Draft NBA : les plus gros transferts qui ont eu lieu le soir de la cérémonie

Le 25 juin 2024 à 16:29 par Céleste Macquet

Kobe Bryant 24 juin 2024
Source image : YouTube

A un jour de la Draft NBA, on se fait un retour sur les plus gros trades de l’histoire de la Draft NBA. La grande sélection de la Ligue a en effet eu son lot de coups de théâtre par le passé. Et si lors de cette édition 2024 on a encore du trade qui change le cours de notre chère NBA, ça ne serait certainement pas la première fois. Retour sur les grands chambardements survenus lors de la Draft NBA.

Kobe Bryant et la perturbante casquette des Hornets

Celle-là, c’est un grand classique. Eh oui, monsieur Kobe Bryant avait effectué un workout en privé avec les Lakers sous les yeux de Jerry West avant la Draft 1996. Il passe la session à se jouer de l’ancien Défenseur de l’Année Michael Cooper. Impressionnés, les Lakers – qui ne détiennent que le 24è pick de la Draft – font des pieds et des mains autour de différentes franchises pour monter à la Draft et obtenir un pick suffisant pour sélectionner le prodige lycéen, car il ne descendra jamais en dessous des lottery picks. West convainc alors Vlade Divac d’accepter d’être transféré à Charlotte, pour obtenir des Hornets qu’ils sélectionnent Kobe Bryant avec leur treizième pick et l’échangent aux Lakers dans la foulée. Le trade est validé, Shaquille O’Neal rejoindra le jeune Kobe à Los Angeles la même année, et le reste appartient désormais à l’histoire.

27 years ago today: the Charlotte Hornets selected Kobe Bryant with the 13th pick in the 1996 NBA Draft.

Soon after, Mamba was traded to the Lakers in exchange for Vlade Divac. pic.twitter.com/IeZGe32wnd

— Kobe Bryant Stories & Motivation (@kobehighlight) June 26, 2023

Côté Hornets, on a probablement un gros seum d’avoir accepté cet échange, quand on sait ce qu’a apporté Kobe aux Lakers… à savoir cinq titres NBA. Avec 18 sélections au All-Star Game, quinze sélections en All-NBA Teams, douze en All-Defensive Team, deux titres de MVP des Finales, deux titres de meilleur scoreur de la Ligue, un titre de MVP avec Lakers et un match à 81 points sous le maillot de Los Angeles, Kobe a plus accompli pour les Lakers que l’ensemble des joueurs passés par Charlotte ont accompli pour les Hornets. Dur constat, mais constat réel.

Bill Russell aurait pu jouer pour les… Hawks

Saviez-vous que Bill Russell a été drafté par les Hawks et non les Celtics ? Non ? C’est pourtant bien vrai, Russell se faisant échanger à Boston dans la foulée de sa sélection par St. Louis (contre Ed Macauley et Cliff Hagan). Certains prétendent que c’est la perspective d’acquérir le Celte Ed Macauley, ancien de Saint-Louis, qui a fait que les Hawks ont échangé leur pick n°2 de la Draft pour récupérer l’enfant du pays. Le plus probable, c’est que les Hawks ne voulaient pas de joueur afro-américain dans leur effectif. Toute l’équipe des Hawks était alors composée de joueurs blancs, et Russell a plus tard décrit la ville de St. Louis comme “massivement raciste” et qu’il n’aurait pas intégré la NBA s’il avait dû jouer là-bas.

Dommage de passer à côté de l’un des plus grands joueurs et défenseurs de l’histoire, qui a remporté onze bagues de champion NBA avec Boston.

Dirk Nowitzki, échangé contre un tracteur lors de la Draft 1998

Voilà l’échange cauchemar. Lors de la Draft 1998, les Mavericks s’étaient mis d’accord avec les Bucks pour sélectionner Robert “Tractor” Traylor (paix à son âme) avec leur sixième choix, tandis que la franchise de Milwaukee devait sélectionner Dirk Nowitzki avec le neuvième pick et Pat Garrity avec le pick 19. Apparemment, les Bucks n’étaient pas fan du profil de Dirk : le jeu de Nowitzki n’était pas vraiment connu au sein des front offices de la Grande Ligue à l’époque. Les Bucks, par contre, se léchaient les babines à l’idée de récupérer un grand à mettre sous le cercle. Le jeu dos au panier et la carrure de Robert Traylor (130 kilos) avaient séduit l’équipe du Wisconsin, l’équipe n’avait d’ailleurs pas vraiment besoin de shooteurs, les Bucks détenaient déjà Ray Allen et Glenn Robinson.

C’est comme ça qu’un pivot lent et sans détente de 2m03 s’est retrouvé le soir de la Draft NBA à faire le trajet pour Milwaukee tandis que le meilleur big man shooteur de l’histoire rejoignait Dallas. Un MVP des Finales contre un treizième aux votes des All-Rookie Teams, en somme. On a vu des échanges plus équilibrés.

