Le départ de Barack Obama, c’est aussi celui d’une balle orange qui brillait dans la Maison-Blanche
Le 09 nov. 2016 à 12:09 par Bastien Fontanieu
Si ce mercredi 9 novembre 2016 restera bien évidemment marquant pour bon nombre de citoyens et habitants de notre chère planète, le déménagement engendré par l’élection présidentielle américaine a également mis fin au mandat le plus boom-shakalaka de l’histoire de l’Oncle Sam.
No politics, no bullshit. TrashTalk reste sur son aile et ne viendra parler que de basket. Car des surprises autour de votes on en a déjà pour le All-Star Game, des histoires de complots on a la masse grâce aux Playoffs, et des résultats choquants on en a plein grâce aux Lakers. Story.
C’est un rituel qui a pris place il y a quelques années. Question de superstition avant tout, question de passion également. Nous sommes le mardi 8 novembre 2016, le vent est frais du côté de Washington, mais il en faut plus pour ralentir Barack Obama. Jour de scrutin pour son peuple, le président encore en place va taper un basket protocolaire sur la base militaire de Fort McNair, située dans la banlieue de D.C. Rien de mieux pour penser à autre chose, affirmeront avec le sourire les pratiquants du sport. Mais il y a bien plus qu’un aspect d’échappatoire, dans cette appréciation du cuir rebondissant chez le gaucher formé à Harvard. Lors des primaires de 2008 dans le New Hampshire, il avait manqué sa routine et s’était politiquement incliné face à une certaine Hillary Clinton, ce qui avait transformé cette simple session en véritable superstition. Depuis, chaque grand événement politique avait dû être précédé par un passage sur le terrain, soit le bitume luxueux de la Maison-Blanche, soit un parquet lustré à proximité, histoire de craquer le poignet et claquer quelques ficelles. Et s’il n’était question que d’un entraînement isolé dans le programme surchargé du 44ème président des Etats-Unis, cela se saurait. Cependant, bien au contraire, depuis ses années universitaires et tout au long de sa carrière politique, Barack avancera avec la confiance d’un meneur et la balle orange non loin de son bureau. Un amour pour le basket qui fit de lui une figure définitivement marquante dans la communauté de ce sport.
Car au-delà de l’aspect extérieur d’un président renoi ou de son attitude plutôt cool plaisant à une majorité de jeunes basketteurs, Obama était un vrai passionné qui avait réussi le plus grand des challenges identitaires : intégrer un des sports les plus proches du ghetto dans la maison la plus prestigieuse de son pays. Un symbole institutionnel fort, un pied-de-nez remarquable au golf et au tennis instaurés tels des piliers autour du bureau ovale, qui ne voulaient partager la colocation avec qui que ce soit d’autre. Seulement quelques semaines après son investiture en 2008, il adaptait le terrain de la petite balle jaune pour qu’il fasse place au gros ballon orange. Plus bruyant, des shorts plus longs, des invités plus nombreux, ambiance. Désormais, les sets en raquette étaient remplacés par des 3-3 et pick and roll avec des membres de son administration, créant une nouvelle ère qui plaisait aussi à son électorat. Durant ses deux mandats, les rebonds de la balle le suivaient avec fréquence, certaines de ses métaphores utilisées lors de discours importants reprenant des analogies liées à son sport préféré. Un aspect notamment développé dans The Audacity of Hoop: Basketball and the Age of Obama écrit par Alexander Wolff, et dans lequel un lien étroit entre le jeu et l’homme était décortiqué. Jusqu’à ce qu’un simple pickup de 2010 lui impose douze coups de suture, et par conséquent la pratique plus fréquente du golf par substitution. Car quand Barack jouait au basket, c’était uniquement pour gagner, pas pour faire genre. Vous avez dit passionné, c’est ça ?
La suite, on ne la connaît que trop bien. Des visites immanquables d’équipes championnes à la Maison-Blanche, des punchlines royales quant aux dossiers de certains joueurs et des interventions régulières ponctuées par des analyses pertinentes, Barack ne se retenait pas lorsqu’il était question de balle orange. Quand un passage par le United Center lors d’un Bulls-Cavs de début de saison lui permettait d’analyser l’intégration de Fred Hoiberg et d’une nouvelle attaque à Chicago, la chaîne ESPN l’attendait patiemment pour qu’il remplisse avec minutie son bracket d’avant-tournoi NCAA. Un clin d’oeil aux Spurs en 2014, pour leur proposer des conseils en back-to-back après avoir écarté Mitt Romney deux ans plus tôt, était suivi par quelques conseils à Stephen Curry sur sa mécanique de tir. Obama avait peut-être dû ralentir sur la pratique au fil des mois, mais le basket restait un outil politique formidable pour montrer aux gens qui il était vraiment. Et c’est certainement en cela que sa présidence restera marquante dans le monde de notre sport. Car s’il n’était question que d’un hobby conservé en secret et réservé à quelques privilégiés, son image n’aurait pas été la même, son impact non plus. Mais en véhiculant un profil positif et évolutif à travers sa passion, celui qui rêvait de devenir meneur titulaire des Bulls avant de gérer les systèmes de la première puissance mondiale réussit à insuffler une dimension démocratique au basketball. Un pari fou, mené par le coeur, et finalement réussi avec brio.
Bon parleur, gros compétiteur et solide joueur, Barack Obama était un basketteur comme vous ou moi, qui avait la balle orange dans le sang. La politique ou le basket, l’un ne pouvait pas aller sans l’autre, simple question de passion. Dans quelques semaines, il laissera sa place à Donald Trump et donc derrière lui un énorme héritage. Car si ce dernier restera discutable politiquement parlant, il ne le sera point sur l’aspect sportif. L’heure est venue de dire adieu au président le plus boom-shakalaka de notre génération.