John Wall a de l’ambition, les moyens mis en œuvre sont-ils à la hauteur ?

Le 09 nov. 2015 à 16:21 par David Carroz

87. Voici la note de John Wall dans le dernier 2K, ce qui fait de lui le 4ème meilleur meneur de la Ligue, comme nous le pensions aussi en fin de saison dernière. Pas suffisant pour celui qui aspire à être le meilleur à son poste et être dans la discussion pour le titre de MVP. Il a la dalle, est ambitieux et il l’assume. Et si cette saison était celle de l’envol définitif du numéro 2 des Wizards, à l’instar d’un Steph Curry l’an dernier ?

Mon but est d’être le numéro un. Il y a beaucoup de grands talents dans cette ligue, donc c’est énorme de progresser dans la hiérarchie. Chaque année, j’ai gravi les échelons, ce qui signifie que je me suis amélioré. Et maintenant je veux progresser encore plus. Je ne veux pas être satisfait là où j’en suis. Je veux continuer à aller plus haut et si je continue à m’améliorer, cela signifie emmener mon équipe avec moi et continuer à nous améliorer et je sais où se trouve notre but ultime. – John Wall.

Quelle place dans la hiérarchie des meneurs ?

Mais où se place-t-il vraiment dans la hiérarchie des meneurs ? Pour cela, nous avons pris le temps de décortiquer les chiffres de la saison dernière en comparant l’impact de huit point guards, ceux qui peuvent être considérés comme “le haut du panier” puisqu’ils ont soit participé au All Star Game, soit été élus dans une All NBA Team, voire les 2. Bien sûr, John Wall est dans le lot, lui qui a inauguré sa première titularisation lors d’un match des étoiles en février dernier, bouclant sa prestation avec 19 points et 7 passes.

John Wall

Statistiques des meneurs de la Ligue.
Source : TrashTalk/NBA.com

En mettant bout à bout les statistiques des meneurs (points + passes + rebonds + interceptions + contres), la quatrième place des meneurs annoncée par la fameuse simulation de basket semble cohérente. Mais cela ne prend pas en compte la capacité du joueur à faire gagner son équipe, ce qui est tout de même le but final en NBA : aller au bout et remporter le titre. On laisse aussi de côté l’adresse des 8 candidats ainsi que le malus que représentent les balles perdues. Afin d’être plus complet et intégrer ces notions, nous avons effectué un classement interne en se limitant à ces joueurs pour pousser plus loin l’analyse :

  • En prenant en comptes les catégories statistiques suivantes : points, passes, rebonds, interceptions, contres, balles perdues, adresse au tir, adresse à 3 points, adresse sur la ligne des lancers francs.
  • En distribuant des points en fonction du classement dans chaque catégorie statistique : 8 points pour le meilleur du groupe, 1 pour le moins bon.
John Wall

Points accumulés par les meneurs du Top 8
Source : TrashTalk

Dans ce classement-là, John Wall perd deux places, Kyrie Irving et Damian Lillard lui passant devant, perdant moins de balles que lui et surtout ayant une meilleure adresse que le meneur des Wizards, peu importe la distance ou le tir pris. Si le premier pick de la Draft 2010 veut donc devenir le numéro 1 à son poste, voilà déjà quelques pistes à explorer pour progresser car 30% du parking et 78,5% sur la ligne des lancers francs ce n’est pas suffisant. Pas mauvais non plus, mais quand on a de grandes ambitions comme les siennes, impossible de s’en contenter.

Enfin, prenons en compte le bilan collectif pour dépasser le simple stade des stats, un joueur pouvant cartonner entouré de chèvres mais être incapable de faire franchir un palier à son équipe. Pour cela, les totaux accumulés par la méthode précédente  vont être pondérés par le pourcentage de victoire de leur franchise lorsqu’ils sont présents. Par exemple, les Wizards ont remporté 45 rencontres sur les 79 disputées par John Wall, ce qui fait que son total de 35 points acquis via le classement ci-dessus est multiplié par 45/79, soit un bilan de 19,94.

John Wall

Points accumulés par les meneurs du Top 8 pondérés par leur pourcentage de victoire.
Source : TrashTalk

La chute continue alors pour Jean Mur qui glisse derrière un Jeff Teague gonflé à bloc par l’excellent bilan des Hawks l’an dernier. Plus que cette 7ème place, c’est le fait que l’écart se creuse avec le haut du classement, Stephen Curry (43,55) ayant plus du double de points du Wiz et Chris Paul (36,88) n’étant pas loin aussi d’un x2 par rapport à Wall. Alors bien entendu, il ne s’agit que d’une méthode pour comparer des joueurs et elle n’est certainement pas parfaite. Elle permet juste de donner une tendance et surtout de voir dans le cas de John Wall ce qui le sépare du gratin à son poste. Aussi bon soit-il, il est encore bien en retrait de Curry, Paul ou Westbrook et les axes d’améliorations sont identifiés : perdre moins de balles et être plus adroit, soit mieux gérer un match pour diminuer son déchet, et enfin faire gagner encore plus de matchs aux Wizards. Pour le premier point, John Wall a pris une résolution qui doit le motiver : cracher des sous lorsqu’il enverra trop souvent la balle dans les mains des adversaires. Reste à savoir si cela portera ses fruits.

