Elgin Baylor : plus sous-estimé et moins chanceux, tu meurs

Le 16 sept. 2016 à 18:13 par Alexandre Martin

Elgin Baylor

Quand les Lakers ont fait faire leurs bagues de champion en 1972, ils n’hésitèrent pas un instant à en prévoir une pour Elgin Baylor même si ce dernier n’avait pas joué la moindre seconde en Playoffs et très peu participé à la saison régulière. Dans les faits et par rapport au critères de la NBA, il n’était pas là. Il ne pourra pas se targuer d’avoir une bague à son palmarès de joueur mais dans le coeur des tous les fans Angelinos, de tous ses coéquipiers et de ses dirigeants, il mérite son bijou autant que les autres. Cette petite anecdote montre bien le respect inspiré par l’ami Elgin. Un respect en total décalage avec cette vilaine poisse et cette sensation d’avoir débarqué sur les parquets au mauvais moment qui l’ont poursuivi tout au long de sa carrière et qui font de lui un gars trop méconnu, trop sous-estimé…

Le 31 octobre 1971, les Lakers accueillaient les Warriors en saison régulière. Un match qui se soldera par une défaite, laissant Los Angeles avec un bilan de 6 victoires pour 3 défaites. Un match qui sera surtout le dernier de la carrière d’Elgin Baylor. Victime de problèmes de genou devenus ingérables, l’ailier décida de raccrocher les sneakers purement et simplement après 9 matchs dans cet exercice 1971-1972. Il faut dire qu’il n’avait déjà pu jouer que deux rencontres lors de la saison précédentes. Âgé de 37 ans, “Elg” a donc quitté les parquets définitivement usé physiquement et certainement mentalement aussi. Néanmoins, et il ne pouvait pas le savoir sur le moment, le timing de ce départ en retraite aurait difficilement être plus mauvais. En effet, lors de la rencontre suivante, les Lakers vont battre les les Baltimore Bullets, entamant ainsi une série de 33 victoires qui durera jusqu’au 7 janvier 1972 et qui est encore aujourd’hui la plus grosse série de victoires réalisée par une franchise dans l’histoire NBA. Pire, sur leur lancée, ces Lakers iront au bout en dominant les Bulls et les Bucks (oui ces deux équipes étaient à l’Ouest à l’époque), puis les Knicks en Finales. C’est donc un sympathique alliage de mauvais timing et de malchance qui a empêché ce bon Baylor de gagner un titre et pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé, d’avoir tout donner pour.

De 1958 – année de sa Draft – à 1971, les Lakers d’Elgin Baylor sont allés huit fois en Finales NBA dont sept auxquelles leur ailier au numéro 22 a très activemment participé – il n’a joué qu’un match lors des Playoffs de 1965 mais aurait tout de même pu être bagué officiellement si les siens étaient allés au bout – mais sans jamais gagner le titre suprême. A sept reprises (1959, 1962, 1963, 1965, 1966, 1968, 1969), les Angelinos se sont inclinés contre les invincibles Celtics de Bill Russell et consorts. Et en 1970, ce sont les Knicks de Walt Frazier et Willis Reed qui vont priver Elgin et ses potes de la bague. Il est évident que le vert doit être une couleur interdite dans la maison, voire dans l’environnement tout court d’Elgin Baylor… En même temps, en 14 saisons – dont deux quasiment inexistantes donc – le monsieur a tourné à 27,4 points, 13,5 rebonds et 4,3 passes décisives de moyenne. Pendant tout cette période, du haut de ses 196 centimètres et armé de plus de 100 kilos, il a terrorisé les défenses de la ligue avec son shoot très efficace et qu’il était capable de déclencher très rapidement au-dessus de joueurs plus grands, ses drives tout en puissance et sa faculté à trouver les partenaires démarqués après avoir fait la différence.

“Il était l’un des shooteurs les plus spectaculaires que le jeu ait connu. Quand j’entends les gens parler d’ailier aujourd’hui, je me dis qu’il n’y en a pas beaucoup que je peux comparer à Elgin.” — Jerry West en 1992

Ce n’est pas pour rien que dès son arrivée, Baylor s’est mis à dominer. 25 points et 15 rebonds par match sont venus garnir sa ligne de stats lors de son année rookie. Rookie de l’année et tout de suite All-Star, ce bon Elgin n’a pas perdu une seconde pour devenir l’un des joueurs phare de la ligue. Presque 35 points accompagnés de presque 20 rebonds chaque soir sur l’exercice 1960-1961 puis plus de 38 unités avec 18,6 rebonds de moyenne sur le suivant. Des chiffres assez phénoménaux pour un poste 3, il faut bien le reconnaître ! Ses moves tout aussi acrobatiques qu’athlétiquement difficiles faisaient fureur sur les parquets et animaient considérablement les foules se déplaçant voirles Lakers. Même avec l’arrivée de Jerry West (1961), celle de Gail Goodrich (1966) ou celle de Wilt Chamberlain (1968), Baylor continua de massacrer les feuilles de match jusqu’en 1970 où, à 35 ans, il posait encore 24 points et plus de 10 rebonds tous les soirs. Et le refrain fut donc le même pendant ces 12 années : domination en saison régulière, de gros Playoffs et puis… une défaite en finale (8 fois sur 12 donc). Cruel.

Hall of Famer, 11 fois All-Star, auteur de 71 points dans un match de saison régulière, de 61 dans un match de Finales – ce qui est d’ailleurs un record qui tient toujours – Elgin Baylor était un monstre de la balle orange. Un monstre qui appartient au club des “sans bague” ce qui lui a valu et lui vaut encore une reconnaissance bien moindre que ce qu’elle devrait être. En lui offrant cette fameuse bague de 1972 et en élevant son jersey en haut de leur salle, les Lakers ont participé et participent toujours à honorer ce grand monsieur du basket. 

Source : YouTube / Wilt Chamberlain Archive


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