Ja Morant, quelque chose se passe : auto-proclamé Top 5 meneurs l’été dernier, on a bien ri mais aujourd’hui plus personne ne rit

Le 20 févr. 2022 à 11:50 par Remy Guerre Chaley

Ja Morant Grizzlies 28 décembre 2021
Source image : NBA League Pass

Depuis quelques semaines la planète basket est sous le charme d’une nouvelle star. Ja Morant. Depuis le début de la saison le meneur ne cesse d’impressionner et absolument personne ne pouvait prédire qu’il atteindrait un tel niveau après seulement trois ans dans la ligue. Personne, à part lui. Retour sur la naissance d’une superstar.

Originaire de Caroline du Sud, Ja fait ses premières armes à Crestwood High School, et déjà son talent en tant que basketteur se fait plus que remarquer. En d’autres termes, wesh le gamin est trop chaud. En 2016 et alors que Ja Morant est âgé de 17 ans, un certain James Kane, entraîneur adjoint de Murray State, le découvre par hasard dans un gymnase en allant scouter le futur Hall Of Famer (bah non) Tevin Brown. Mais le vrai crack dans la salle, ce n’était pas lui. Car quelle surprise, QUELLE surprise ce fut en découvrant le phénomène Temetrius Jamel Morant. Une détente de fou malade et une vision de jeu digne des plus grands ? Hop ! Ni une ni deux on prend le téléphone, on appelle le coach Matt McMahon et on lui promet que “ce gamin va devenir pro”. Bien vu James, t’as eu plus de nez que Voldemort sur ce coup-là.

“Dès que je suis allé à Murray State, j’ai su que c’était là que je devais être. La tradition de meneur a joué un rôle, mais pas autant que la communauté. J’avais l’impression que tout le monde, des joueurs aux entraîneurs en passant par les fans, faisait partie d’une même famille.”

Apparemment Ja se sentait bien dans ses baskets à Murray State, et si vous croyez que ça s’est retranscrit sur le terrain la réponse est évidemment oui. Sa première année est correcte mais sans plus, pas non plus avec ça que l’on pouvait prédire qu’il allait devenir ce qu’il est aujourd’hui. En revanche, ses années 2 et 3, Mama le Boursin que c’était fort. 24,5 points, 10 passes, 5,7 rebonds avec presque 2 interceptions, tout simplement dantesque, le bonhomme est prêt pour la NBA et c’est tout naturellement qu’il va se présenter à la Draft 2019. Pourtant, à ce moment-là tous les observateurs n’ont qu’un seul nom à la bouche, celui de Zion Williamson. Une hype jamais connue pour un prospect depuis LeBron James, rien que ça et l’optique dans laquelle sont alors la totalité des franchises NBA reste : Zion en premier, le reste on verra. Ja reste prévu dans le top 3, on en parle comme d’un futur Russell Westbrook ou Derrick Rose pour son côté hyper-athlétique, et les Grizzlies – devant assurer la relève avec le probable départ de Mike Conley – tenteront finalement le pari avec leur pick 2.

Un pari plus que réussi, un peu comme si vous posiez 100€ sur une cote à 58 et que le combiné de 13 matchs faisait mouche alors qu’il y avait la victoire d’Arsenal dedans. Une soirée particulière pour lui, à qui le spot de numéro 2 de Draft n’était absolument pas prédestiné quelques années plus tôt, lui qui a galéré avant de se faire un nom dans aux États-Unis.

“Ça a été dur. J’étais un peu en colère mais, honnêtement, tout cela a payé. Mon père a eu l’opportunité de jouer à un niveau pro et a refusé de le faire pour rester avec moi et m’élever. La nuit dernière était une grande nuit non seulement pour lui et moi, mais aussi pour ma famille. Nous avons tous réalisé un rêve hier soir.” – Ja Morant

Papa s’est sacrifié pour le fiston, et franchement on ne peut que le remercier d’avoir eu cette bonne idée. Car dès qu’il a foutu un pied sur un parquet NBA, on a vite compris à quel genre de spécimen on avait affaire. Athlète de malade, passeur déjà sérieux, shooteur un peu dégueu à ses débuts mais qui s’impose directement comme… le meilleur joueur de ces jeunes Grizzlies, pour qui les bas-fonds de la NBA étaient à l’époque prédits. L’effectif se base sur des jeunes cracks comme Jaren Jackson Jr., Ja Morant et Dillon Brooks, avec un coach rookie en la personne de Taylor Jenkins, on se dit qu’ils sont bien gentils, qu’ils vont faire ce qu’ils peuvent, mais dans la jungle de l’Ouest ça ne va pas voler bien haut. Alors. Postulat n°1, Ja Morant vole déjà bien haut, avec en tête ce presque plus beau dunk de l’histoire sur Kevin Love. La fougue naissante au Tennessee permet au jeune groupe d’étonner et d’achouer pas si loin que ça des Playoffs en année 1, mais un Damian Lillard bouillant dans la bulle les en empêchera à cause d’une défaite dans le premier play-in tournament de l’histoire. Le meneur ne sortira pas néanmoins totalement déchu de cette saison puisqu’il récoltera les faveurs des votants pour le titre de Rookie de l’Année avec ses 17,8 points et 7,3 passes, à une voix près de faire l’unanimité.

