Interview TrashTalk x Robert Horry : 5 minutes avec 7 bagues, en direct de la Hoops Factory

Le 25 sept. 2016 à 14:00 par Bastien Fontanieu

Robert Horry - Hoops Factory
Source image : TrashTalk

Un samedi du côté d’Aubervilliers, un complexe plein à craquer, du talent dans tous les sens et une atmosphère royale : le NBA Hoops Factory Tournament a eu lieu hier, et on a pu y croiser un copain aux doigts bien lourds.

Sacré Robert. Avec son sourire toujours aussi chaleureux et sa démarche imposante, l’un des hommes les plus clutch de notre génération était bien présent hier, pour assister au tournoi organisé par la NBA et la Hoops Factory. Des jeunes entre 14 et 18 ans, qui se battaient pour tenter de remporter un voyage complet à Londres en janvier prochain lors des Global Games (Pacers vs Nuggets), sous le regard d’un ancien qui s’était lui aussi donné le samedi après-midi dans l’Alabama, lorsqu’il avait le même âge. Si Horry n’avait pas les mains brillantes, sa présence l’était bien et on a justement pu discuter rapidement avec lui. De tout, de rien, et de blabla, évidemment. On range les bagues, et on ouvre les vannes.

TrashTalk : Bonjour Robert, merci de nous accorder quelques minutes, ça fait toujours plaisir de voir des champions venir en France.

  • Robert Horry : Tout le plaisir est pour moi !

TT : On rentre tout de suite dans le vif du sujet, vu qu’on aime bien le trashtalking. Tu as joué à Houston avec Sam Cassell et Vernon Maxwell, à quelques mois près tu aurais pu jouer aux Lakers avec Gary Payton, qui avait la plus grande gueule concernant tes deux coéquipiers ?

  • RH : Oh, Vernon, sans hésiter. En fait, Sam parlait beaucoup, mais il ne faisait pas vraiment du trashtalking. C’était pas son truc. Alors que Maxwell… il parlait de ta mère, de ton père, de tes enfants, de la façon dont il allait te botter le cul, il se motivait ainsi en fait. Je me souviens une fois, on jouait les Bulls et il se met à provoquer Jordan, puis Pippen… il en avait rien à foutre ! Je lui disais de se calmer pour ne pas trop chauffer Jordan, mais c’était sa façon de faire au quotidien, toujours en intensité.

TT : Mad Max… Tiens, une question qu’on voulait te poser, en rapport avec le jeu actuel. On voit beaucoup d’ailiers forts qui se mettent à écarter le jeu, les stretch-4 sont devenus la base en NBA. Draymond, Ryan Anderson, ils sont partout. Comment tu vois ça et est-ce que ça te fait sourire, quand on sait que t’étais probablement un des rares gars à jouer ainsi dans les années 90 ?

  • RH : Mais c’est moi qui ai créé le stretch-4 (rires) ! En fait, disons qu’à l’époque on devait faire avec des effectifs assez différents, du coup à Houston ils se sont dit que j’allais pouvoir jouer ailier-fort et tirer, après avoir été un peu pivot en université. C’est marrant de voir qu’on a créé ce mouvement, alors qu’aujourd’hui c’est devenu la norme. Désormais, les grands veulent tous savoir tirer de loin et dribbler de l’extérieur vers le panier. Mais ce qui faisait aussi que ça marchait et qui est important pour les stretch-4, c’est qu’on avait un point d’encrage à l’intérieur…

TT : … et paye ton point d’encrage !

  • RH :  Voilà (rires), on avait le Dream, mais j’ai aussi joué avec Shaq et Duncan. Aujourd’hui, la version est totalement différente car les équipes jouent en small-ball, avant c’était pas la même car on envoyait la balle en bas et on devait trouver son spot. Soit un gars coupait dans la raquette, soit un autre se calait dans le corner, un qui allait au rebond offensif, il fallait choisir son truc.

TT : On est passé d’un mode high-low à l’ancienne avec une balle au poste qui ressort, vers du pick and pop à outrance entre le meneur et son intérieur, en gros ?

  • RH : Exactement, la balle est désormais en permanence dans les mains du meneur. Crossover, crossover, chercher les espaces, pénétrer, provoquer une faute ou faire une passe vers l’extérieur, sinon calmer le jeu. C’est… moyen (rires).

TT : Justement, on voulait te poser cette question car on la réserve à ceux qui ne jouent plus en NBA et voient la Ligue de l’extérieur. On a observé beaucoup d’anciens critiquer le jeu actuel ces derniers temps, en disant que c’était un peu n’importe quoi, notamment pendant la dernière saison des Warriors. Quel est ton avis global dessus, et surtout y a-t-il un aspect particulier qui a changé et que tu regrettes vraiment aujourd’hui ?

  • RH : Le jeu est très bien, pour commencer. Y’a rien à dire là-dessus. Mais s’il y a une chose que je regrette, c’est l’appréhension du jeu physique aujourd’hui. Dès qu’il y a une faute, c’est limite si on s’attend à voir les arbitres regarder le ralenti, à attendre l’avis de la Ligue, savoir si c’est une flagrante 1 ou flagrante 2. Cela ralentit énormément le jeu, et c’est un aspect de la NBA actuel qui ne me plaît pas trop. On n’a jamais eu un jeu aussi rapide, et on le ralentit avec ce genre de reviews. C’est comme si chaque faute devait être examinée pour savoir quel catégorie c’est, alors que… t’es basketteur non ?

TT : Le dimanche, ouais.

  • RH : Bon donc tu sais comme moi que, quand tu vas vers le panier, tu vas probablement prendre un coup sur la tête.  C’est comme ça, c’est le basket ! Si tu joues en NBA et que tu pénètres, y’a de fortes chances pour qu’un intérieur veuille te contrer, et même si son intention ne sera pas de vouloir te toucher à la tête, ses bras ou sa main vont te heurter. C’est comme ça. Toutes ces règles sont mises en place par des gens qui n’ont pas forcément joué au plus haut niveau, et c’est le seul aspect qui me dérange un peu. Il y a certaines rencontres durant lesquelles on va s’arrêter 20 minutes pour savoir si c’était une flagrante ou pas… Hormis ça, le jeu est au top. Les joueurs sont bien meilleurs que nous à l’époque, ils progressent vite, faut juste les laisser faire faute car cela fait partie du jeu.

TT : Amen. Mais du coup, dernière question en référence à la première : Vernon, il tiendrait combien de temps dans la NBA actuelle ?! Parce qu’avec le jeu qu’il avait, il prendrait limite des suspensions de 20-30 rencontres…

  • RH : (rires) Non, justement ! Il tiendrait extrêmement longtemps, car les joueurs auraient peur de lui.

Toujours sympa, ce bon Robert…

Remerciements : Syra Sylla et l’équipe de la Hoops Factory.


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