Le double-sweep des Cavs : un vrai signe de domination ou un vieil arbre qui cache la forêt ?

Le 09 mai 2016 à 08:36 par Bastien Fontanieu

C’est un des sujets les plus mentionnés ces derniers jours, une des interrogations les plus trompeuses de cette dernière semaine. Les Cavs déroulent, les Cavs enchaînent, mais les Cavs sont-ils aussi bons que ce que leur bilan en Playoffs suggère ?

Une des rares joies procurées par chaque saison NBA est ce moment quasi-immanquable, durant lequel les attentes du début de saison sont oubliées, comme par magie. Personne de visé en particulier, le constat est envoyé tel quel, car il affecte chacun dans des proportions tout à fait différentes. Il y a ceux -comme nous- qui bondissent dès le moindre match pour émettre de plates conclusions. Il y a ceux -comme nous- qui restent droits dans leurs bottes après les analyses de l’automne dernier. Et puis il y a ceux -comme nous- qui mélangent un peu des deux, aiment se complaire dans les affirmations du mois d’octobre tout en se laissant bercer par la hype de celui de mai. Oui, nous sommes tous un peu de tout, à la fois et sans vraiment se décider, comme pour ces Cavs qui divisent encore une fois la planète NBA. Alors, ce double-sweep, on s’en tape ou comment ça se passe ? Depuis quand battre les Pistons et les Hawks représente un acte de grandeur ? Sans vouloir manquer de respect à Stan Van Gundy et à Mike Budenholzer, ni à leurs joueurs, l’objectif principal affiché et annoncé par Cleveland n’était pas de passer les deux premiers tours de Playoffs. LeBron le disait lui-même, d’ailleurs, que son équipe était destinée à réaliser de grandes choses. Un petit 8-0 d’entrée ? Sympathique, rassurant même. De là à en faire tout un plat, avec des ponts bien mous entre la Conférence Est et celle de l’Ouest ? Hell nah.

Car s’il y a bien un rappel qu’on vient d’évoquer et qu’il faudra placarder dès la moindre interrogation lors des prochaines semaines, c’est celui-ci. Cleveland est attendu en juin, en Finale NBA, point barre. Il n’y a pas de plan B, pas de plan C et de grandes inquiétudes à fonder jusque là, la mission principale consiste à conserver la couronne de la Conférence Est sans y laisser de victimes dans les troupes locales, et espérer que Golden State soit à nouveau là pour représenter l’Ouest, afin de proposer une revanche aux sbires de LeBron. Dans le jeu ? On pourra bien évidemment analyser le produit proposé par Tyronn Lue, et donner quelques indications. Une réussite affolante à distance, mais qui se traduit aussi par la couverture Bridelight offerte par les Hawks. Un jeu assez mitigé sur demi-terrain, là on touche à un sujet nettement plus sensible. Pour le moment, Cleveland n’a pas eu à sortir son mode vénère pour se tester et ainsi réaliser des ajustements. Un mal, comme un bien, que ce soit physiquement comme psychologiquement. Car même si le Heat ou les Raptors pourront offrir une potentielle défaite, allez deux, en finale de conférence, on en revient au point initial qui ne change pas : les Cavs veulent le trône de la Ligue, pas le strapontin aux pieds des Warriors. Et pour le moment, les séquences proposées sur un rythme calme sont assez limitées. On fronçait déjà quelques sourcils lorsqu’on voyait l’activité des jeunes Pistons contrer de nombreux schémas offensifs de Cleveland. Un premier avertissement évidemment sans frais, mais qui montrait au passage qu’aussi under-control que sont ces Cavs, leur jeu était encore en construction. Le bon point ? C’est que la confiance des vétérans et surtout des snipers est à un très haut niveau actuellement. Le mauvais, ou disons plutôt le possiblement contraignant ? C’est qu’une machine qui n’est pas vraiment testée peut vite se retrouver en surchauffe, si on lui demande de jouer dans un cadre auquel elle n’est pas habituée. Parole de mécanicien.

Ainsi, ce début de Playoffs sert de double cadeau pour ceux qui aiment et châtient Cleveland à la fois. Le bilan jusqu’ici, la domination dans les matchups et l’absence d’éléments véritablement préoccupants ont de quoi faire sourire les avocats de l’Ohio, à quelques confrontations d’un retour en Finale NBA. Le jeu sur demi-terrain, la dépendance de l’adresse extérieure et un banc un poil ric-rac serviront de bouffe bien grasse pour meubler les arguments prêts à être bombardés lors de la dernière série de la saison. Mais ce qu’on ne peut nier, en dépit des détails évoqués et qui pourront possiblement se retourner contre Kyrie et ses potes, c’est que les Cavs semblent déterminés à ne laisser aucun doute dans leur quête ultime d’un titre de champion, et c’est là une attitude plaisante à voir, découlant directement de son leader. Les souvenirs des défaites sous Tyronn Lue sont encore frais, probablement car on avait tous encerclé cette division au sein du groupe lorsque les nuages se multipliaient. Au moment où ces lignes sont écrites, les soldats de Cleveland roulent paisiblement car l’adversité n’a pas encore véritablement traversé leur route. Il y a eu le public de Détroit, pendant un quart-temps, le comeback des Hawks au Game 1, pendant un quart-temps, puis que dalle. Pas de pression médiatique, pas d’affaire intrigante dans les médias, pas de déclarations nucléaire en sortie de match. Tout ça sera probablement coché en juin, voire peut-être fin-mai si l’autre finaliste de la Conférence Est arrive à faire tanguer le navire, mais en référence au paragraphe deux – ligne une de ce Petit Guide du Cavalier Fûté, on continuera à placarder le même message jusque là : Cleveland est attendu en juin, point barre.

Difficile de véritablement analyser une équipe et son niveau de progression lorsque le seul élément d’adversité aura été un changement de porte à l’aéroport d’Atlanta. Comme nous le rappellent si bien les Spurs de 2012, qui avaient commencé leurs Playoffs par un 8-0 semblable avant de se faire sortir par le Thunder : rien ne sert de sortir les fourches maintenant, il suffit de les aiguiser en attendant…

Source image : Cleveland.com


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