Paul Pierce est officiellement à la retraite : merci The Truth, un monstre sacré de notre génération
Le 01 mai 2017 à 05:46 par Bastien Fontanieu
Ce n’est pas le finish qu’on aurait aimé voir, mais c’est celui que l’histoire de la NBA nous aura imposé. Paul Pierce a quitté les planches sur une défaite dans un Game 7 à domicile, un micro-détail dans une immense carrière.
L’étreinte était belle, dans cette atmosphère à la fois calme et troublante. Paulo serrait ses coéquipiers et ses adversaires dans ses bras, le visage marqué par le poids du moment. Un peu de tristesse en réalisant que les adieux étaient enfin devant lui, un peu de sérénité aussi en réalisant qu’il avait pu faire les choses à sa manière. Son rythme, sa méthode, son choix. Est-ce qu’il aurait préféré partir en mode David Robinson, sur un dernier gros game ponctué par une bague et une douche de champagne ? Bien évidemment, et nous aurions été les premiers à défiler le lendemain dans la rue, pour lui rendre hommage. Mais la NBA est aussi cette machine injuste, qui réserve à des légendes vivantes des sorties parfois éloignées de nos propres fantasmes. On voulait voir Paulo rentrer un dernier gros tir, lâcher une dernière phrase assassine, célébrer un money-time avec sa brouette géante. On voulait lui offrir autre chose qu’un bout de banc chez les Clippers, battus à domicile lors d’un match ultime, dans un scénario qui lui octroyait deux pauvres lignes en fin de résumé de match. Le Jazz jouera les Warriors au prochain tour, Beyonce et Jay-Z étaient au Staples Center, Paul Pierce a joué son dernier match en carrière.
“J’ai vraiment pris du plaisir à vivre avec ce groupe cette année. Quel que soit le résultat d’aujourd’hui, je suis heureux. Ce que j’ai pu accomplir, ce que j’ai pu réaliser dans ma carrière, j’ai absolument tout donné. Je n’ai aucun regret.”
Sauf que le plus important, ce n’était pas nous, mais plutôt lui. Et en voyant Paul Pierce quitter le stade de Los Angeles avec sérénité ce dimanche, il y avait un autre sentiment qui prenait rapidement le dessus : celui du devoir bien accompli. Prendre sa retraite n’est jamais facile pour tout athlète, encore plus chez ceux qui ont marqué leur génération en dominant leur poste. Chacun choisit sa manière, elle est différente pour chacun. Et pour The Truth, le déroulé final était quasiment similaire à celui qu’il avait dessiné en septembre dernier. Une annonce personnelle sur The Player’s Tribune, sans s’étaler pendant des heures. Des remerciements chaleureux tout au long de la saison, où qu’il allait, récupérant l’amour qu’il avait transmis pendant près de deux décennies. Un retour émotionnel à Boston, et cette fin de match rêvée en plein TD Garden. Oui, entre nous, quitter la Ligue sur ce dernier tir aurait cimenté l’ailier dans la légende. Sauf que Paulo n’est pas comme ça, n’a pas été comme ça, ne sera pas comme ça. Le compétiteur ultra-confiant est aussi un coéquipier-modèle, qui accepte sa condition et s’adapte aux circonstances. Égocentrique, il aurait certainement fait sa diva en demandant plus de temps de jeu, ou un montage-vidéo, des confettis dans tous les sens, voire une conférence de presse d’avant et après match. Mais Pierce n’est pas de ce genre. C’est un bon vivant, qui est passé tout près de la mort, et voulait simplement respecter le jeu en vivant cette dernière saison comme elle le fût : imprévisible, mouvementée, remplie de grands moments, impitoyable.
Et aujourd’hui, c’est en paix que Paul Pierce quitte les parquets. Dix-neuf saisons, dont 10 vécues en tant qu’All-Star, une bague de champion inoubliable en 2008, le trophée de MVP des Finales qui va avec, des statistiques à tomber par terre et un bandeau à jamais collé sur son front. Chacun gardera l’image qu’il souhaite de The Truth, lui a obtenu ce qu’il souhaitait : c’est tout ce qu’il fallait.