La rivalité Bucks – Celtics ne date pas d’hier : retour sur le tir mythique de KAJ au Game 6 des Finales 1974

Le 10 mai 2019 à 19:35 par Nathan Grenouilleau

Kareem Abdul-Jabbar Bucks
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Bucks – Celtics, une rivalité naissante ? Détrompez-vous, ces deux franchises nous ont déjà offert bon nombre de moments mythiques par le passé, et nul doute que ce Game 6 des Finales 1974, le 10 mai précisément, en est un des plus marquants. Menés 3-2 dans la série, il aura fallu deux prolongations et un tir mythique de Kareem Abdul-Jabbar pour que les Bucks arrachent un Game 7 à domicile. Et si on faisait un bond en arrière pour revivre cet affrontement magique ?

Premièrement nous tenons à vous rassurer, vous n’êtes pas fous, ces deux équipes se sont bien affrontées… en Finales NBA. Oui, c’était possible en 1974 puisque la franchise du Wisconsin avait été en 1970, deux ans seulement après ses débuts dans la Ligue, reversée dans la Conférence Ouest, et vu la bataille que ça nous a donné quatre ans plus tard, on peut dire que c’était une bonne chose. En 1974, lorsque les Playoffs démarrent, deux équipes font peur à toute la concurrence : Boston d’un côté, Milwaukee de l’autre. La saison 1973-74 de Boston ? 56 victoires, 26 défaites et une première place de la Conférence Est validée. La saison 1973-74 de Milwaukee ? C’est encore plus fort. 59 victoires pour seulement 23 défaites, les Bucks se placent tout en haut de la hiérarchie NBA. L’affiche des Finales était donc courue d’avance ? Et bien, pas tellement. En effet, depuis leur titre en 1971, les Bucks n’avaient plus réussi à atteindre les Finales NBA. Pire, ils avaient même échoué dès les demi-finales en 1973. Côté Celtics ? Cela faisait deux saisons de suite qu’ils se faisaient sortir en Finale de Conférence par les Knicks. On était donc loin d’être assuré de voir Bucks et C’s se disputer le trophée Larry O’Brien. Oui, mais les Dieux du basket devaient souhaiter la voir, cette bataille. À l’Ouest, KAJ et sa bande ne mettront pas longtemps à rejoindre les Finales. Un petit 4-1 pour démarrer face aux Lakers avant de déboîter les Bulls 4-0 (oui, Chicago se trouvait aussi à l’Ouest, drôle d’époque), c’est ce qu’on appelle confirmer sa saison régulière. À l’Est, les hommes de Tom Heinsohn écarteront quant à eux gentiment les Buffalo Braves (4-2) avant d’enfin surmonter leur démon new-yorkais en infligeant un joli 4-1 aux Knicks. Comme pressenti, comme espéré, les deux meilleurs bilans de la Ligue se retrouvent donc en Finales, de quoi s’attendre à une série dantesque et c’est peu de le dire. Il est clairement impossible de déterminer un réel favori, et ça se confirme très vite. John Havlicek et sa troupe débutent fort et volent d’entrée l’avantage du terrain aux Daims. 98-83, la victoire est nette et sans bavure pour Boston. Le problème pour les C’s, c’est qu’en face il y a un gars plutôt doué balle en main qui va leur mettre la sauce au Game 2. Malgré une superbe résistance pendant quatre quart-temps, Jo Jo White et compagnie finissent par craquer en prolongation face aux 36 points et 15 rebonds du futur scoreur le plus prolifique de l’histoire. 1-1, puis 1-2, puis 2-2, aucune équipe ne veut céder. La série semble pourtant basculer lors du Game 5, à Milwaukee, lorsque les Celtics, emmenés par un “Hondo” auteur de 28 points, viennent à bout des Daims malgré un Kareem Abdul-Jabbar des grands soirs, auteur de 37 points. Les celtes viennent tout simplement de se donner l’occasion de plier l’affaire à la maison lors du Game 6, une occasion en or quand on voit à quel point cette série est indécise. Un must win pour Milwaukee ou un premier titre depuis la fin de l’ère Bill Russell, ce Game 6 promettait donc d’être fou et il l’a été.

