Miroir, miroir : le cas Derrick Rose doit-il servir d’avertissement pour Kobe Bryant ?

Le 23 nov. 2013 à 19:47 par Bastien Fontanieu

Alors que le premier come-back le plus attendu de la saison a pris un sacré coup de mou, en voyant la blessure de Derrick Rose à son autre genou hier soir à Portland, le second retour ultra-médiatique concernant cette fois-ci Kobe Bryant pourrait prendre quelques bonnes leçons du phénomène des Bulls. Ou pas ?

Avant même que la saison commence, tous les yeux étaient rivés sur ces deux stars sur comme en dehors des terrains : Derrick Rose et Kobe Bryant, sans vouloir tacler Rajon Rondo du côté de Boston, deux des noms les plus attendus de l’année par les fans de NBA, qui ont vécu chacun de leur côté deux blessures si différentes, à des âges si distants, mais dont l’importance dans leur équipe est si grande.

Sur le papier quand on y regarde de plus près, peu de choses les rassemble. Du palmarès, au poste, en passant par la longévité ou leur conférence, c’est un peu comme si vous mettiez Kendrick Perkins et Ramon Sessions dans une même phrase et qu’on vous promettait qu’un lien unissait ces joueurs. Seulement, les équipes médicales de KB24 et de DR1 vous diront le contraire : le temps passé sur leurs égéries, la pression vécue par celles-ci et les craintes qu’elles ont chaque fois qu’elles voient ces stars courir les rassemble bien. Mais surtout, de nos propres yeux, dans ce qu’on a vu tout au long de leur carrière bien que leur durée soit différente, ce qui rassemble irrémédiablement Derrick Rose et Kobe Bryant c’est cette passion pour le jeu, ce dévouement total pour leur équipe, capacité extra-terrestre à se surpasser quand le réservoir indique zéro, qui peut être un don formidable pour une franchise mais également un sort pour ces joueurs.

Du coup, est-ce vraiment surprenant de voir Dédé se blesser hier à Portland, après avoir vu le matraquage médiatique vécu par la star d’Adidas, et le rythme de jeu pratiqué par l’intéressé après 18 mois d’absence ? Plus qu’une histoire de ligament, de différent genou, de physique, de quelque chose de palpable et qu’un groupe médical peut effacer manuellement, cette blessure vécue par Derrick Rose face aux Sixers lors des PlayOffs 2012 a laissé un énorme fardeau émotionnel, une enclume psychologique et qui fait malheureusement aujourd’hui son plus grand effet. Comment pouvoir imaginer que la blessure d’hier chez les Blazers n’est due qu’à un mauvais contact, un bad-karma envers la carrosserie quand on sait le bordel ambiant entourant Rose depuis ses premières foulées, son premier match, sa première remontée de balle, que la totalité des médias tentait de disséquer, analyser pour mieux prévoir ses futures performances ? Comment prétendre que dans l’esprit du natif de Chicago, le doute n’ait pas pris une énorme part de son quotidien en s’étant privé de basket pendant un an et demi, en ayant tout donné pendant sa rééducation, et en étant persuadé qu’une fois de retour, il retrouverait son niveau d’antan, celui qui l’avait couronné MVP en 2011 ?

Comme on peut donc le voir, il est évident que cette blessure hier fait à la fois appel à une malchance physique, mais aussi à un lourd antécédent psychologique. Impossible de pouvoir envisager une carrière en NBA, encore moins un come-back, sans posséder une confiance extrême en soi, un soupçon de réalisme, et beaucoup de sagesse. Et Kobe du coup ? La star des Lakers a repris les entraînements ces derniers temps, et semble retrouver petit à petit sa meilleure condition physique. Doit-on là aussi y voir les premiers signes d’un retour qui prendra rapidement fin, ou au contraire la ligne qui sépare le jeune taureau fringuant plein d’espoir du vétéran sage et conscient du chemin qu’il faut respecter avant de revenir au top ? Il sera en tout cas intéressant de voir si Kobe, qu’on connait incapable de jouer à moitié de ses capacités, sera en mesure d’accepter les limites imposées par une telle blessure au tendon d’Achille, le pied mis sur cette pédale qu’il a constamment ignoré, le poussant notamment à défendre l’an passé en presse tout terrain à son âge et l’envoyant de facto sur le côté après avoir trop tiré sur la corde.

Calendrier trop intense ou karma prévisible ? Non. Cette blessure qui vient toucher Derrick Rose hier montre une nouvelle fois l’immensurable part de chance et de psychologie qui entoure les victimes de blessures sérieuses, et à quel point il est impossible de pouvoir deviner l’avenir sur un tel registre. Kobe aura-t-il un chemin plus calme que celui vécu par Derrick en ce moment-même ? La réponse, très bientôt, en espérant franchement qu’elle soit positive.