Les changement estivaux : de quoi franchir un cap ?

Pour les victoires supplémentaires, tout ne dépend pas que de lui mais aussi des choix pris par la direction des Wizards et pour l’instant l’un d’eux ne joue pas en faveur de John Wall puisque Randy Wittman continue tranquillement de mettre Khris Humphries en stretch 4, de dénigrer le small ball malgré des tentatives assez concluantes en Playoffs et d’être un frein à la progression de Washington, sauvé par 2 qualifications en demi-finale de Conférence qui tiennent autant de la faiblesse de l’Est que du talent intrinsèque de ses joueurs, parce qu’en ce qui concerne les ajustements tactiques, on cherche toujours.

A l’inverse, quelques arrivées sont bon signe pour le meneur. Si Jared Dudley, Gary Neal ou Alan Anderson ne sont pas des noms ronflants, ils n’en demeurent pas moins de bon shooteurs qui vont se régaler avec un meneur du calibre de John Wall capable d’ouvrir une défense en deux avant de vous servir du caviar pour une ogive à 3 points que les 3 recrues maitrisent. Reste à savoir si elles seront utilisées à bon escient – cf paragraphe précédent sur Wittman – et quand Anderson sera opérationnel. Voilà dans le sens des arrivées, jetons un coup d’œil sur les départs. Ou plutôt LE départ, celui de Paul Pierce, qui laisse le plus grand vide. L’expérience, le leadership et les grosses balls de Paulo ne sont plus à D.C. mais de l’autre côté du pays chez les Clippers, et il faut maintenant que d’autres joueurs prennent le relai. Si Otto Porter a pris la place dans le 5 majeur, c’est à John Wall de faire plus dans le vestiaire et en tant que patron de l’équipe. Des responsabilités qui vont dans le sens de sa progression et qu’il ne fuit pas.

Quand j’ai signé mon contrat j’ai su “Ok, je suis le gars de la franchise.” L’an dernier c’était mon équipe mais il y avait toujours Paul ici qui était un grand leader pour m’aider à apprendre plus de choses. Maintenant je viens et je pense juste que je suis ce gars. J’ai plus confiance dans le vestiaire pour dire des choses et élever la voix. – John Wall.

Ce qui parait de prime abord comme une grosse perte et un coup dur pour les Wizards pourrait finalement être une aubaine si le meneur issu de Kentucky embrasse avec réussite ce nouveau rôle, s’affirmant comme un taulier par son jeu, ses actes, sur le parquet ou en dehors. C’est comme cela qu’il pourra tirer l’équipe vers le haut. Une chose est sûre, il prend cela très au sérieux et il agit déjà comme une référence. Il a tout d’abord organisé cet été un mini camp avec ses coéquipiers pour bosser avant même la reprise officielle avec les Wizards. Un bon signe. Puis depuis le début de saison, il a également repris le costume du joueur clutch laissé par “The Truth” en offrant la victoire face au Magic par exemple. mais il n’est pas le seul puisqu’il délègue une bon ne partie du scoring du 4ème quart-temps à son acolyte du backcourt, Bradley Beal. On attend d’ailleurs de voir si ce dernier va enfin confirmer sur la durée les belles prestations envoyées en Playoffs car sa saison régulière 2014-15, loin d’être mauvaise, ne lui a pas permis d’aller titiller les meilleurs arrières de la ligue alors qu’on l’attendait pas loin du niveau d’un Klay Thompson. Dans sa dernière année de contrat, il peut tout exploser en mode Jimmy Butler. Pour le bien de John Wall ? C’est à voir comment les deux peuvent cohabiter car s’ils sont loin d’être incompatibles, Beal ne score pas énormément et surtout avec une adresse moyenne pour un mec évoluant aux côtés d’un meneur qui organise le jeu et distribue les ballons comme John Wall.

Pour que John Wall devienne le meilleur à son poste et entre dans la discussion pour le titre de MVP, il faudra voir les Wizards remporter au moins 55 rencontres et finir dans le Top 2 à l’Est, ce qui ne semble pas d’actualité. mais qui sait, si Bradley Beal se met en mode beast et que Jean Mur continue sa progression, ils pourront emmener l’équipe encore plus haut. Par contre, quand on sait que le fantasme de la franchise – comme de nombreuses autres  est de faire venir un certain Kevin Durant l’été prochain, on se dit que le titre de MVP est bien loin pour Wall : pas assez entouré – en plus des axes d’amélioration identifiés – aujourd’hui et potentiel simple lieutenant demain, le trophée Maurice Podoloff n’est pas encore sur son étagère. Ni même dans son viseur.

Source image : Rob Carr/Getty Images via atlantablackstar.com


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