Comment comprendre l’arbitrage en NBA – Chapitre 3 : les arbitres, un groupe des plus complexes
Le 04 mars 2017 à 14:05 par Bastien Fontanieu
C’est un des sujets qui agace le plus les fans au quotidien : l’arbitrage en NBA. Entre marchés non-sifflés, traitements de faveur et changement de décisions au quotidien, suivre un match peut parfois devenir exténuant dans notre Ligue. Comment comprendre les hommes au sifflet ? Voici le guide ultime, pour ne plus avoir à péter un plomb à 3h du matin.
Chapitre 1 : ici
Chapitre 2 : ici
Pas un jour ne se passe, sans qu’une vidéo ne surgisse sur les réseaux sociaux et crée une discorde dans la communauté basket. Tel un péage de la honte, la critique de l’arbitrage en NBA s’est installée dans nos petites habitudes. Non mais regarde, il marche ! Attends, genre y’a pas faute là au buzzer ? Chaque jour, c’est la même. Tout cela est bien triste, mais pour éviter de rester dans cette frustration permanente, il convient de savoir à quel jeu nous jouons. Car c’est bien là le point sur lequel nous allons nous poser et vous inviter. Avant de vous lancer dans un jeu de société, vous lisez bien les règles, non ? Il en va de même pour la NBA, qui a ses propres codes et règles, éloignées de celles enseignées dans toutes les écoles de basket. Oui, cela peut paraître idiot au premier abord, sachant qu’on devrait partager le même bouquin signé James Naismith. Mais il est important d’installer ce premier matelas pour mieux comprendre la suite. Nous allons donc faire ce voyage ensemble, celui qui nous emmènera dans les profondeurs de la Ligue et de ses arbitres.
Chapitre 3 : les arbitres, un groupe des plus complexes
C’est l’heure du gros steak, les arbitres. Rangez vos couteaux, tout va bien, on va aussi expliquer comment fonctionne la NBA à leur niveau. Cependant, avant cela, on vous invite bien évidemment à consulter le Chapitre 1 et le Chapitre 2 pour obtenir une lecture complète. Il faut savoir, pour commencer, que si les joueurs de la Ligue sont les premiers à devoir participer aux 82 rencontres de la régulière ainsi qu’une grosse vingtaine pour certains en Playoffs… les hommes au sifflet doivent eux aussi vivre à ce rythme. Un véritable parcours du combattant, qui peut avoir une image tranquille en apparence mais représente bien un challenge quotidien, tant humainement que professionnellement. Déplacements, fatigue, scouting entre deux avions, certains déplacements en bus, le tout avec des modifications et notifications permanentes des directives, bonjour le bordel. Ils sont environ 70 cette saison, avec un programme des plus chargés, à devoir bosser dans différents trios et à s’adapter aux habitudes de chacun, du soir au matin. Une réalité qu’on tient à mettre en avant, pour permettre à chacun de mieux comprendre ce qu’un tel puzzle peut signifier au quotidien. Petit exemple pour souligner celui-ci ?
Imaginez devoir bosser sur un projet pendant 2h avec une trentenaire (Lauren Holtkamp, arbitre de 36 ans), avant de lui dire soudainement au revoir afin de bosser sur ce même projet pendant 2h avec un sexagénaire (Ken Mauer, 62 ans). Imaginez devoir arbitrer trois à quatre rencontres dans la même semaine, avec six à huit collègues différents, aux parcours nettement différents. Rien de gravissime à cela, on peut tout à fait bosser avec des gens d’âges variés sans tomber dans le drame. Cependant, pensez-vous réellement que les méthodes, les habitudes, les relations et les résultats seront les mêmes ? Croyez-vous vraiment que les décisions, discussions et sanctions seront les mêmes ? Non. Il est impossible de pouvoir attendre un arbitrage uniforme, chaque jour, en mélangeant autant d’éléments divers et opposés. L’ancienneté de l’un bloquera face à la jeunesse de l’autre, les formations multiples créeront des réactions parfois contradictoires, mais humaines. Ces paramètres doivent être pris en compte, avant de tartiner la gueule de ceux qui, soyons clairs, gèrent un des boulots les plus exténuants de notre sport.
L’adaptation quotidienne est tellement brutale qu’on tombe forcément sur des erreurs d’arbitrage, c’est comme ça et cela restera comme ça. C’est ce qui fait aussi tout le charme de cette Ligue, capable de stimuler les fans en plongeant ces derniers dans des discussions plus envenimées les unes que les autres. La preuve étant, chaque saison, que les plus grands débats ont lieu autour de décisions litigieuses. On peut discuter de systèmes pendant des heures, mais il n’y a rien de plus testostéroné que de défendre son avis sur un call qui aurait dû ou n’aurait pas dû avoir lieu. Cependant, cette excitation mène aussi à une dépréciation du jeu et de ses arbitres, une image à laquelle la NBA doit faire attention pour ne pas tomber dans le trop scénarisé. Pour tenter d’y remédier justement, Adam Silver a informé les membres de la Ligue cette semaine que d’importantes sessions de recrutement auront bientôt lieu, afin d’accorder plus de souplesse et de flexibilité aux arbitres actuellement en place. La logique est assez simple, plus d’arbitres veut dire plus de boulot de qualité, plus de boulot de qualité veut dire moins d’erreurs, moins d’erreur veut dire plus de pureté dans le jeu. Une décision qui prendra du temps à se mettre en forme, mais pourra avoir un impact majeur sur la qualité globale de la profession.
Cependant, quand bien même on pourrait continuer à parler d’âge, de sexe, de préférences ou d’autres aspects primaires, on préférera se focaliser sur ce point qui est régulièrement mis en avant par les joueurs : les coups de sifflets ont l’air de varier de jour en jour. Un soir un joueur prend une technique et le lendemain la même action n’est pas jugée de la même manière. Oui, c’est un point qui agace et nous pousse à développer des théories pro-conspiration avec un flingue à la main, mais prenons compte des éléments mentionnés ci-dessus pour mieux comprendre le pourquoi du comment. Chaque trio arbitral est différent, chaque soir, ce qui veut donc dire que chacun doit s’adapter aux relations de chaque arbitre principal avec chaque joueur, chaque entraîneur et le tout en suivant chaque recommandation de la Ligue, comme mentionné dans les chapitres précédents. What the fuck, littéralement. Comment croire, avec un tel calendrier et un tel chambardement quotidien, que les situations contradictoires ne s’enchaînent pas ? Et il ne s’agit pas ici d’excuser les arbitres, ce sont des pourritures infâmes qui méritent d’être lapidées selon certains, nous préférons simplement toujours en revenir au contexte pour mieux comprendre notre présent. Les arbitres en chient, c’est un fait. Mais il s’agit d’un groupe complexe, hétérogène et en sous-effectif, qui doit faire avec les aléas encore trop légèrement traités par la NBA.
Et comment les arbitres agissent, tous les soirs ? Ce sera justement le coeur de notre prochain chapitre, axé sur les relations entre joueurs et hommes au sifflet. Attention, ça risque de piquer le coeur de certains.