Comment ce qui aurait pu être Scottie Pippen est devenu Benoit Benjamin

Vous échangeriez Scottie Pippen contre Olden Polynice ? Les SuperSonics de Seattle, oui. Dans la même conférence que les Kareem Abdul-Jabbar et Hakeem Olajuwon, les Sonics pensaient avoir besoin d’un gros poste 5 pour batailler dans la raquette et épauler Xavier McDaniel, Tom Chambers et Dale Ellis. Les Bulls de leur côté, adoraient le profil de Scottie Pippen. Un trade fut proposé. Scottie Pippen, drafté en cinquième par les SuperSonics, fut donc échangé contre Olden Polynice, drafté en huitième par les Bulls.

And finally, on draft night 1987, the Seattle SuperSonics traded 5th pick Scottie Pippen to the Bulls for 8th pick Olden Polynice. pic.twitter.com/NcwbIEZljS

— KDsMyGoat (@KDsMyGoat) March 20, 2022

Scott’ Pippen remporta 6 titres avec les Bulls aux côtés de Michael Jordan, fut sélectionné 7 fois dans une All-NBA Team, sept fois au All-Star Game et réalisa une carrière qui lui permettra de faire de lui meilleur lieutenant de l’histoire. Rarement mentionné hors des top 30 all-time, souvent considéré comme un des cinq meilleurs ailiers de l’histoire, Scottie Pippen est devenu l’un des défenseurs les plus réputés de l’histoire du basket – avec 10 sélections dans une All-Defensive Team – et l’un des joueurs les plus marquants de l’histoire des Chicago Bulls. Neuf ans après sa Draft, il remporta la victoire contre les SuperSonics lors des Finales NBA 1996. Olden Polynice, lui, fut tradé par les Sonics pour Benoit Benjamin après trois saisons et demie.

Kawhi Leonard, drafté par les Pacers et tradé à San Antonio

Avec leur quinzième pick de la Draft 2011, les Indiana Pacers sélectionnent Kawhi Leonard… qui sera tradé à San Antonio, en compagnie du 42è pick Davis Bertans et de Erazem Lorbek pour acquérir ce bon vieux George Hill. Il manquait un meneur aux Pacers, qui n’avaient pas vraiment besoin d’un ailier supplémentaire car Paul George était déjà dans l’Indiana. Pas forcément la décision de l’année. Même si George Hill a été solide pour Indiana, Kawhi Leonard a été… MVP des Finales avec San Antonio.

Chris Webber, Penny Hardaway et la Draft 1993

Ce n’est pas commun qu’un premier choix de draft soit échangé par l’équipe qui l’a sélectionné le soir même. On avait vu ce scénario se produire seulement quatre fois avant la Draft 1993.

Après déjà avoir remporté le panier garni en 1992 (le panier garni étant Shaquille O’Neal), le Orlando Magic récupère à nouveau le first pick de la Draft NBA en 1993. Beaucoup voient un scénario où Chris Webber est sélectionné en 1 pour accomplir la prophétie de voir la paire Webber – O’Neal dominer les raquettes pour les années à venir. Sauf que. Un certain Anfernee Hardaway a réalisé une performance incroyable devant le front office du Magic lors d’un match d’entraînement. Et en plus, ce même Hardaway s’est très bien entendu avec Shaquille O’Neal lors du tournage du film Blue Chips.

Côté Warriors, on aimerait bien un intérieur solide et talentueux. Un accord est donc trouvé. Le Magic sélectionne Webber en première position, les Warriors jettent leur dévolu sur Hardaway en troisième position et les deux franchises s’échangeront les deux joueurs. Un transfert à première vue gagnant pour les Warriors, puisque Webber fut nommé Rookie de l’année et ira même en Playoffs pour sa première saison. Mais impossible d’ignorer le fait que Webber a été transféré dès 1994, et que le Magic a récupéré trois autres choix de premier tour en plus de Penny. En 1995, aux côtés de Shaq, Anfernee Hardaway participera aux Finales NBA et fut élu au sein de la All-NBA First Team.

Comment récupérer les deux tiers du meilleur frontcourt de l’histoire un soir de Draft ?

L’une des plus grandes douilles de l’histoire de la Draft NBA. Ce vieux renard de Red Auerbach, alors general manager des Celtics, décida de monter un trade avec les Golden State Warriors. Il envoie deux premiers tours de Draft, les picks numéro un et treize pour être plus précis, en échange du pivot Robert Parish et du pick numéro trois de cette même Draft 1980. Avec ce pick numéro trois, les Celtics sélectionnent Kevin McHale, ailier fort à l’envergure tentaculaire et au footwork exceptionnel. Et voilà comment on récupère les deux tiers du meilleur frontcourt de l’histoire. Duo d’intérieurs capable de dominer les raquettes de la Ligue pendant toute une décennie, les deux grands remportèrent trois titres ensemble, cumulèrent seize sélections au All-Star Game, trois All-NBA Teams et disputèrent 1 106 matchs ensemble.

