Le Billet du Corse – Détonation n°2 : comme un plat de 2011 mal réchauffé…

Le 11 nov. 2014 à 21:07 par Leo

le billet du corse

Avant de faire éclater tout préjugé coriace ou mensonge inavoué au cœur de la NBA grâce à une encre du terroir et une plume aux bonnes senteurs du maquis, cette rubrique a cappella aux inspirations insulaires se bat elle aussi pour son indépendance et ne reflète aucunement l’avis totalitaire de la Rédaction qui altère ses penchants nationalistes. A consommer exceptionnellement sans risque de représailles ou de soumission à toute forme d’omerta. CD d’I Muvrini conseillé en fond sonore, accompagné par une traditionnelle assiette de charcuterie en parfaite symbiose avec l’essence musclée de son fromage. Corse, de toute évidence…

Si Steve Ballmer semble avoir sniffé toutes les lignes d’une gare ferroviaire à chacune de ses apparitions à l’écran, Mark Cuban, quant à lui, joue sans scrupule la carte du beauf américain par excellence, toujours très fier de ses choix et imbu de lui-même, n’hésitant jamais à mettre ses pieds sur la table lors d’une assemblée générale de la plus haute importance qui prend les allures d’une réunion familiale bien arrosée du réveillon de la Saint-Sylvestre, avachi tel un pacha imperturbable dans son imposant fauteuil en cuir, des miettes de chips saveur paprika tombant par milliers sur son t-shirt fétiche des Dallas Cowboys. Plus que tous les autres proprios de la Ligue, Cuban est atteint du “syndrome Alain Delon”, le charisme en moins mais avec l’option “Jean-Marie Bigard” activée. Parlant de lui à la troisième personne du singulier, Mark Cuban est pluriel et omniprésent. Mark Cuban est drôle, amuse la galerie ; Mark Cuban est unique en son genre. Mark Cuban est un père gaga pour ses joueurs, Mark Cuban trashtalke ses concurrents et lance des piques à tout le monde sans arrêt. En bref, Mark Cuban aime Mark Cuban. Mieux que ça, il a même un plan : celui de réitérer la performance brillante de 2011 ! Oui, Mark Cuban n’est pas une mauviette et n’a pas peur d’afficher haut et fort ses convictions. A l’écouter brailler continuellement, il aurait raison, même quand il a tort…

Pour ce faire, rien de tel que de ressusciter Tyson Chandler et “Jean-Jacques” Barea, de retour au bercail après quelques saisons blanches passées loin de la chaleur texane où le farniente dessinait le cœur de leur quotidien peinard. Grâce à la ristourne “maison” acceptée par son grand ami germanique, à savoir le vétéran Dirk Nowitzki, il réussit à métamorphoser, en un clin d’œil sournois, un parfait no-name encore fragile, n’ayant jamais rien prouvé aux yeux du grand public, en elite player au salaire mirobolant. Si vous faîtes le calcul, Chandler Parsons vaut bien deux “Wunderkids” en effet ! A Dallas forcément, cette manip’ n’a pas l’air de choquer grand monde… Par ailleurs, plus les rencontres s’enchaînent plus les Mavericks essaient de nous vendre la fourbe idée que Monta Ellis s’apparente au “DeShawn Stevenson de l’avenir”, obstiné à se détourner de son image de trublion désarticulé qui ne fonctionne que par ses propres lois, de son passé chevillé au corps de tête brûlée, uniquement attiré par l’attaque du cercle ennemi. En quête de rédemption, ce-dernier tente même de palier l’efficience légendaire de Jason Terry pour cette franchise visiblement repartie à l’assaut du trophée Larry O’Brien.

Malgré tous ses efforts et ses inépuisables envies de grandeur, Cuban s’est pourtant gouré sur l’essentiel de manière magistrale. En recrutant Raymond Felton et Jameer Nelson au poste clé de meneur de jeu, sa déception finale n’en sera que plus grande quand il leur sera demandé non pas de préparer plusieurs fournées de babas au rhum et de tartes au maroilles bien grasses pour le casting de “Masterchef” mais de guider une écurie fraîchement reformatée au sommet de la montagne NBA avec maîtrise du tempo des matches pendant les PlayOffs, sans oublier de rentrer des tirs décisifs au meilleur des moments, quand le temps se fige et que l’air devient irrespirable. Voilà une énième raison de boire pour Jason Kidd ! A moins de retrouver en face Mario Chalmers comme titulaire au poste 1 en Finales, l’échec, inavoué pour l’instant, n’en sera que plus douloureux, d’autant plus si la préjudiciable chute d’intensité collective à chaque début de troisième quart-temps, indigne d’un concurrent même secret au titre, se poursuit sans parvenir à trouver des solutions viables pour y remédier. Non, avec de tels moyens de persuasion aussi faiblards et grossièrement recyclés, la campagne politique de Mark Cuban en 2015, destinée à refaire des Mavericks une place forte conquérante de la Grande Ligue, risque davantage de servir au combat pour le développement durable cher aux Écolos qu’à nourrir les ambitions nostalgiques de quelques supporters aveugles, lui vouant quoiqu’il manigance un véritable culte de la personnalité. Non, dans ces conditions, le miracle de 2011 n’aura pas lieu une seconde fois malheureusement…

Les saisons se succèdent mais ne se ressemblent pas, sauf pour les franchises qui savent se renouveler, qui savent modifier leurs systèmes de jeu en fonction des qualités de leurs nouvelles recrues afin de surprendre leurs adversaires et de les prendre à la gorge de manière impériale, sans craindre une potentielle contre-attaque qui pourrait leur être fatale. Et à mesure que le sosie de Jim Carrey (vous aurez reconnu sans aucun doute Rick Carlisle…) se fourvoie dans ses certitudes d’hier qui perdent considérablement de leur valeur aujourd’hui, tu pourras toujours troller les autres et détourner l’attention des fans de ce qui importe le plus en ton foyer, mon cher Mark !

Source image : @artkor7 pour TrashTalk