Derrick Favors : fils spirituel du facteur, il livre des colis de plus en plus volumineux

Le 06 mars 2016 à 20:31 par Alexandre Martin

Il est dans sa sixième saison NBA mais il n’a finalement encore que 24 ans. Derrick Favors a tout l’avenir devant lui et il progresse à vue d’oeil en cet exercice 2015-2016 même si – blessé au dos – il a raté 16 matchs de fin décembre à fin janvier dernier. Il faut dire que depuis deux ans, c’est Karl Malone en personne qui s’occupe de le faire travailler, de lui apprendre les ficelles des grosses livraisons, colis en recommandé ou autre dépôt en double-double à la consigne… 

Quand en 2011, les Nets l’ont mis dans le package envoyé à Utah pour récupérer Deron Williams quelques mois seulement après l’avoir drafté en 3ème postion, Derrick Favors a dû avoir du mal à comprendre. Quelques années plus tard, nous pouvons au moins être sûrs d’une chose : ce trade a agi comme une véritable bénédiction sur la carrière du jeune ailier-fort. D’abord remplaçant derrière la paire Paul Millsap – Al Jefferson, l’ami Derrick a bossé dans l’ombre avant d’attendre qu’on lui donne l’opportunité de montrer ce dont il était capable. Et puis, à l’été 2013, plusieurs événements combinés vont marquer le véritable départ de la carrière de “D-Fav”. Tout d’abord, Millsap fila à Atlanta pendant que Jefferson faisait lui ses valises pour Charlotte. Puis, dans le même temps, Karl Malone fut engagé dans le staff du Jazz en tant que coach des intérieurs.

Le grand Karl est un des meilleurs ailiers-forts de l’histoire NBA. Du haut de ses 2m06 pour environ 120 kilos, il a martyrisé les défenses NBA pendant les 18 saisons qu’il a passées à Utah. Deuxième mailleur marqueur de tous les temps, muni d’un jeu complet et d’un professionnalisme à toute épreuve, le Mailman possède un profil idéal pour inculquer les fondamentaux du succès à de jeunes poulains. Du haut de ses 2m08 pour environ 120 kilos et équipé de solides bases, le jeune Favors fait office de candidat parfait pour apprendre du Facteur dans le but de devenir un intérieur très sérieux de la Grande Ligue. Et ce qui devait arriver, arriva. Ce bon Derrick vit d’abord son temps de jeu augmenter naturellement en devenant titulaire à partir de l’exercice 2013-2014. Il est passé de 23 à 30 minutes de moyenne tout en passant d’un peu plus de 9 points à un peu plus de 13 points par rencontre et en améliorant également sa moyenne au rebond (de 7 à 8 prises). S’appuyant sur les conseils de son mentor et sur son physique impressionnant, Favors a travaillé sur son jeu au poste bas et sur son shoot à mi-distance afin d’étoffer au maximum son répertoire.

Et c’est la saison dernière que nous avons vraiment pu constater les progrès de l’intérieur qui démarrait à ce moment un contrat de quatre ans pour un peu plus de 46 millions de dollars. Toujours titulaire mais sans que son temps de jeu n’augmente, Favors a encore passé un cap au niveau impact dans le jeu et au niveau statistique. Ce sont 16 points à 52,5% au tir accompagnés de 8,2 rebonds et 1,7 contre qui sont venus garnir la feuille de l’ailier-fort d’un Jazz qui n’est pas passé très loin des Playoffs dans le sillage de sa raquette Favors – Gobert. Car si notre Rudy national est un pivot monstrueux défensivement, il n’est pas une arme très dangereuse en attaque. C’est là que l’assocation de notre frenchie avec Derrick Favors devient une force fabuleuse pour le Jazz qui se retrouve avec un duo d’intérieurs jeunes, talentueux et très complémentaires. C’est top pour Favors d’avoir à ses côté un pivot qui pèse autant défensivement et c’est tout aussi top pour Gobert de faire équipe avec un ailier-fort avec autant de qualités en attaque.

Cette saison, Derrick Favors était parti sur de très bonnes bases (16,8 points et 8,6 rebonds) avant de se blesser au dos après 26 matchs et de devoir laisser ses petits camarades se débrouiller sans lui. Et ce qui est très intéressant, c’est que depuis qu’il est revenu, ce bon vieux “D-Fav” s’est tout de suite remis dans les mêmes standards puisqu’il propose 17 points et 8,5 rebonds de moyenne sur 19 matchs depuis qu’il a repris la compétition. Bien évidemment, cette blessure a un peu freiné la progression du bonhomme mais nous parlons tout de même d’un intérieur de 24 ans qui pèse donc cette année 16,9 points (à 51% au tir), 8,6 rebonds, 1,5 contre et 1 interception en 32 minutes par rencontre. Et pas plus tard que la nuit dernière, Favors nous a montré toute l’étendue de son bestial potentiel en matraquant Anthony Davis et la raquette des Pelicans avec 28 points à 11/19, 11 rebonds, 6 contres et 3 passes décisives. A coups de moves très sûrs au poste bas, de shoots dans le périmètre ou de paniers faciles en transition, Favors nous a envoyé un bon gros double-double tout simplement “Malonesque”. Et nul doute que le facteur le plus connu de NBA aura apprécié la précision et la taille du colis délivré par son protégé.

En fait, on ne parle pas tant que ça de lui car il évolue dans une franchise rarement sous les spotlights mais l’ailier-fort du Jazz est clairement l’un des meilleurs intérieurs de notre bonne vieille Grande Ligue. Une bête physique, un très bon technicien et un professionnel jeune qui n’a pas encore exploité tout son potentiel, voilà ce qu’est Derrick Favors. Quin Snyder n’a décidément aucun souci à se faire sous les cercles et ce pour un moment… 

Source image : montage via images nbahoopsonline et Jeff Swinger-USA TODAY Sports