Joueur de talent dans une équipe de merde : Ty Lawson est-il le meneur le plus sous-côté de la NBA ?

Le 24 févr. 2015 à 21:18 par Nicolas Cervantes

Cet article est une réflexion individuelle qui ne reflète qu’un avis personnel. En aucun cas, il ne représente l’avis de toute la rédaction de Trashtalk.

Quand on vous demande de citer quelques bons meneurs de NBA, vous sortez instantanément des noms comme Chris Paul, Tony Parker, Stephen Curry, Russell Westbrook, Rajon Rondo, John Wall,… Mais en aucun cas le patronyme de Ty Lawson ne ressort de vos bouches. Ty Lawson ? Oui, ce meneur de poche au talent indéniable mais qui croupit dans une pauvre équipe de Denver, devenue nulle du jour au lendemain, après les départs surprenants de George Karl et de Masaï Ujiri. Pourtant le point guard des Nuggets n’est pas un mauvais joueur, loin de là. Son talent est déjà éblouissant, mais peu remarqué. Petite analyse.

Brian Shaw, coach malgré lui des Nuggets de Denver, ne peut actuellement se vanter de son bilan à la tête de la franchise, pointant à la 12ème place de la Conférence Ouest, avec 36 défaites en 56 matchs alors que l’équipe visait le Top 8 en début de saison. Mais la situation du coach aurait pu être encore plus pourrie si Ty Lawson n’était pas là. Car même si les résultats ne sont pas au rendez-vous, le meneur porte littéralement sur ses épaules toute l’équipe entière et son impact sur le jeu des “Pépites” de Denver est devenu incontournable. L’ancien assistant de Phil Jackson et de Mark Vogel a tout de suite compris que tout l’équilibre de l’équipe des Rocheuses ne tient que sur le 18ème choix de la draft 2009 :

Si quelque chose arrive à Ty Lawson, nous serons en difficulté. C’est aussi simple que ça. Nous n’avons personne d’autre capable de mener notre attaque et créer des choses pour l’équipe comme il le fait.

Actuellement deuxième meilleur passeur de la ligue avec 10 passes de moyenne auxquelles s’ajoutent 16,7 points par match, le joueur de 27 ans réalise probablement la saison la plus aboutie de sa carrière. Une carrière lors de laquelle il n’a connu que Denver. Altruiste et rigoureux dans son jeu, le meneur n’a perdu que 136 fois la balle, ce qui est honorable pour un meneur titulaire quand on compare à John Wall (206 balles perdues). Il est également classé 15ème joueur réalisant le plus de doubles-doubles avec 22 matches à son compteur, derrière Chris Paul (26) et John Wall (30). Certes, le bilan très décevant des Nuggets n’est absolument pas comparable avec celui des Clippers ou des Wizards, mais il faut se dire que sans Ty Lawson, la franchise du Colorado serait probablement au niveau des mastondontes du tanking comme les Sixers ou les Knicks et serait en compétition pour le pire bilan de toute la NBA.

L’apport de Ty Lawson est trop peu remarqué

Quand une équipe séduisante sur le papier, comme les Nuggets déçoivent par un nombre incalculable de raclées en tous genres (84 points encaissés en une seule mi-temps contre Portland en novembre, 28 points seulement inscrit en une mi-temps contre Golden State en janvier, innombrables défaites de plus de 30 unités d’écart dans la tronche, …), on a tendance à dire que les joueurs jouent mal et que le coach fait un mauvais travail. Certes, il y a du vrai dans ce qui a été dit : Kenneth Faried, attendu en grande pompe comme la révélation des Nuggets après son été rempli de succès, est actuellement un flop total ; Arron Afflalo, considéré comme la pièce manquante à l’équipe n’a pas retrouvé le niveau qu’il avait en Floride et est reparti aussi vite qu’il est arrivé. Brian Shaw y est aussi pour quelque chose, à la tête d’un groupe jeune garni de talents, il n’a jamais réussi à en exploiter le potentiel. Mais dans tout ce marasme, Ty Lawson fait figure de bon modèle et sort performance sur performance, sans qu’on ne le remarque. En effet, l’équipe coloradienne en est à 100% de défaites (0-3) lorsqu’il est absent cette saison ; les chiffres de la saison passée sont tout autant révélateurs : 35% de victoires lorsqu’il est flanc contre 47% quand il est sur le parquet. Niveau shoot, le meneur est un des seuls joueurs de son équipe, avec Faried, Nurkic et Hickson (tous des intérieurs, remarquez !) à shooter à plus de 44% de réussite. Et ce n’est pas tout, il est également second de la ligue au nombre de points provoqués par une passe décisive avec 23,2 points, derrière John Wall (23,5). Au niveau  du “free-throw pass”, à savoir la passe qui mène à une faute, il est certes encore derrière John le Mur (1,1) mais reste tout de même à la deuxième position avec 0,9 passes.

