envoyer 26 points. Soit toujours 24 de plus qu’un Wilt Chamberlain bien loin d’être au niveau espéré. Une fois de plus donc, le sort des Finales NBA entre Celtics et Lakers se jouera lors d’un Game 7. Mais à Los Angeles, ce qui donne donc un avantage aux Purple and Gold. Cependant, la blessure de Mr Clutch inquiète puisqu’elle ne s’est pas arrangée avec sa participation à la sixième rencontre. Jerry West se veut rassurant, il jouera strappé et il répondra présent. Le boss des Lakers d’ailleurs ne tremble pas pour sa part, préparant en amont la fête pour célébrer le titre des siens, prévoyant des centaines de ballons dans le ciel du Forum d’Inglewood, prêts à être lâchés dès le buzzer final. En découvrant cela, West est furieux. Et les Celtics surmotivés, comme si cela était nécessaire pour un Game 7. Et ce qui devait arriver arriva. Malgré un Jerry West encore impérial avec 42 points, 13 rebonds et 12 passes, Los Angeles s’incline en laissant au passage quasiment 20 pions sur la ligne des lancers (28/47) pour une défaite de deux unités. Les ballons resteront au plafond, les Lakers au sol, à l’instar de leur leader, pourtant irréprochable pour sa part. Avec 37,9 pions à 49%, 4,7 rebonds et 7,9 passes de moyenne, il s’est montré le meilleur sur le parquet. Au point qu’au moment de remettre le premier trophée de MVP des Finales de l’histoire, c’est son nom qui est appelé. La seule et unique fois qu’un perdant est couronné. Mais qui ne consolera pas Jerry West.

La suite – La fin de la dynastie Bill Russell aux Celtics

Bill Russell repart donc avec son onzième titre et prend sa retraite sur cet accomplissement majeur. De quoi ouvrir la voie au Lakers pour 1970 ? Pas vraiment puisque la franchsie de Los Angeles échouera une fois de plus lors des Finales, cette fois-ci face aux Knicks. Ils devront attendre 1972 pour ramener le titre à L.A. après s’être offerts une revanche face à l’équipe de Big Apple (New York remportera la belle la saison suivante). Jerry West ne sera pas MVP, le trophée revenant à Wilt Chamberlain. Cette bague de 72 sera la seule de la carrière du Logo, malgré neuf participations à l’ultime marche.

Plus grand des losers ? Si le titre de 72 n’était pas présent et si son coéquipier Elgyn Baylor ne surclassait pas le Logo dans cette catégorie en n’ayant pas participé à la fête lors de cette même saison 72, on pourrait le penser. Son bilan de 1/9 fait sourire quand on sait que LeBron James est critiqué pour se contenter d’un 3/7 de son côté. Sauf que Jerry West, lui, est sur le logo de la Ligue. Comment ça aucun rapport ?