Pour Adam Silver, pas de corrélation entre la longueur d’une saison NBA et l’augmentation des blessures
Le 03 juin 2018 à 12:05 par Hugo Leroi
Imaginez-vous deux secondes devoir jouer 82 matchs de basket en 6 mois, votre périple incluant des déplacements en avion, des rendez-vous professionnels, des entraînements, être séparé de votre famille 1 jour sur 2… Tel est le quotidien exténuant d’un joueur NBA, depuis pas mal de temps. Cette même routine est évidement dangereuse pour le corps, qui lâche parfois sous la pression d’une activité physique et morale trop constante. Cependant, ce n’est pas maintenant qu’on touchera aux 82 matchs imposés dans une saison régulière, d’un point de vue sportif, mais aussi business.
Jeremy Lin, Kristaps Porzingis, Demarcus Cousins, Kyrie Irving, Gordon Hayward, Chris Paul… La liste est longue, et loin d’être exhaustive. Ces noms s’associent à autant de joueurs qui ont vu leurs corps lâcher, à un moment plus ou moins avancé de la saison. Que ce soit tôt (comme pour Lin, Porzi ou Hayward) ou tard (CP3, Cousins…) les organismes des sportifs disent stop, tout simplement. Sollicités H24, les muscles des athlètes NBA sont composés des mêmes cellules que nous (oui oui) et ils ont tout aussi besoin de repos et de récupération. Il est dur de s’acclimater au rythme infernal de la NBA, le rookie wall en est d’ailleurs la preuve : il faut du temps à un sportif pour réellement rentrer dans le cercle. La saison est longue, et ça se ressent. Parfois par de la fatigue, d’autres fois par des performances moins abouties, ou bien par des blessures. Graves ou non, elles sont le symbole de l’engrenage effréné qu’est le calendrier de la Ligue. Une recrudescence de pépins physiques a donc été recensée pour l’exercice 2017-2018 par ESPN, observant une hausse de 31% du nombre total de matchs manqués par les joueurs pour cause de maladies ou de blessures. Chiffre effarant, vous en conviendrez. Si certains pointeront du doigt le nombre de matchs à jouer dans une saison NBA qui pourrait avoir un impact sur la santé des joueurs, Adam Silver, le commissioner de la Ligue, ne voit lui pas de rapport entre les deux données :
“Nous ne trouvons pas, après toutes les analyses effectuées, de corrélation dans le fait d’être davantage sujet aux blessures lors du 70ème match de la saison qu’au 30ème. Comme je l’ai dis précédemment, la corrélation se trouve dans le manque de repos. C’est pourquoi nous avons ajouté une semaine de plus au calendrier. Nous avons largement réduit le nombre de back-to-back et mis en place d’autres mesures afin que le calendrier soit plus espacé.”
Si vous vous demandiez encore pourquoi la saison a débuté cette année avec une semaine d’avance, vous avez maintenant votre réponse. Certes, ce n’est pas faute d’avoir mis certaines choses en place : plus d’espace dans le calendrier, moins de back to back… Le problème semble donc plus profond. On le voit souvent, les jeunes joueurs NBA se défoncent souvent à la muscu et aux workouts durant l’été, pour espérer gagner la masse si précieuse et appréciée par les coachs. La hausse du niveau global des équipes est aussi un facteur forçant le travail, qui doit être toujours plus poussé tant le talent est omniprésent au sein de la Grande Ligue. Enchaînant ensuite avec 82 rencontres (et plus si Playoffs), les organismes sont donc sollicités 12 mois sur 12, et les rares moments de vacances ne suffisent plus à recharger les batteries. A part quand on s’appelle LeBron James, on a pas encore inventé les organes bioniques non oxydables, et les blessures sont très vite arrivées.
La question se pose donc : que faire pour éviter que les acteurs se blessent autant ? La solution de facilité serait de diminuer le nombre de matchs. Pas si simple cependant. Baisser la cadence “fausserait” d’une part les records All-Time en terme de points, de rebonds ou de passes comptabilisés en carrière, et les débats du style “LeBron a fait des saisons à 64 matchs au lieu de 82, évidemment qu’il ne dépasse pas Kareem Abdul-Jabbar” connaîtraient une croissance folle. Plus concrètement, d’un point de vue financier, cela serait tout bonnement impossible. Des contrats avec les sponsors, les droits télés, tout serait à renégocier, sans parler de la baisse des revenus liés aux billets achetés par les fans pour se rendre au stade. L’institution financière qu’est avant tout la NBA y perdrait, et ça ne plairait surement pas à Adam Silver :
“82 n’est pas un nombre obtenu par magie. Il y a, évidemment, des enjeux financiers pour la Ligue et les joueurs dans le but de disputer une saison à 82 matchs. Mais nous continuons de chercher d’autres idées. Peut-être mettre en place un tournoi de mi-saison ou réduire le nombre de matchs dans la saison régulière, c’est une possibilité. Je pense que le format des Playoffs fonctionne plutôt bien. Mais je veux absolument signifier, et nous parlons beaucoup de ce point à l’Association des Joueurs, que si une donnée sérieuse suggérait qu’une saison à 75 ou 72 rencontres au lieu de 82 réduisait le nombre de blessures, nous envisagerions sérieusement de réduire la durée de la saison. Nous n’avons juste pas cette donnée entre les mains au moment où je vous parle.”
La solution ne se trouvera semble-t-il pas dans le fait de réduire le nombre de matchs, selon Adam Silver. En revanche, les gros bonnets pourraient envisager de rallonger encore plus le calendrier, pour permettre aux joueurs d’avoir plus de repos. Qui sait, peut-être que c’est en juillet qu’on regardera LeBron se faire battre par les Warriors prochainement…
Source Texte : RealGM