Fin de l’ère Scott Brooks à OKC : départ d’un faible tacticien, mais grand formateur de talents

Le 23 avr. 2015 à 14:08 par Bastien Fontanieu

Ayé. Fini, terminé. No more ! Après sept années de relations basées sur l’espoir de remporter un titre, Scott Brooks a été prié de quitter le Thunder. L’occasion de revenir sur un coach qui, mine de rien, aura marqué la dernière décennie.

Le premier réflexe suivant l’annonce de ce licenciement a été partagé par de nombreux fans, conscients du potentiel limité de l’entraîneur, lui qui a prouvé plus d’une fois que son playbook faisait la taille d’un Direct Matin. Bonne nouvelle, excellente nouvelle, libération à OKC, le petit bonhomme est enfin parti, tant d’éruptions joyeuses qui ont semblé légitimes et totalement respectables car fondées sur des expériences déprimantes par le passé. L’accumulation des aventures trop courtes en Playoffs, un système qui n’évolue pas et bute fréquemment contre un char texan, il faut dire que les fans de la franchise ont bien douillé et qu’il fallait vraiment tourner la page. Le timing est-il le meilleur, à un an du marché estival qui ouvrira ses portes à Kevin Durant ? On y reviendra plus tard. Notamment car l’heure est venue de dresser un bilan, celui d’un homme qui a certes blasé un paquet de passionnés mais a offert à de nombreux talents la possibilité d’éclore sur la grande scène.

Il existe deux visions lorsqu’on regarde dans le rétroviseur du Thunder, sur ces sept années passées sous les ordres de l’ex-meneur des Rockets. Pour certains, le bientôt quinqua a grandement profité du travail quatre étoiles effectué par Sam Presti, General Manager de la franchise. Insupportablement avare lorsqu’il s’agit de signer des gros joueurs, le cerveau formé à… San Antonio restera tout de même responsable de la plus grande accumulation de choix de Draft concluants sur ces dernières années. La liste donne le vertige, jugez par vous-même : Kevin Durant, Russell Westbrook, James Harden, Serge Ibaka, Reggie Jackson et même Jeff Green ou Steven Adams si on souhaite rentrer dans le détail, Presti a tué le Draft game en trouvant systématiquement le joueur qui peut faire la différence et devenir une star. Du coup, on a pu entendre des mauvaises langues nous dire que Brooks n’avait pas grand chose à faire, car entouré de trop nombreux talents. Comme si -tiens tiens- Erik Spoelstra était un entraîneur moyen, car possédant trois futurs Hall of Famers lors de la domination floridienne de 2012 à 2014. Le raccourci facile qu’impose cette vision est compréhensible, mais il ne prend pas en compte tous les aspects du quotidien dont Scott fût responsable.

Et dans cette seconde vision, on préférera vous dire qu’il fallait les garder en laisse ces gamins. Il fallait permettre à chacun d’évoluer, sereinement, dans un cadre carré et productif, pour permettre au moindre talent de grandir à son rythme. Perry Jones, Jeremy Lamb et Cole Aldrich ? Des petites erreurs de parcours, comme on en trouve partout. Mais à côté de ça, Brooks aura tout de même tenu le centre de loisirs le plus impressionnant de la dernière décennie, ce groupe qui était destiné à remporter plusieurs titres façon Orlando Magic 1994 mais finira malheureusement sans bijoux avec l’entraîneur. Il suffisait de voir Enes Kanter taper des 20-10 depuis février pour comprendre qu’aussi rares sont les grands systèmes du coach, le centre de formation restait inégalable. Et cela passait par lui, Scottie, donnant confiance à ses poulains pour leur permettre de gambader, dansant finement sur la corde séparant la discipline du freestyle et gardant le cap chaque saison. On ne va quand même pas faire les aveugles, il faut les enchaîner ces 5 campagnes à plus de 60% de victoires, ces Finales 2012 et cette adaptation du groupe au départ de James Harden. Que dire face à ça, que c’est grâce à Russell et KD ? Sur le terrain, oui, mais une franchise tient debout en grande partie grâce à son chef d’orchestre, et là-dessus Brooks aura été remarquable de régularité. Quelques semaines avant le recrutement du futur nouvel entraîneur du Thunder, il était important de rappeler que l’armoire à titres d’OKC est peut-être vide, mais le groupe bétonné depuis 2008 a mûri et grandi, sous les ordres d’un excellent pédagogue.

Probable père de famille exemplaire, type d’ami solide sur lequel compter et homme de confiance, Scott Brooks n’aura pas montré des qualités de coaching phénoménales mais aura coché toutes les cases disponibles dans la catégorie développement. Un directeur de centre de loisirs au top de sa profession, qui repart sans bague mais avec une satisfaction ineffaçable : celle du boulot accompli avec chaque joueur, en maximisant tout simplement leur potentiel.

Source image : basket4us


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