Clyde Drexler croit au retour en forme d’Isaiah Thomas à Denver : entre fines gâchettes, on se soutient

Le 22 août 2018 à 16:10 par Aymeric Saint-Leger

Isaiah Thomas Mike Malone
Source image : Denver Nuggets/NBA

C’est peut-être enfin le bout du tunnel pour Isaiah Thomas, et le retour à la lumière. On se rappelle tous du King of the Fourth de Boston, il y a un peu plus d’un an. Malheureusement, on se souvient également de la lente descente qu’il a vécu, jusqu’aux Lakers via Cleveland. Mais ça y est, IT a changé de franchise, et a l’occasion de remettre sa carrière sur les bons rails. Et il n’est pas le seul à y croire, puisqu’il jouit du soutien indéfectible de Clyde Drexler.

Le parcours d’Isaiah Thomas en NBA pourrait faire l’objet d’un roman, tant la trajectoire du petit lutin est particulière. C’est sûr que lorsqu’on mesure 1m75, et qu’on est drafté en 60ème position en 2011, le chemin pour se faire une place dans le Grande Ligue s’annonce rocambolesque et tumultueux. Si on devait donner un titre à la carrière d’IT, alors qu’elle n’est pas terminée, on pourrait plancher sur “De l’ombre à la lumière… vers l’ombre… jusqu’à la lumière ?”. Performant en début de carrière, Pizza Guy n’est pas reconnu à la hauteur de son talent lors de ses trois saisons à Sacramento, dont une à plus de 20 points de moyenne. Son court passage à Phoenix ne l’aidera en rien à arriver jusqu’au devant de la scène, mais c’est bien sa venue à Boston qui va faire exploser au grand jour le talent du petit bonhomme, capable de performances incroyables dans de complexes contextes. L’idylle va durer un peu plus de deux saisons entre le lutin et le peuple vert. Dans sa course folle, Isaiah Thomas finit dans le top 5 du classement pour le trophée de MVP. Puis… patatras. Blessure, un trade monté par Danny Ainge qui l’envoie aux Cavaliers. Une longue convalescence, un retour compliqué, il n’est pas bien intégré à Cleveland, ce qui lui vaudra un départ à la trade deadline 2018 chez les Lakers. Il finira la saison à L.A., péniblement, dans l’espoir de retrouver son meilleur niveau et son statut de star de la Ligue. Ce n’était probablement pas avec les purple and gold qu’il aurait pu entamer le retour vers l’excellence. Cet été, free agent, il a attisé des convoitises, comme celles du Magic. Mais c’est finalement vers Denver que le lutin de 29 ans va continuer sa route, pour un an au minimum salarial. Il va essayer de se relancer dans le Colorado, dans un contexte qui paraît plus favorable pour lui, avec la présence de Mike Malone, son coach aux Kings en 2013-14. En tout cas, si IT est plein d’espoir, ce n’est pas le seul. Clyde Drexler, l’ancienne gloire des Blazers et des Rockets, croit au retour au premier plan de l’homme au bandeau avec les Nuggets comme il le déclare auprès de basketballsocietyonline.

“Denver est un super endroit pour lui. […] Je pense qu’il aura une chance de sortir de la lumière des projecteurs, de travailler sur son jeu, et de manière plus importante, sur sa santé. Je le soutiens. […] D’une, c’est un joueur exceptionnel. De deux, sa blessure est un élément qui explique en partie sa baisse de salaire. […] Ça va aller pour lui.”