Côté Warriors, le treizième pick récupéré par Golden State devint Rickey Brown qui fut bazardé par la franchise californienne après deux saisons et demie. Avec le first pick fut sélectionné Joe Barry Carroll, qui se fit surnommer “Joe Barely Cares”, qu’on pourrait traduire par “Joe en a à peine quelque chose à faire”. Il eut une carrière décevante pour un premier choix de Draft, ne vit qu’une fois la couleur d’un All-Star Game et dut attendre sa septième saison pour aller en Playoffs.

Ray Allen, échangé deux fois un soir de Draft

Par deux fois Ray Allen a vu son destin chamboulé un soir de Draft. La première fois, lors de la sienne, en 1996. Il se fait sélectionner par les Wolves avec le pick numéro cinq, et se fait échanger aux Bucks qui ont pris Stephon Marbury avec le pick numéro quatre. Qu’aurait pu donner son association avec la force que deviendrait Kevin Garnett dans la raquette de Minnesota ? Jamais on ne le saura. La deuxième fois, en 2007, les SuperSonics l’envoient aux Celtics en compagnie du pick 35 (qui deviendra Glen Davis) contre Delonte West, Wally Szczerbiak, le pick numéro 5 de la Draft (qui deviendra ce bon vieux Jeff Green) et un second tour de Draft de l’année 2008.

Ray Allen a enfin pu s’associer à Kevin Garnett, en plus de Paul Pierce et de Rajon Rondo, et remportera son premier titre NBA dès sa première saison avec les Celtics.

L’échange Luka Doncic – Trae Young en plein milieu de la Draft 2018

Celui-là, vous le connaissez, ça ne fait aucun doute. Ce trade qu’on a souvent voulu nous faire passer pour “gagnant-gagnant” devient de plus en plus une arnaque au fil des années. En 2018, les Hawks sélectionnent Luka Doncic avec leur pick numéro trois, les Mavericks prennent Trae Young avec leur pick numéro cinq. Ils s’échangent promptement leurs sélections, les Mavericks ajoutant dans l’opération un premier tour de Draft 2019, qui servira à sélectionner Cam Reddish. Six ans plus tard, Luka planta 73 points sur ces mêmes Hawks et atteint les Finales NBA avec les Mavs pendant que Trae Young regardait les Playoffs à la télé. Un des plus gros what if de l’ère contemporaine de la NBA. A quoi ressemblerait le paysage de la Grande Ligue aujourd’hui si ce trade n’avait pas eu lieu ?

Hoje tem…

Atlanta Hawks x Dallas Mavericks

Trae Young x Luka Doncic pic.twitter.com/v5crP1CAcm

— NBA da bad (@NBAdabad) January 26, 2024

Jayson Tatum, acquis par les Celtics trois jours avant la Draft 2017

En 2017, les 76ers ont une riche idée. Ils vont échanger aux Celtics leur troisième pick de la Draft ainsi qu’un premier tour de Draft 2019 (qui deviendra Romeo Langford) pour récupérer le premier choix de la Draft, détenu par les Celtes. Ça permet à Philly d’acquérir Markelle Fultz pour intégrer au Process, tandis que les Celtics sélectionnent Jayson Tatum. Sept ans plus tard, Markelle Fultz joue désormais en tant que remplaçant à Orlando, après avoir enchaîné les blessures. Jayson Tatum, de son côté, est un triple All-NBA First Teamer et vient de gagner son premier titre NBA en tant que première option pour Boston. Bon…

Bonus – Bob Cousy, récupéré par les Celtics après la faillite des Stags de Chicago

Et si l’un des 30 joueurs les plus importants de l’histoire NBA avait vu son destin chamboulé à cause d’une auto-école ? Eh bien. Eh bien ce fut le cas. En 1950, les Celtics ont le premier choix de la Draft, une Draft où est inscrit un certain Bob Cousy. Cependant, l’entraîneur Red Auerbach ne sélectionne pas Cousy car il le trouve trop petit pour la NBA. Il est drafté en troisième position, par les Blackhawks, une franchise qui n’existe plus (rien à voir avec l’équipe lycéenne des Fort Wayne Blackhawks qui comme on le sait tous est triple championne de l’Indiana).

Problème, Bob Cousy tenait absolument à ouvrir une auto-école dans sa bonne ville de Worcester (oui, comme la sauce). Il demande donc 10 000 dollars de plus sur son contrat pour compenser l’éloignement. Les Blackhawks en offrent 6 500. Les négociations échouent. Les droits de recrutement de Cousy sont transférés aux Stags de Chicago mais la franchise fait faillite. Bob Cousy est alors tiré au sort par les Celtics lors d’une draft de dispersion, et c’est là qu’après six titres NBA, il termina sa carrière.

Comme quoi, l’histoire se joue parfois sur des petits détails. Une paire Webber – O’Neal à Orlando, un Michael Jordan qui n’a jamais son Scottie Pippen pour régner sur la NBA, une franchise des Lakers qui ne récupère jamais le meilleur arrière de son histoire… Qu’est-ce que ça aurait pu donner ces histoires. La Draft NBA, c’est 60 picks, et autant de what-ifs potentiels, tant le moindre choix, le moindre trade peut faire basculer legacies, storylines et autres destins de carrières.


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