Un travail acharné

Avec 37 minutes passées sur le parquet chaque soir, Ty Lawson est le 3ème joueur le plus utilisé de toute la ligue et il est celui qui a inscrit le plus de points pour son équipe, distribué le plus de passes et intercepté le plus de ballons. C’était déjà le cas la saison passée, où il était également le joueur le plus utilisé par Brian Shaw avec 36 minutes de moyenne. De plus, sur les 62 matchs qu’il avait joué lors de la saison 2013-2014, il avait été à 56 reprises le meilleur passeur et à 21 reprises le meilleur marqueur de son équipe. De par ses qualités de playmaker, il est ainsi devenu le 4ème meilleur passeur de l’histoire de la franchise récemment, restant derrière Andre Miller (2 978), Fat Lever (3 566) et Alex English (3 679). De nombreux chiffres qui en disent long sur la domination et le poids du gaillard au sein de ce groupe actuellement gangréné par les grosses raclées qu’ils subissent de plus en plus souvent.

Mais un comportement pas toujours exemplaire

Ce qui écorne actuellement l’image de l’ancien meneur des Tar Heels, c’est probablement son comportement en dehors des terrains. Voulant profiter (un peu trop) de la vie en mode #YOLO, on ne compte plus le nombre de cuites qu’il prend lorsqu’il part en soirée, lui valant même, à deux reprises, une condamnation pour conduite en état d’ébriété et attitude irresponsable sur la route. Et ce n’est pas son seul souci, il avait déjà été jugé et mis en garde à vue pour avoir eu une violente altercation avec sa petite-amie (son ex à présent). Récemment, il a manqué un entraînement – le jour de la reprise, après la pause du All-Star Week-end – en donnant comme excuse un souci de transport, alors qu’il était la veille en train de fanfaronner sévère du côté de Vegas. Le joueur s’est excusé ensuite pour son absence et a été puni par la direction des Nuggets :

Mon plan de voyage a été perturbé mais je suis toujours prêt à aller à la guerre avec mes frères… Je sais que la saison ne se passe pas comme on l’imaginait mais je suis un Nugget jusqu’à la mort.

Joe Bozell a listé pour la NBA un classement des 10 meilleurs meneurs de NBA et évidemment, Ty Lawson n’en fait pas partie, dépassé par des joueurs comme Tony Parker, Jeff Teague ou Mike Conley. Le fait que les Nuggets réalisent une mauvaise saison peut donc être une cause de cette mise de côté. Pas aussi ‘hypé’ que les Curry, Irving et compagnie, pas aussi spectaculaire qu’un Westbrook ou un Lillard, Ty Lawson n’en reste pas moins un joueur efficace et doté d’un très grand talent. Mais il est coaché par un inexpérimenté en la matière et cela n’aide pas son équipe à faire la saison espérée. Quoi qu’on dise, le meneur d’1m80 est un des joueurs les plus sous-côtés de la ligue, l’avenir nous dira si son talent sera enfin reconnu !

Source texte : The Bleacher Report & The Denver Post

Source image : Zimbio


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