Pour ce qui devait ressembler à un succès déjà obligatoire, vital pour la santé mentale de leur groupe invertébré et de leurs fans, les New York Knicks concèdent, dans le désordre le plus total, une neuvième défaite consécutive dont une superbe septième d’affilée sur leur parquet délabré de tout plaisir du Madison Square Garden.
“On manque cruellement de vétérans et de leur expérience”, “Amar’e, faut que t’améliores en défense !”, “Gérard, il serait temps de grandir un peu”, “Nous pleurons Tyson Chandler tous les jours un peu plus”, “On est dans un trou noir et on ne trouve plus la lumière.”
Tous les prétextes et les sources de motivation étaient bons et plausibles pour Carmelo Anthony (23 points à 9/21 au shoot et 10 prises au rebond), le “Eric Tabarly du pauvre” ou encore le “Capitaine Désastre du Bateau-Ivre” de la Big Apple, afin de remotiver ses troupes avant le choc tant attendu de la nuit dernière face aux New Orleans Pelicans de Monty Williams, qui avaient fait la une de tous les tabloïds sportifs à la suite de leur retentissante victoire 121 à 105 sur les Sixers de Philadelphie, impressionnants onzièmes de la terrible conférence Est.
Ainsi, après un départ canon permis par l’altruisme singulier d’Andrea Bargnani (17 points à 5/13 aux tirs et 7 rebonds), les hommes de Mike Woodson mènent la marche et donnent l’impression que cette fois-ci, ce sera la bonne. De plus, ceux-ci reçoivent un joli coup de pouce du destin en apprenant la blessure de la star montante adverse, Anthony Davis, contraint de laisser sa place à cause d’une fracture à la main gauche. Ne revenant pas du match avec des locaux qui balancent des alley-oops à tout va et se font des chest-bumps au milieu de terrain alors qu’ils ne viennent que de repasser à +2 au score, une objectivité sincère affichait logiquement et sans conteste possible des Knicks déplorables devant au score à mi-parcours, menant avec hardiesse et fierté 49-44 après 24 minutes d’un jeu horriblement léché.
Or, bien que “Gérard” Smith (12 unités au compteur à 3/8 à trois points et 8 rebonds) et Tim Hardaway Junior (21 points dont un autant inespéré que désespéré 5/8 à longue distance) avaient pourtant pris leur gélule pour ralentir leur schizophrénie chronique, la deuxième plus mauvaise équipe de la ligue (à ex æquo avec les Milwaukee Bucks s’il vous plaît) est retombée dans ses travers du début de saison, commettant 17 pertes de balle à des moments cruciaux dans le quatrième quart-temps, permettant aux artificiers notoires tels que Ryan Anderson (31 points à 7/11 derrière l’arc et 6 rebonds au final) puis Tyreke Evans (24 points et 7 offrandes) d’enterrer, plus profondément encore, toute lueur d’une potentielle sortie de crise, confondant trop souvent dextérité et stupidité malgré quelques belles séquences où le ballon a circulé intelligemment d’un spot à l’autre du terrain. Mais cette once de lucidité, presque unique depuis novembre, fut bien trop éphémère pour entrevoir ne serait-ce qu’une trouble silhouette de succès en fin de rencontre.
Résultat des courses : une treizième défaite de rang pour des Knicks misérables qui ne font que surjouer maladroitement un monologue rébarbatif de basket-ball, un script de série B bourré de fautes de style et d’orthographe, visiblement dépourvus de sincérité et de volonté à se sortir par tous les moyens de ce guêpier abyssal qu’ils ont eux-mêmes provoqué. D’un point de vue ironique, la NBA et David Stern peuvent se targuer d’avoir mis au point un calendrier optimal au pouvoir très révélateur d’exposer au grand jour et sur antenne nationale les malaises ainsi que les mensonges que certaines équipes tentent, avec une suffisance teintée d’une hypocrisie à toute épreuve, de cacher aux fidèles incorruptibles, quant à eux, de leur propre franchise, de leur propre famille.
De ce fait, jeudi prochain sous vos yeux ébahis et regorgeant d’impatience, les Knicks et les Nets s’affronteront à Brooklyn pour savoir qui des deux plus grosses cylindrées décevantes et économiques de la ligue entière aura le privilège d’atteindre, avec prestige et couvert de moquerie en tout genre, le nirvana du pathétique ; en un mot, tout ce que l’on peut rêver et réaliser de mieux en matière de basket. Grandissimes favoris de ce pugilat fratricide que l’on ne manquera pas de conter aux générations futures, James Dolan et ses Knicks virtuoses n’en seraient pas au bout de leur surprise tant ils s’enfoncent significativement échec après échec dans l’illusion abjecte, autrement dit cette conséquence directe des dérives symptomatiques d’un jeu nauséabond, qu’ils ont fabriquée de toute pièce.
Source photo : sport.net