Janelle Salaün, la médaille du travail

Le 11 août 2024 à 18:55 par Nicolas Vrignaud

Janelle Salaün JO Paris 2024 Équipe de France
Source : FIBA

Pour ses premiers Jeux Olympiques avec l’Équipe de France de basketball, Janelle Salaün s’est parée de l’argent olympique. Un métal qui récompense celle que beaucoup décrivent comme une acharnée de travail, qui n’a jamais triché avec la discipline pour atteindre ses objectifs. 

Elle n’a pas eu un impact offensif énorme dans cette finale des JO de Paris 2024, mais elle a sacrément bien défendu. Comme l’ensemble de ses partenaires, Janelle Salaün a laissé son coeur sur le terrain. Un coeur qu’on devine meurtri après un match qui ne s’est pas entièrement joué dans le basket. Une rencontre qui ne doit pour autant pas effacer tout ce qui a été effectué pour en arriver là.

En demi-finale, face à la Belgique, Janelle Salaün a accompli un match de très haut niveau. Défensivement, dans les aides ou pour couvrir les quelques erreurs de placement de ses coéquipières, elle a été impeccable. Offensivement, elle a – à plusieurs reprises – planté des tirs importants, communiqué sa rage de vaincre. Le très gros shoot avec la faute en début de partie face aux Belges en est l’un des meilleurs exemples. Son ancien coach de l’INSEP, Arnaud Guppillotte, explique qu’il s’agit de son identité.

“Ça fait partie de son ADN. Cette intensité permanente, son body langage tourné vers l’engagement.”

Rien ne prédestinait la grande de la famille à atteindre un tel niveau de performance. Elle commence le basket à 12 ans, évolue loin des structures de formation régionales qui sont chargées de détecter les profils à haut potentiel. Après ses débuts à l’AS Orly, c’est le club de Reims qui la remarque et lui donne une chance d’évoluer au niveau national chez les jeunes.

Un passage dans un environnement de haut niveau, qui sera rapidement suivi d’une entrée à l’INSEP. L’accession au Pôle France, acquise après un coup de fil du club Rémois pour interpeller Arnaud, en charge des détections.

“Le coach de Reims m’appelle, et me dit : ‘J’ai une joueuse, je ne sais pas ce qu’elle vaut, mais en termes d’intensité, d’énergie, d’enthousiasme…‘. Janelle a complètement échappé au parcours de formation. Quand elle passe la porte de la salle, on voit une joueuse assez grande et très féline dans sa démarche. Elle fait quelques tirs, ça ne rentre pas… mais l’attitude nous dit que ça peut marcher. Elle n’a pas laissé indifférent dans sa manière de faire.”

À l’INSEP, Janelle doit se créer un bagage solide sur le plan technique et tactique, où son parcours particulier ne lui permet pas d’être immédiatement au niveau des autres filles du pôle. Son tempérament de travailleuse fait alors la différence, pour son coach.

“Quand elle est rentrée au Pôle France, on a fait un entretien avec elle et son papa. On a expliqué que sur le début de saison on l’utiliserait à l’intérieur car elle ne maîtrisait pas le dribble, le tir. Ensuite, on travaillerait progressivement ses lacunes pour qu’elle puisse se décaler vers un profil hybride ailier/ailier-fort.

Ce qui est incroyable, c’est qu’elle a tout mis en oeuvre pour coller à ce programme là, à la minute près. Elle demandait sans cesse du travail supplémentaire, à l’entraînement, et en dehors des temps d’entraînement. C’est ce qui me marque chez elle, cette détermination forte et permanente qui lui a permis de passer les caps bien plus vite qu’une autre joueuse.”

Aujourd’hui, Janelle a une médaille d’argent autour du cou. Un métal qui est très certainement frustrant, mais qui ne doit en aucun cas éclipser le travail réalisé pour arriver jusqu’au podium du plus grand tournoi de basketball du monde. Et selon Guppillotte, sa marge de progression est encore énorme.

“Il lui reste une marge de progression énorme, c’est ça qui est génial pour elle. Sur le long terme, elle va continuer à progresser. Je ne lui ai jamais vu de limites particulières. C’est quelqu’un qui bosse plus qu’une grande majorité, et c’est la première qualité d’une joueuse de très haut niveau.”

Dans 4 ans, on lui souhaite de tout cœur de revenir. Pour l’or, sur le terrain des États-Unis. La récompense ultime… bien qu’on doute, à la lueur des propos présentés ci-dessus, que cela ne l’empêche de vouloir toujours plus par la suite.


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