48 minutes de pure folie ? Non, 48 minutes ce n’était pas assez pour un match comme celui-ci. Si Milwaukee prend très vite les commandes de ce match, notamment en raison du retour rapide de Dave Cowen sur le banc celte à cause d’un problème de fautes, Boston ne lâche rien, s’accroche et grappille son retard petit à petit. 12 poins d’avance à la fin du premier quart-temps pour les daims, puis 7 à la mi-temps et l’écart continuera de diminuer jusqu’à ce que les deux équipes se retrouvent à 86-86 à… 1 minute de la fin du quatrième quart-temps. Dans ces moments cruciaux, la bande à Oscar Robertson avait montré tout au long de la régulière qu’ils étaient des tueurs. Oui, mais là, les tueurs se sont fait museler par une défense suffocante des C’s qui obligera Jon McGlocklin a prendre un tir casse-croûte au buzzer… raté ! 86-86, fin du quatrième quart-temps, overtime. Le Boston Garden est bouillant pour cette prolongation, qui sera pourtant loin d’être la plus prolifique de l’histoire. En effet, les deux défenses sont absolument monstrueuses. Si la perte de balle adverse n’est pas provoquée, il est hors de question de lui laisser le moindre espace pour prendre un bon shoot, et quand on vous dit ça, on ne rigole pas. Alors qu’il ne reste que 13 secondes à jouer dans cette prolongation, 6 points seulement ont été inscrits, 4 par les Bucks et 2 par les Celtics. 13 secondes à jouer, 2 points de retard, ballon pour les Bucks, c’est bon, c’est plié non ? Non. Interception celte sur la remise en jeu, ballon dans les mains de “Hondo” qui remonte le terrain, se stop en tête de raquette, dégaine et loupe… avant de prendre son propre rebond et envoyer la balle au fond du cercle. 4-4 dans cette prolongation, 90-90 après 53 minutes de jeu, on est reparti pour 5 minutes de plus, 5 minutes où le Boston Garden restera debout. Milwaukee ne se laisse pas démoraliser et, une fois encore, prend tout de suite le lead dans cette deuxième prolongation, mais Havlicek semble totalement inarrêtable et marque trois nouveaux points après avoir obtenu le and one. 93-92, puis 93-94, les deux équipes se rendent coup pour coup dans cette fin de match épique. Nouvelle lueur d’espoir pour les coéquipiers d’Oscar Robertson, Dave Cowen commet sa sixième faute et quitte définitivement ses partenaires au plus mauvais des moments. L’atmosphère est littéralement irrespirable du côté de Beantown, le temps file mais les deux équipes se tiennent toujours en 1 point. Les Bucks reprennent l’avantage 99-100 alors qu’il ne reste qu’une quinzaine de secondes à jouer, mais une fois de plus, c’est John Havlicek qui vient faire exulter le Boston Garden en inscrivant ses huitième et neuvième points de la prolongation pour porter le score à 101-100. Trois secondes, trois petites secondes seulement séparent Dave Cowen et sa clique du titre de champion NBA. Le public est fou, il ne peut désormais plus rien imaginer d’autre que la victoire, parce que oui, trois secondes, c’est extrêmement court, mais en trois secondes, certains joueurs sont capable de changer le script de l’histoire. Remise en jeu Milwaukee, ballon dans les mains de Kareem Abdul-Jabbar qui drive ligne de fond et déclenche son célèbre hook… qui tombe dedans malgré une défense irréprochable des celtes. Les coéquipiers de Jo Jo White se seront défoncés pendant 58 minutes pour se faire crucifier au buzzer par le grand KAJ (34 points à 16/26 au tir sans sortir une seule fois du match). Ce Game 6 s’achève donc sur le score de 101-102 à l’avantage de Milwaukee, mais outre le résultat magnifique des Bucks, ce Game 6 s’inscrit en ce mois de mai 1974 comme l’un des matchs les plus fous de l’histoire des Finales NBA. Mythique, tout simplement.

Le 10 mai 1974, les fans présents au Boston Garden assistaient à 58 minutes de grande qualité. Ce Game 6 aura été celui des Bucks, celui de cette magnifique équipe de la décennie 70 que l’on oublie trop souvent de mentionner. Il restait cependant un Game 7 à disputer pour couronner le champion, et c’est bien John Havlicek et son armée celte qui en sont sortis vainqueur, au grand dam de Kareem et Oscar. Si l’histoire retiendra le titre de Boston en 1974, les fans des Daims peuvent tout de même se consoler, 45 ans plus tard, tant les Bucks version 2019 furent supérieurs aux Celtics en demi-finale de Conférence. On sait ce qu’il reste désormais à Giannis et se troupes pour venger leurs aînés et aller chercher le deuxième titre de la franchise après celui obtenu en 1971.

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Source texte : Basketball-Reference, YouTube