Basket aux Jeux olympiques – Rio 2016 : la catastrophada face à l’Espagne

Le 28 juin 2024 à 15:22 par Julien Vion

France Espagne Jeux Olympiques Rio 2016 28 juin 2024
Source image : FIBA

Aux Jeux Olympiques de Rio de Janeiro en 2016, l’Equipe de France vise une médaille pour la dernière apparition de Tony Parker sous le maillot tricolore. Mais après une phase de poule en dents de scie, les Bleus sont humiliés par l’Espagne en quart de finale et rentrent à Paris la tête basse.

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Cruellement défaite en demi-finale de l’Eurobasket 2015, l’Equipe de France débarque à Rio au mois de juillet 2016 pour disputer le tournoi de qualification olympique. Tony Parker l’a déjà annoncé depuis longtemps : c’est sa dernière compétition internationale, et il compte bien se qualifier. Histoire de commencer du bon pied, le meneur est immense contre le Canada et envoie 26 points pour valider la participation des Bleus.

Malheureusement pour TP, les Jeux Olympiques tournent au vinaigre.

Le contexte : l’Equipe de France sous pression

Personne ne souhaite rater sa dernière, encore moins après de si belles années. La séquence entamée depuis 2011 peut être considérée comme l’âge d’or de l’Equipe de France version Tony Parker. Entre le titre de champion d’Europe en 2013, la première médaille en Coupe du monde l’année suivante ou le crève-cœur à domicile en 2015, les Bleus passent par toutes les émotions mais jouent le meilleur basket de leur histoire. Au mois d’août 2016, la pression de finir sur une bonne note accompagne un groupe désireux de décrocher sa première médaille olympique.

Pour le match inaugural, Patty Mills ne fait pas dans la dentelle et l’Australie explose la France 87 à 66. En plus d’un froid jeté d’entrée, la pression augmente de trois crans. Cela n’empêche pas l’EDF de battre la Chine, la Serbie puis le Venezuela à la suite afin d’éviter une catastrophe absolue.

Mais le pire, c’est peut-être le dernier match de poule. Derrière Kevin Durant (17 points, 100% au shoot) et surtout Klay Thompson (30 points, 7/13 du parking), Team USA fait le show face aux Bleus. Malgré un Tony Parker ménagé, la France jette toute ses forces dans la bataille grâce à sa paire Nando de Colo – Thomas Heurtel et parvient à s’accrocher avec bravoure. Score final : un très serré 97-100, le coq est vaincu les armes à la main. Le pire, c’est bien que l’espoir se forme à ce moment-là.

L’adversaire : retour du némésis onze mois après Villeneuve-d’Ascq

Le 17 août 2016, l’affiche du quart de finale olympique n’est en rien inédite. Accrochez-vous, la liste est longue :

Ce jour-là, la France et l’Espagne se retrouvent pour la neuvième fois en sept ans dans une grande compétition internationale. Parler d’ennemi juré n’est presque pas assez fort pour Tony Parker et ses coéquipiers.

Surtout, en contraste de la joie ultime en 2013 et 2014, le dernier face à face a laissé des traces. Lors de “son” Eurobasket à domicile à peine onze mois plus tôt, l’Equipe de France a buté sur un Pau Gasol sensationnel. La plaie est toujours grande ouverte, et le pivot espagnol encore là.

Le match légendaire de Pau Gasol face à la France, à l’Euro 2015.

40 points, 11 rebonds et 3 contres.

Le cauchemar de Villeneuve-d’Ascq.pic.twitter.com/q2p2Q4GcQk

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) September 17, 2022

Quelques minutes avant l’entre-deux, tout est réuni pour un cocktail des plus explosifs. L’enjeu, déjà immense, est démultiplié. Cette satané Roja ne va quand même pas envoyer notre Tony national à la retraite.

La manière : comment on dit “raclée” en espagnol ?

“On ne pouvait rien faire ce soir, ils rentraient tous leurs tirs. J’ai eu l’impression que l’Espagne, c’était les Spurs, sauf que cette fois j’étais en face.” – Tony Parker, via Le Monde

Le dégradé de bleu sur le maillot des Français n’est peut-être pas l’élément le plus moche sur le parquet de la Carioca Arena 1 de Rio de Janeiro. Rien, si ce n’est la toute première minute de jeu (4-0 pour les Bleus), n’invite à esquisser ne serait-ce qu’un demi-sourire. La soirée tourne à la désillusion avant de vite se transformer en humiliation historique.

Dans le sillage du très espagnol Nikola Mirotic (23 unités à 5/8 à 3-points), la Roja bombarde l’EDF avec une aisance qui n’a d’égale que la réussite au tir. Le mouvement de balle est sublime, les mains à mains sont réglés comme du papier à musique, et l’écart ne fait que se creuser à mesure que Vincent Collet appelle des temps morts. Il faut évidemment que Willy Hernangomez (18 points) ou Sergio Llull (10 points) participent à la fête, alors même que Pau Gasol est plutôt discret. Mais dans le camp bleu, c’est la bérézina.

On se fait pas battre.
On se fait humilier.
C’est invivable.

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) August 17, 2016

Dans l’Hexagone, les fans se sont réveillés au petit matin pour assister à ce quart de finale des Jeux Olympiques. La gueule de bois matinale arrive dès la mi-temps (43-30), et le manque d’inspiration offensif est flagrant. Signe ultime de frustration, les cadres contestent chaque décision arbitrale et ne parviennent pas à garder leur calme. Score final : 92-67, 25 points de retard, ressenti 60.

Tony Parker, meilleur marqueur de l’EDF avec 14 points, entre officiellement en retraite du haut de ses 34 ans. Florent Piétrus et Mickaël Gelabale, autres piliers de cette génération, l’imitent et raccrochent le maillot bleu quand l’arbitre siffle la fin du match. Cette fin de cycle est le summum de la tristesse, du maussade, du déprimant. C’est la catastrophada de Rio comme on dit de l’autre côté des Pyrénées, on ne peut pas vraiment trouver d’autre mot.

Les Jeux Olympiques de 2016 à Rio de Janeiro

  • Du 5 au 21 août 2016
  • Carioca Arena 1, Rio de Janeiro
  • 12 équipes Hommes / 12 équipes Femmes
  • Or – Etats-Unis / Etats-Unis
  • Argent – Serbie / Espagne
  • Bronze – Espagne / Serbie