Oscar Robertson revient sur la règle qui porte son nom : “C’est grâce à elle que Kevin Durant peut jouer à Golden State”
Le 06 août 2018 à 14:20 par Reda Ghaffouli
Si Russell Westbrook vient de lui ravir son plus grand accomplissement sur le terrain, Oscar Robertson est plus qu’une machine des parquets. Déjà récompensé par la NBA pour l’œuvre de toute sa carrière, The Big O a posé l’une des premières pierres de ce qui fera le succès de la Ligue, et l’émancipation de tous les joueurs passés après lui.
Si l’on vous dit Oscar Robertson, vous pensez probablement à plein de choses. Une machine à triple-double, un des joueurs les plus complets de l’histoire, et tout simplement une légende de la NBA. MVP de la saison 1963-64, 12 fois All-Star et champion NBA en 1970-71 avec les Milwaukee Bucks, The Big O était considéré comme l’une des premières grosses stars de la Ligue, lui permettant de se médiatiser, se développer, et devenir l’immense empire qu’elle est aujourd’hui. Mais plus que des performances sportives, Oscar Robertson marquera l’Association à tout jamais par son engagement syndical. Interrogé par Marc Bona de Cleveland.com, The Big O revient sur le plus grand accomplissement de sa carrière.
“Je pense que la Oscar Robertson Rule va toujours sortir du lot pour moi. Il est question de free agency, de meilleures conditions de jeu. C’est la raison pour laquelle Kevin Durant peut aller à Golden State et jouer… Vous savez, tous les trades qui avaient été faits au basket avant cela ? En premier lieu Bill Russell, qui a été transféré de St. Louis à Boston parce que St. Louis ne voulait pas de joueur noir. Les Lakers arrivent toujours à obtenir le meilleur pivot pour leur équipe, mais personne ne disait rien par rapport à cela. […] Mais lorsqu’un joueur se dit ‘je vais contrôler mon destin’, là ça dérange les gens. La Oscar Robertson rule dit que tu as le droit de faire ça. Si tu n’as pas de contrat avec une équipe, tu peux choisir la meilleure offre pour aller jouer.”
Beaucoup de joueurs ont été à l’origine de règles dans l’histoire de la NBA. On pense à Charles Barkley et la règle des cinq secondes, ou encore Larry Bird et les Bird Rights qui permettent aux franchises de signer un de leurs joueurs au-delà du salary cap. Mais l’apport d’Oscar Robertson est d’un autre calibre. Ainsi, en 1970, alors qu’il était à l’époque président du syndicat des joueurs, The Big Balls O dépose une plainte à l’encontre de la NBA. Rien que ça. Sa revendication ? Un meilleur traitement des joueurs et une plus grande liberté de décision. En effet à cette époque, les joueurs NBA étaient liés à une seule équipe à perpétuité. Les franchises pouvaient donc les trader comme ils le voulaient, sans aucune restriction. Et il va sans dire qu’Oscar Robertson jouait gros, et mettait toute sa carrière en jeu pour de meilleures conditions de travail pour lui et ses collègues. S’en suivra donc des années de procès, de tentatives de collusion avec le Congrès américain, de menaces entre joueurs et proprios… Finalement, six ans plus tard, la NBA craque et annonce la création de la très célèbre free agency. Pour l’instant, on ne parle que d’agent-libres restreints : les franchises obtiennent ainsi un compromis, en ayant la possibilité de s’aligner sur les offres de leurs concurrents. Mais ce fut une première étape dans l’émancipation des joueurs, qui ont vu leurs salaires grimper grâce à la nouvelle concurrence entre les franchises pour les faire signer. Une avancée énorme à laquelle Oscar Roberston ne pourra jamais goûter puisqu’il prendra sa retraite… en 1974, deux ans avant la réforme. Néanmoins, son action et sa prise de risque ouvrira la porte à une puissance croissante des joueurs dans leur prise de décision, jusqu’à l’aboutissement, en 1988, de la réforme sur la free agency non restreinte, permettant véritablement aux joueurs de signer où bon leur semble, sans nécessiter l’accord de leur franchise.
S’il y a bien une personne que les LeBron James, Chris Paul et autres Kevin Durant peuvent remercier pour leurs pactoles récoltés chaque été, c’est bien Oscar Robertson. The Big O a ouvert la voie à une nouvelle ère pour la NBA plus prospère, plus médiatique, et indéniablement plus excitante. Pour tout cela, merci Oscar Robertson.
Source texte : Cleveland.com