Bilan de saison 2015, version Rockets : un exercice trompeur à l’image de leur franchise…

Le 31 mai 2015 à 20:48 par Leo

Fringants durant la quasi totalité de la saison régulière, les Rockets de Kevin McHale se sont classés deuxièmes de la Conférence Ouest avant de terminer aux portes des Finales NBA. Bien que leur parcours puisse paraître merveilleux en apparence, les enseignements qui en sont à tirer resteraient à nuancer et à prendre avec des pincettes, sous peine de se perdre dans un rêve de titre qui ne se réalisera pas. Ou en tout cas, pas de sitôt…

Ce que TrashTalk avait annoncé :

48 succès pour 34 revers : tel était le bilan que notre Rédaction avait attribué en amont à cette équipe remaniée de Houston. Malgré la perte de Chandler Parsons, parti à Dallas à l’intersaison, les arrivées de Trevor Ariza et de Jason Terry ainsi que l’émergence de Patrick Beverley et du Lituanien Donatas Motiejunas avaient apporté du poids – sur le papier – à ces Texans, exclus dès le premier tour par les Blazers de Damian Lillard en 2014. Les attentes demeurant toujours aussi élevées dans cette région des Etats-Unis, on n’en attendait pas moins de ces Fusées regonflées à bloc à l’image d’un duo Harden/Howard très bavard et excité d’en découdre à l’aube du lancement de la saison…

Ce qui s’est vraiment passé :

Quelques banderilles à trois-points et pas mal de petits bobos plus tard, les Rockets finissent l’exercice avec 56 victoires et un grand coup réalisé le dernier soir de la saison. Honorant sa promesse, James Harden nous targue d’une année de MVP, finissant tout près de Stephen Curry au classement final. Les voyants sont alors au vert, McHale est même reconduit dans ses fonctions pour un nouveau mandat et les fans de la franchise, déguisés en cuistots barbus dans les travées du Toyota Center, se prennent donc à rêver d’un troisième titre de champion après le doublé en 1994-95 ! D’emblée en Playoffs, ce ne sont pas les rivaux d’à côté, autrement dit les Mavericks de Parsons Nowitzki, qui vont contrecarrer leurs plans (vaincus 4 à 1). Ensuite, Houston a davantage galéré face aux Los Angeles Clippers qui leur ont mené la vie dure, tous proches de les sortir après avoir dirigé les débats à 3 victoires à 1 dans une demi-finale de Conférence aussi indécise que brouillonne des deux côtés. Néanmoins, confiants en leurs forces comme ils l’avaient été durant l’ensemble de l’année, les Texans trouvent des ressources salvatrices afin de venir à bout des Voiliers (4-3).

Enfin, de nouveaux Californiens se dressent sur leur route sinueuse au tour suivant, des Warriors avec le vent en poupe qui bénéficient de l’avantage du terrain cette fois-ci. Et c’est alors que les Rockets vont déchanter, au bord de se faire sweeper à 3 à 0. Sauvant malgré tout l’honneur, les hommes de l’ancien Celtic de Boston boiteux ne reverront pas les Finales en dépit de bonnes intentions qui ont su leur conférer du courage et les élever continuellement. En somme, que du positif sur tous les plans pour Daryl Morey et sa troupe cette année, sauf que si l’on se projette un tant soit peu dans le temps, eh bien c’est à se demander si cette franchise, dans sa structure actuelle, n’a pas atteint ici son maximum…

L’image de la saison :

11258027_475251455972754_1247149260738063312_n

James Harden, après ses 13 ballons perdus lors du dernier match de la saison…

On (ne) l’attendait (pas), il a cartonné : Trevor Ariza

Si le départ de Chandler Parsons avait fait pleurer dans les chaumières, le retour de l’ancien Laker titré en 2009 a redonné le sourire aux Rockets et à tous leurs supporters. En effet, l’ailier vétéran a apporté de la solidité à un collectif parsemé qui ne demandait qu’à être assaisonné d’un soupçon de rigueur et d’expérience. Autre que ses qualités défensives, Ariza, loin d’en attendre moins de sa part, n’a pas hésité à artiller longue distance dès qu’il le fallait ou dès que son acolyte barbu était en manque d’inspiration. Polyvalent, surtout en Playoffs, il l’a par ailleurs excellemment épaulé avec 13,2 points, 6,4 rebonds et 2,6 passes décisives de moyenne en 17 rencontres de post-season. Enfin, il coûtera de moins en moins cher aux trésoriers de Houston et ne cessera de se draper dans son manteau de role-player de luxe jusqu’en 2018, date de la fin de son contrat. Contre vents et marées, le Trevor, à la manière de son alter ego déjanté dans GTA V, demeure une valeur sûre sur laquelle s’appuyer.

