Sept défaites sur les neuf derniers matchs, un bilan de 8 victoires pour 10 défaites, un jeu à deux vitesses qui alterne le – tout juste – bon et la passivité extrême. Les Wolves, depuis le début de saison, semblent décidément aux antipodes de leur identité de la saison passée. Mais quelles en sont les raisons ? Analyse.
Prenons Melvin, un personnage fictif qui va introduire notre propos.
Melvin est un accro de NBA. Tellement qu’il n’en a pas dormi des Playoffs l’an passé, pour ne rien manquer. Lorsqu’il est parti faire sa sieste, qui devait durer jusqu’à la reprise (oui, admettons qu’il n’ait pas besoin de travailler), les Wolves étaient une des meilleures équipes de l’Ouest. Défense très solide, attaque bien mise en place derrière l’organisation de Mike Conley et le talent du duo Anthony Edwards – Karl-Anthony Towns… sans compter les joueurs très “col bleu” que compte l’effectif. Une vraie troupe taillée pour le titre.
Seulement, Melvin a loupé son réveil et a repris le train de la NBA la nuit dernière. Quel ne fût pas son étonnement de voir la piètre prestation des Wolves face aux Kings, caractérisée par un troisième quart-temps très encourageant, puis la panne sèche d’envie et d’intensité. Alors Melvin s’est renseigné. Il s’est rendu compte que ce n’était pas qu’une bavure, que Minnesota se plante décidément beaucoup depuis le début de saison pour une équipe avec de telles ambitions. Et se demande bien pourquoi ça ne clique plus en termes de jeu chez les Loups. Alors il se connecte sur le site de TrashTalk, et tente de voir si une réponse est proposée.
Dire qu’une réponse est toute trouvée aux maux des Wolves, ce serait faire preuve d’arrogance. D’ailleurs, on ne serait certainement pas ici si l’on avait la solution pour créer de l’alchimie en express entre des joueurs de basket. Néanmoins, on peut exposer tout ce qui est susceptible de provoquer de tels problèmes dans une équipe de ce calibre.
No Mike Conley, no party
Les petits pépins de santé de Mike Conley (au pied) ne l’ont privé que de 4 matchs. Seulement, même en sa présence, son impact dans la création du jeu a notablement baissé. La raison ? Un joueur qui vieillit (37 ans), dont les pourcentages à 3-points sont en baisse comparé à ses standards de la saison passée (34% cette saison contre 44% en 2023-24). Un ensemble qui le rend moins tranchant dans le jeu. Il n’est que le sixième temps de jeu dans le groupe, avec quelques minutes de moyenne en moins que l’an passé. Toutefois, le meneur assure tout de même un service d’une valeur – presque – inestimable étant donné le contexte.
Sans lui sur les 4 derniers matchs (celui contre les Kings exclu), les Wolves n’ont pris aucune victoire. Pagaille totale dans le jeu, et Chris Finch ne fait (encore) que peu confiance à Rob Dillingham, malgré un envoi forcé – et satisfaisant – face à l’absence de Conley. C’est donc à Donte DiVincenzo et Nickeil Alexander-Walker, qui ne sont pas meneurs de formation, qu’est confiée la tâche d’organiser le jeu quand Anthony Edwards ne monte pas lui même la balle. Et devinez quoi ? C’est le bazar. On demande à des finisseurs, des exécutants, d’être à la base de quelque chose de construit. Ça ne marche pas déjà sur le papier, alors pourquoi essayer en vrai ? Peut-être parce que Chris Finch ne veut pas envoyer Dillingham au charbon directement, mais faute d’autre chose, il devrait le faire plus. Le gamin est par ailleurs très prometteur et répond présent quand on lui donne l’opportunité.
ROB DILLINGHAM : LOUVETEAU BIENTÔT GRAND ?🐺
Malgré la défaite face aux Rockets, un rayon de soleil semble émerger dans le Minnesota : Rob Dillingham. Après une mauvaise 1ère MT, il a peut-être sorti sa meilleure de la saison en 2nde. Comment ?
