D’un Européen des Bulls à l’autre, Toni Kukoc évoque Nikola Mirotic

Le 07 août 2014 à 09:28 par David Carroz

Arrivé à Chicago il y a 21 ans, Toni Kukoc est bien placé pour évoquer la signature de Nikola Mirotic aux Bulls. Si les époques sont différentes et que les mentalités ont changé avec une internationalisation de la ligue, le Croate est persuadé que son successeur naturalisé espagnol a tout pour réussir, dans un contexte plus favorable que ce qu’il avait connu en 1993. De l’adaptation au jeu à l’entente avec ses nouveaux coéquipiers, Mirotic devrait plus facilement trouver sa place.

Il faut dire que les difficultés étaient nombreuses pour Toni Kukoc. Peu d’Européens évoluaient en NBA, et encore moins devaient se retrouver sur le devant de la scène. La plupart des membres de la Grande Ligue, coachs ou joueurs, ignoraient presque jusqu’à l’existence des championnats du Vieux Continent en caricaturant un peu. Kukoc le reconnait lui-même. Cela ne sera pas le cas pour Mirotic puisque les prospects étrangers ne sont plus vus comme des bêtes sauvages inadaptées pour le jeu U.S.

Maintenant le front office, les coachs, les joueurs, ils connaissent les joueurs qui arrivent bien mieux qu’à mon époque. Je ne pense pas que Phil Jackson avait vu le moindre de mes matchs et bien entendu, aucun de mes coéquipiers autres que Michael [Jordan] et Scottie [Pippen], qui m’avaient affronté aux Jeux Olympiques, ne m’avait vu jouer. Donc j’étais une énigme de ce point de vue. – Toni Kukoc.

Sans compter que la “Panthère Rose” débarquait dans une équipe qui venait de réaliser le threepeat et qui voyait Jordan prendre sa retraite, ce qui ajoutait à la pression sur ses épaules, mais aussi à l’incompréhension des autres joueurs des Bulls. Nikola Mirotic arrive lui dans une franchise à la recherche de son glorieux passé et à l’effectif bien plus jeune, soudé et qui possède depuis peu un Espagnol (Gasol) pour l’aider à s’acclimater.

Aussi, arriver chez les Bulls champions du Monde, quand ils venaient juste de remporter trois titres consécutifs, ils se demandaient “C’est qui ce type ? Qu’est-ce qu’il va nous apporter ? On est champions du Monde.” Il n’y a rien d’une telle pression sur Nikola Mirotic aujourd’hui. Cette équipe est jeune en dehors de Pau Gasol, et rien de cette expérience de champion, même pas celle d’être allée loin en PlayOffs. Donc tout le monde qui apporte un truc frais est une addition bienvenue. Ils n’ont aussi jamais donné l’impression d’avoir des divisions dans le groupe. – Toni Kukoc.

John Paxson, qui a été le coéquipier du Croate pendant un an, a lui aussi ressenti les difficultés rencontrées par le nouvel arrivant. Il n’a donc pas voulu précipiter les choses avec Nikola Mirotic pour être sûr que sa signature se fasse au bon moment pour le groupe et pour le joueur.

Je pensais qu’à l’époque ce n’était pas juste pour Toni de devoir se développer d’une façon où il ne pourrait pas atteindre les attentes placées en lui. Nous avons beaucoup discuté de faire venir Nikola et ne pas le laisser se construire, qu’il devrait se développer et gagner sa place en tant que joueur. En plus, avec Joakim [Noah], Taj [Gibson] et Pau [Gasol] maintenant, on ne lui demandera pas d’en faire autant que ce qui était demandé à Toni dès son arrivée. – John Paxson.

Il faut dire que Kukoc débarquait en ne jouant qu’ailier, un poste réservé à un certain Scottie Pippen. Il a donc dû apprendre à jouer power forward, en développant un jeu au poste qu’il ne possédait pas. Nikola Mirotic possède déjà quelques bases pour jouer en 4 en NBA, même s’il a encore des progrès à faire. Il dispose également de sérieux fondamentaux, et il est prêt à travailler dur pour réussir avec les Bulls. Il va d’ailleurs s’entrainer cet été avec son coach personnel à Chicago un mois avant la reprise du camp d’entrainement. Ce qui est sûr, c’est que l’intérieur espère contribuer dès sa première saison.

J’ai senti que le bon moment était venu, cette année, aussi bien pour moi personnellement et en particulier parce que j’aurai la chance de plus progresser en tant que basketteur ici et parce que j’étais absolument sûr de pouvoir m’adapter aux Chicago Bulls et au jeu NBA dès ma première saison. – Nikola Mirotic.

L’adaptation, une notion-clé qui est bien plus aisée qu’il y a 21 ans dans une ligue où les joueurs étrangers sont maintenant légion. Toni Kukoc se souvient d’ailleurs de la solidarité entre eux à l’époque où ils n’étaient qu’une poignée à avoir le privilège d’être en NBA.

C’était dur à l’époque parce que nous n’étions qu’un petit nombre en NBA et je me rappelle de Vlade Divac et Drazen Petrovic qui passaient du temps à parler avec nous au téléphone après chaque match en essayant de rappeler à quel point ils étaient proche de s’installer en NBA. – Toni Kukoc.

Ce qui leur fallait, c’était jouer. Se mesurer aux meilleurs. Car si les Américains ne regardaient pas les championnats européens, l’inverse était faux. Les joueurs du Vieux Continent avaient tous vu des matchs NBA, à ce dire qu’ils savaient faire les mêmes choses. Mais entre savoir le faire et le réaliser sur les parquets U.S., il y avait une différence. De rythme, de physique. Il fallait donc se mesurer aux meilleurs pour s’en rendre compte et prendre conscience des efforts à fournir pour atteindre leur niveau.

Si vous pouvez admettre ce qu’il vous manque vraiment, c’est la meilleure des choses. Je voulais devenir aussi fort que possible. Mirotic est comme ça aussi j’ai entendu dire. – Toni Kukoc.

Si Nikola Mirotic devient aussi fort que Toni Kukoc, les Bulls pourront se frotter les mains, le Croate ayant été un acteur majeur du second threepeat des Bulls. Maintenant, il faudra sûrement tout de même quelques temps pour que le néo-Bull s’adapte au jeu NBA. Il devrait  pouvoir le faire tranquillement et en bonne compagnie puisque Pau Gasol pourra le conseiller et que l’ancien Laker assurera le taf aux côtés de Joakim Noah et Taj Gibson en attendant que Mirotic puisse contribuer régulièrement et atteindre son potentiel. 

Source : ESPN.

Source image de couverture : AP Photo – M. Spencer Green