On l’attendait au taquet, et il a abusé : James Harden

Prudence, on vous voit venir avec votre char et vos grands sabots… Sur la saison régulière, rien à redire sur la performance fantastique du Barbu : au terme des 81 matches qu’il a disputés, il aurait très bien eu droit de poser une main sur le trophée de MVP en compagnie du meneur de Golden State (27,4 points, 7 passes et 5,7 rebonds par affrontement). Ceci étant dit, les Playoffs révèlent souvent au grand jour les défauts criants des meilleurs, ou plutôt de ceux qui se pensent les meilleurs… Car si les régents de sa franchise mettent tout en oeuvre pour lui étiqueter cette image aux yeux d’un public émerveillé par ses step-backs ou ses pénétrations folles dans les raquettes adverses, les lacunes de son jeu démontrent qu’il n’en a pas encore l’étoffe, voire qu’il ne l’aura jamais. Ses statistiques sont étrangement similaires à celles de la saison régulière : “élever son niveau”, ça te dit quelque chose James ?!

Pourtant, esthétiquement, tout y est : la barbe singulière, les signature moves, les gimmicks reproductibles universellement, le pouvoir attractif de sa personne, son influence sur la Toile, etc. Mais sa nonchalance, son manque d’entrain défensif, sa gestion bancale de plusieurs crunch times dans ces Playoffs et d’autres (cf. 2012 mais il était trop jeune, ça compte pas…), ses disparitions fréquentes au cours des matches qui ont notamment laissé le tandem tout neuf Brewer/J-Smith se démerder et faire le sale boulot à sa place (cf. Game 6 face aux Clippers mais ça compte pas non plus, McHale l’avait cloué sur le banc au marteau-pilon) sont autant de symptômes avant-coureurs d’un “syndrome Melo”, ou “grippe Rudy Gay” selon les variantes, qui se propage de plus en plus en NBA. De ce fait, si la cavalerie ne rapplique pas illico pour venir l’aider et le bonifier rapidement (donc un nouveau playmaker possédant tous les attributs d’un franchise, même officieux ou avec moins de charme), il est peu probable qu’il retrouve les Finales NBA – les vraies, comme en 2012 – dans ces conditions. Amis Rockets, à méditer…

La vidéo de la saison, parce qu’elle déchire et qu’elle résume plutôt bien leur stratégie de com’ :

Ce qui va bientôt se passer :

Notre perception des choses peut paraître sévère au premier abord mais elle est inoffensive comparée au management opportuniste et avilissant des Rockets sur ces 20 dernières années. Alors oui cette saison est une réussite, oui elle a vendu du rêve à tout le monde avec le Barbu et ses copains en têtes de gondole, oui les Rockets ont rameuté une nouvelle clientèle et rempli leurs tiroirs-caisses sauf qu’il est un peu facile de se réjouir des accomplissements sportifs réalisés dès que cela vous arrange. Glissant la poussière et leur logique pécuniaire sous le tapis à leur guise, les Fusées gambadent dans le paysage NBA en troquant le spectaculaire au meilleur prix et en acceptant les louanges quand elles se présentent ou quand elles sont méritées. En l’occurrence, c’est le cas et on les en félicite. Toutefois, malgré sa volonté d’améliorer l’effectif cet été encore, cette franchise assez plaisante en apparence de Houston peut toujours s’estimer heureuse de cette année réussie ; or, si elle ne remet pas le versant sportif en tant que tel au centre de ses préoccupations avec la rigueur et la justesse alchimiques qu’il impose, sans une réévaluation du rôle à jouer de James Harden, sans un choix moins mercantile mais plus méthodique de ses pièces à conviction, cette campagne 2015 pourrait ne donner aucune suite du même acabit ou du même intérêt. Sportif hein, entendons-nous bien…

Source image : Twitter

Source image : Getty Images


Tags : Bilan