On regarde ça ensemble !🎬 pic.twitter.com/35M1YLYKu4
— 🃏 Penny Bergkamp 🃏 (@bergkamp_penny) November 27, 2024
Le seul point positif dans ce gros problème de création ? N’importe quel fan de basket ayant maté un peu les Wolves cette saison sait qu’il faut recruter un meneur de métier qui soit suffisamment solide. On espère que Tim Connelly et Chris Finch aussi, pour le coup.
Offensivement, c’est morose
Il est désormais l’heure de parler de l’attaque. Et il y a à dire, entre Naz Reiz qui ne joue pas à son poste pour combler le départ de Karl-Anthony Towns, Donte DiVincenzo qui n’est que l’ombre de ce qu’il était à New York, Jaden McDaniels en dévissage complet à 3-points… La liste de courses est longue. Anthony Edwards est le seul joueur constant, du fait de son niveau exceptionnel, mais a bien des peines à maintenir son équipe à flot sur son seul talent. La désorganisation totale dans la création est une conséquence directe, mais n’explique pas tout.
Notamment, pourquoi les pourcentages à 3-points de DiVincenzo et McDaniels ont fortement baissé. Peut-être parce qu’on ne le sert pas comme on devrait, peut-être car ils n’ont pas l’envie. Un tout à plusieurs causes, mais qui pèse fortement sur l’efficacité de l’attaque en la rendant bien moins menaçante sur le plan de la diversité des apports.
La défense, fer de lance… émoussé
Ce qui a fait la force des Wolves la saison dernière, c’est une panoplie de joueurs capables de défendre à très haut niveau. Nickeil Alexander-Walker, Jaden McDaniels et Anthony Edwards à l’extérieur, Rudy Gobert comme patron à l’intérieur avec Karl-Anthony Towns et Naz Reid comme lieutenant dans ce secteur de jeu. Karl-Anthony Towns est parti croquer la Grosse Pomme entre temps, et c’est Julius Randle qui l’a remplacé. Un élément qui pèse plus qu’il n’allège en matière de protection de cercle. Et qui, pour aggraver la chose, ne cherche pas – tout du moins visuellement – à se surpasser dans cet aspect pourtant primordial du jeu. Le différentiel statistique entre l’efficacité des Wolves avec et sans lui sur le terrain est énorme.
Julius Randle has to find a way to consistently stay more engaged defensively off the ball. His off-ball defense was more alert after giving up a Jaylen Brown 3 early, but you can’t ball-watch here, especially on a 3-point attempt.
Ant looked pissed, saying, “Get it, Ju!” https://t.co/3uDShnRrUk pic.twitter.com/fYawV9GQgO
— Charlie Walton (@CharlieWaltonMN) November 25, 2024
Alors c’est Rudy Gobert qui doit colmater les brèches qu’il ne comblait pas forcément et outrepasser sa fonction pour couvrir les écarts des autres, sans compter son pourcentage d’erreur de base. Sur la ligne extérieure, Jaden McDaniels n’a que peu de fois montré ce qui faisait sa force l’an passé, c’est à dire de la garde rapprochée. On note toutefois quelques belles séquences face aux Raptors. Signe qu’il n’est pas à la ramasse, mais juste dans une mauvaise passe. Il faut donc concerner tout le monde, mais c’est un sujet qui va suivre plus bas.
Allô Chris Finch, y’a quelqu’un ?
Si les joueurs sont en galère sur le terrain, c’est au coach de créer l’étincelle tactique pour les mettre en condition de réussir. Souci : Chris Finch est pour l’instant là avec son extincteur, histoire de refroidir un peu plus un groupe déjà dans la panade pour monter une attaque dans le bon ordre. Temps de jeu excessivement longs pour des joueurs qui n’y arrivent pas (DiVincenzo, McDaniels… désolé rien de personnel mais c’est criant), aucune adaptation défensive pour favoriser les duels de ses joueurs.