“Être nommé rookie de l’année c’était génial, honnêtement. C’était vraiment un honneur. C’est quelque chose pour quoi j’ai travaillé toute l’année. J’avais promis à ma famille que j’allais gagner ce prix. Être capable de le faire et d’assumer était quelque chose qui comptait pour moi. Mais je n’étais pas satisfait, il m’en fallait plus.”

Très intéressant ce que nous dit Ja Morant ici. En gros ? C’est bien, j’ai tenu ma parole mais je veux aller encore plus haut. Eh bien c’est exactement ce qui va régir sa carrière au sein de la Grande Ligue depuis cette déclaration, première de la liste. En effet, son exercice 2020-2021 est encore meilleur que le précédent avec 19,1 points, 7,4 passes et 4 rebonds, mais Ja a toujours ces foutues difficultés sur son tir extérieur (30%). Le joueur des Grizzlies s’impose de plus en plus comme un probable Top 10 meneurs de la ligue, il réussit à hisser son équipe jusqu’en Playoffs en écartant les Spurs et surtout les Warriors lors du play-in, au terme d’un match dingue au cours duquel il inscrit 36 pions avec 5 tirs de loin. Ja a rendez-vous avec le Jazz au premier tour, les Grizzous prennent le Game 1 mais le reste de la série sera à sens unique. La saison de Memphis et de Ja Morant a cependant dépassé toutes nos espérances et, tadam, à l’intersaison Ja Morant sortira cette fameuse quote un peu maladroite, entre auto-motivation, connaissance du sujet et égotrip.

“Je suis un Top 5 meneurs [dans cette Ligue]. Je me mettrais avec Steph Curry… je suis un grand fan de Chris Paul, et sinon je dirais Dame Lillard et Russell Westbrook. C’est difficile. Le poste de meneur de jeu est tellement blindé, certains gars doivent être laissés de côté.”

Sortez les kevlars, et à l’époque une telle confiance en soi est vue par son côté négatif. Trae Young il joue à la belote ? Quid de Jrue Holiday ? Et Kyrie Irving, bah il est plié en deux. Ja Morant a beaucoup parlé, maintenant il va falloir assumer très vite au risque de s’en prendre plein la tronche.

Grand saut six mois plus tard ? Spoiler, l’homme aux locks aura pour ainsi dire… plus qu’assumé. Sa saison en cours est ainsi tout simplement exceptionnelle, les Grizzlies en bordure de Top 8 c’est fini et on parle aujourd’hui de la troisième meilleure équipe de toute la Ligue. Top 5 meneurs ? Lol. Aujourd’hui Ja Morant est probablement parmi les six candidats… au trophée de MVP, et le fait de dire qu’il est devenu en une demi-année l’un des… trois meilleurs meneurs NBA n’est absolument pas une blague. Cerise sur le gâteau, Jaja  Bien évidemment qu’il a eu son étoile en tant que starter. En même temps, ce fou furieux plante se pointera ce soir sur le parquet de Cleveland en tant que All-Star titulaire, du haut de ses 26,4 points, 6 rebonds et 6,8 passes de moyenne, à 49% au tir et 34% du parking. C’est officiel, nous voilà face à un joueur générationnel, face à une machine à highlights, face à un leader exceptionnel, face bla, bla, bla… Quand on parle on assume derrière, Ja parle beaucoup mais désormais, quand Ja parlera, on attendra avant de juger.

Ja Morant est devenu en l’espace de trois mois l’une des nouvelles coqueluches de la NBA et de toute la planète basket. Son style de jeu spectaculaire, son franc-parler assumé, son équipe qui régale… This kid is special et profitons de vivre le début de sa carrière, histoire de pouvoir dire plus tard à nos enfants et petits-enfants : “Tu vois ce gars-là ? Eh bien j’étais l’un des premiers à le voir jouer en direct.”

Source texte : Commercial Appeal, Clutch Points, Bleacher Report, The Undefeated, Joker Mag