Kevin Garnett : une bouche et un coeur immenses, des stats XXL, une carrière mythique

Le 19 mai 2016 à 10:03 par Alexandre Martin

Ce 19 mai 2016 est un jour important mine de rien dans l’histoire NBA. Car Kevin Garnett va souffler 40 bougies ce soir. Il va pouvoir célébrer tranquillement, en famille, son entrée dans le cercle fermé des monstres ayant fêté leur quarantaine encore en activité dans la Grande Ligue et dans celui – éphémère – des légendes ayant passé plus de la moitié de leur vie à écumer ces planches mythiques devant lesquelles nous passons nos nuits. 

On a parlé de Kobe Bryant tout au long de l’année. Le farewell tour du Mamba a été à la hauteur de l’icone qu’il est et restera. On a parlé de Dirk Nowitzki, de son irrésistible aptitude à scorer malgré l’âge et un physique d’expert comptable. On a parlé récemment de Tim Duncan, de cette destinée incroyable qui l’a vu participé – à 40 ans également – à une 19ème campagne de Playoffs. Mais finalement, nous ne sommes qu’assez peu penchés sur le cas Garnett. Et pourtant…

Les plus vieux d’entre qui ont eu le bonheur de voir “Da Kid” intégrer la NBA en 1995, viennent d’assister à 21 saisons de la part de cet intérieur qui semble tout simplement éternel. Il compte aujourd’hui 1462 matchs de régulière ce qui fait de lui le 5ème joueur ayant participé au plus de rencontres en carrière. Il devrait normalement rempiler pour une année chez ces Wolves qu’il a rejoint qui l’ont vu débarqué à l’origine, chez lesquels il avait déjà passé 12 ans et parmi lesquels il est revenu au cours de l’exercice 2014-2015 pour apporter sa science et son expérience à un groupe de jeunes loups plus que prometteurs. Voilà qui devrait lui permettre de dépasser des gars comme Karl Malone voire John Stockton pour s’installer sur le podium du nombre de matchs joués dans l’histoire NBA. Rien que ça ! Et surtout, cette saison 2016-2017 devrait être la 22ème de l’ami Kevin. Là, il ne s’agirait plus de rattraper qui que ce soit mais bel et bien de déposer un nouveau record, de laisser sur place ces messieurs Robert “The Chief” Parish et Kevin “Fresh” Willis.

Cette longévité exceptionnelle n’est pas le seul point notable de la carrière du “Big Ticket”. Une carrière marquée par cette bouche d’aboyeur, constamment ouverte sur et en dehors des terrains. Cette bouche toujours prête à distiller un trashtalking ciselé, plus ou moins agressif et méchant en fonction de la personne à laquelle il s’adresse. A l’instar de Gary Payton par exemple, Kevin Garnett ne se retient jamais de chambrer ses proches ou ses coéquipiers dans la rue, à la maison ou dans les vestiaires. Et alors sur le terrain… Le bonhomme crie, hurle, vocifère sur tout ce qui bouge. Il replace les siens, les dirige. Il titille, énerve voire insulte adversaires afin de mieux les sortir de leur match. Cette bouche est toujours ouverte et il y a fort à parier qu’elle le restera même quand il s’éloignera des parquets. Et puis il y a cette âme de guerrier, ce coeur plus grand que la NBA elle-même qui caractérise aussi ce bon vieux KG.

Il est un peu bruyant, un peu trop énergique parfois mais il est cool. J’ai de plus en plus de respect pour lui parce que je n’ai jamais vu quelqu’un qui voulait gagner plus que lui. — Tim Duncan

Timmy D. vient de résumer, en une phrase, le sentiment général de beaucoup de joueurs à propos de Garnett. Le mec saoule avec cette bave parfois nauséabonde qui coule de ses lèvres ou ses mots qui vous hante et vous perturbent tout au long d’une rencontre mais comment ne pas respecter un tel fighting spirit ? Ne cherchez pas, c’est juste impossible. D’autant plus que, de toutes façons, KG n’est pas devenu comme ça, il l’a toujours été. Nous avons ici devant nous un trashtalker au plus profond de son être, un battant qui ne se décourage jamais, qui revient toujours plus fort après chaque coup dur, un gars qui ne laisse jamais tomber son équipe et qui a gravi tant de montagnes avec cette combinaison bouche – coeur de première catégorie qu’il est aujourd’hui un exemple pour tous les jeunes qui débarquent sur la planète orange.

Mais en NBA, on ne devient pas un légende juste en ouvrant sa bouche ou en mouillant le maillot… Il ne faudrait pas que ces caractéristiques prédominantes chez Garnett occultent le joueur, ce basketteur aux qualités athlétiques très au-dessus de la moyenne, à la technique superbe et, surtout, au sens du jeu inné.

Sa compréhension du jeu, son feeling pour le jeu, sont des choses que vous ne pouvez pas enseigner. Soit vous les avez, soit vous ne les avez pas.  — Magic Johnson

Le boss du Show Time ne fait pas forcément que des remarques très pertinentes mais en termes de compréhension et de feeling pour le jeu, nous pouvons lui faire confiance étant donné qu’il est un peu l’emblème de la NBA dans ce secteur. D’ailleurs, sur le cas du Loup le plus connu de NBA, Magic ne s’est pas trompé. KG sait tout faire sur un parquet. Long de 211 centimètres, il n’a pas seulement été un intérieur dominant, il a dominé tout court et dans tous les secteurs. En 2002-2003, il a par exemple été le meilleur marqueur, rebondeur, passeur, intercepteur et contreur des Wolves. Aujourd’hui, il est tout bonnement le seul joueur de l’histoire à avoir cumulé au moins 25 000 points, 10 000 rebonds, 5 000 passes décisives, 1 500 contres et 1 500 interceptions. Oui, vous avez bien lu, c’est assez dingue nous vous l’accordons et le gars qui pourra aller chercher ce genre de ligne statistique n’est probablement pas encore né, voire ne verra jamais le jour. Oui, pendant des années Kevin Garnett a été l’un des patrons de la Ligue…

Nous parlons ici d’un gamin arrivé en NBA à 19 ans directement en sortie de lycée et ayant amassé plus de 327 millions de dollars en carrière rien qu’en salaire en tant que joueur. Un gamin d’abord appelé “Da Kid” et qui est devenu “The Big Ticket”. Un gamin qui a tout appris sur les parquets, devenant ainsi un homme qui a tellement donné à la Grande Ligue et à ses fans qu’il est impossible de ne pas poser un genou à terre devant sa carrière, impossible de ne pas se sentir concerné par l’entrée dans la quarantaine d’une telle légende, impossible de ne pas avoir envie de profiter jusqu’au bout de ce que Kevin Garnett a encore à nous donner…

Source image : Jesse Johnson, USA TODAY Sports