Exemple encore une fois parlant : cette nuit, Jaden McDaniels, défenseur solide mais peu à l’aise sur des petits, s’est coltiné à de multiples reprises De’Aaron Fox. Conséquence ? Trou d’air, panier. Re-exemple d’un autre souci : quand les Kings sonnent la charge pour revenir, bon sang que le temps pris pour demander le temps mort et casser la dynamique a été long. Le temps d’aller prendre une douche, se faire couler un café et laver la vaisselle ici. À un moment, ça fait beaucoup.
Et en conférence de presse, le coach des Wolves a pris la mauvaise habitude de refaire le match sans apporter plus de réponses tactiques autres que “On a perdu pour X ou Y raisons, voilà, j’aurais dû faire ceci ou cela”. Allez, on n’est pas vache en disant qu’être conscient d’un problème est la première étape de la solution. Seulement, la première étape n’est pour l’instant pas dépassée. Et avec de telles bévues dans l’ensemble du jeu, attention. Le coach est aussi le premier fusible. Réveil plus qu’attendu car là, sa responsabilité dans l’échec est flagrante.
Chris Finch on the Wolves: “It’s like Groundhog Day, I mean we’re playing the same game every night, right? Like get down, fight back, run out of gas, can’t close” pic.twitter.com/2ouPHknxaz
— CJ Fogler 🫡 (@cjzero) November 28, 2024
Il a pourtant un atout dans sa manche, Rob Dillingham. Un atout osé, mais pas d’autre choix. Il l’a envoyé sur le parquet un peu plus lors des deux derniers matchs, avec des conséquences positives pour le jeune et pour le jeu, mais ne semble pas se résoudre pour l’instant à lui faire confiance en tant que deuxième meneur pur et dur. Continuons donc avec Donte, Nickeil et Jaden, le bordel est une joyeuse fête.
Un groupe..?
Anthony Edwards a sorti sa langue de sa poche après le match cette nuit, laissant éclater au grand jour ce que l’on supposait : le groupe vit mal. Se comporte mal. Baisse trop vite les yeux. Pourtant, seuls deux joueurs sont arrivés à l’été. Était-ce là la plus grande force de Karl-Anthony Towns à Minneapolis ? On dira peut-être, avec l’envie de dire “sans doute” vu le contexte actuel. “Comportement de favoris” dixit Edwards, qui explique que les joueurs, lui y compris, “s’éloignent les uns des autres“, “sont bien trop soft, sont des petits garçons”. Une punchline aux allures de réveil façon Pascal le Grand Frère, avec l’envie de susciter l’électrochoc.
“We soft as hell as a team … just a bunch of little kids.” 😳
Anthony Edwards on the current state of the T’Wolves after their 4th straight loss
(via @SneakerReporter) pic.twitter.com/YiFe70sftE
— Bleacher Report (@BleacherReport) November 28, 2024
En prolongation face aux Rockets, face aux Kings. Deux matchs de suite, et bien plus dans la globalité de la saison, quand on s’attarde sur les détails. Mike Conley est pourtant expérimenté, on s’imagine bien qu’il donne de la voix mais personne ne semble écouter. Chacun fait sa tambouille sans regarder celle du voisin. Un peu l’inverse de que Raynald Denoueix, au football certes, élevait au rang de principe, mais qui s’applique tout aussi bien à n’importe quel sport collectif. Des phrases simples pour expliquer le fonctionnement d’un groupe sur le terrain. “Le jeu avant le je, le plaisir de se comprendre“.
…Et on en revient au début de cet article. l’envie est absente collectivement, alors le doute s’installe chez les individualités. La conséquence est directe : le public ne reconnaît plus ses soldats, plus son équipe. Sortie cette nuit sous les huées et les sifflets. La réalité est là, frappante, blessante. Espérons qu’elle remette tous les acteurs dans leurs rôles respectifs, pour jouer une partition commune. Sinon, il n’y a pas cher à donner de la peau du loup.
Source : Star Tribune, ESPN, The Athletic.