Jamal Crawford, natif de Seattle comme IT, avait résumé la situation de son compère par une métaphore bien parlante : “il a une puce sur l’épaule de la taille d’un rocher”. En d’autres termes, il porte un poids énorme sur lui. Et s’il y en a un qui comprend bien cela, c’est The Glide. De son propre aveu, il a joué avec un poids sur les épaules pendant quinze ans. Pourquoi ? Devant lui, un certain Michael Jordan attirait tous les regards, recevait tous les honneurs. Drexler devait lui faire ses preuves en permanence, chaque année. Un peu comme Isaiah Thomas, Clyde était très peu payé, à hauteur de 1,4 million de dollars la saison, ce qui ne l’a pas empêche de finir deuxième dans la course au MVP derrière His Airness. Lorsque IT termine cinquième de ce classement en 2017, il gagnait à peine plus de 2 millions de dollars. Les deux gâchettes sont d’ailleurs les deux derniers à terminer dans le top 5 de la course au trophée Maurice Podoloff en étant aussi peu payés. Beaucoup de choses les rassemblent. Pizza Guy a toujours dû faire ses preuves en NBA, comme si rien n’était jamais acquis pour ce meneur atypique avec du talent plein les mains. Similaires malgré des différences de poste et d’époque, le Hall of Famer et le lutin ont le même état d’esprit, ce sont des scoreurs invétérés. Et Clyde Drexler tenait à rappeler à Isaiah Thomas que même si le chemin est dur, il ne faut pas abandonner, et ne pas oublier que le basket reste un sport d’équipe.

“Tu joues pour être le meilleur. Tu ne te soucies pas d’autre chose, tu joues pour être le meilleur. Et si tu ne gagnes pas, ça te rend encore plus affamé, et acharné de travail pour devenir meilleur pendant la postsaison, pour revenir et essayer à nouveau. C’est ça le sport professionnel. Il faut se rappeler que c’est un jeu d’équipe. Ce n’est pas un sport individuel, pas du golf ni du tennis. Si c’était du golf ou du tennis, je me serais bien débrouillé. Mais lorsque vous êtes dans un sport collectif, vous pouvez mettre 60 points et prendre 40 rebonds, mais si je ne mets pas les lancers en fin de match, on ne gagne pas. Parce que c’est ce que ça veut dire, une équipe. Tu es seulement aussi bon que ton équipe. Tu dois faire tout ce que tu peux pour faire progresser les membres de ton équipe et toi-même, c’est ce que j’ai essayé de faire chaque année que j’ai passé en NBA. Ce n’était pas juste cette année-là, c’était tous les ans.”

Un discours touchant, qui rappelle à la fois l’essence du sport collectif, mais aussi le rôle de leader, si compliqué à tenir dans une équipe, dans une franchise NBA. Si ce message n’est pas directement adressé à Isaiah Thomas, cela pourrait l’inspirer. Devenir un leader, vocal, par l’exemple, tirer les autres vers le haut… Telles vont être ses missions dans une jeune équipe pleine de talent. Continuer à progresser individuellement, à travailler pour retrouver son niveau, de manière à pouvoir apporter à tous les Jamal Murray, Gary Harris et autres jeunes pousses du Colorado. Non, IT ne retrouvera sans doute pas des stats à quasiment 29 points de moyenne. Il sera même très probablement remplaçant la plupart du temps. Cependant, il peut quand même poursuivre sa recherche de l’excellence, faire monter sa cote, dans un contexte où son boulot va être d’encadrer, de gérer la mène, le tempo en alternance avec le meneur canadien et Nikola Jokic, et d’artiller comme il sait si bien le faire. Le retrouver entre 15 et 20 points de moyenne régulièrement, avec des pointes au scoring qu’il est capable de réaliser un soir de préchauffage, voilà le lutin qu’on souhaite tous retrouver. On peut aimer ou pas le bonhomme, mais quand il est in da zone, on peut simplement poser le cerveau et apprécier la classe du monsieur.

Le soutien de Clyde Drexler doit faire chaud au cœur à Isaiah Thomas, qui entraperçoit au loin la fin de la galère. Si The Glide croit en lui, en son retour, c’est sans doute le cas de nombreux observateurs et fans. Le talent ne disparaît pas comme ça. IT doit retrouver des bonnes conditions pour exploser à nouveau. Est-ce que Denver est l’endroit idyllique pour retrouver le lutin qu’on aime tant ? La réponse viendra d’ici quelques mois. En attendant, l’homme au bandeau va tendre vers ce qu’il a essayé de mettre en place tout au long de sa carrière : passer de l’ombre à la lumière. 

Source texte : basketballsocietyonline