Les Warriors sans Klay Thompson, épisode 2 : un imprévu qui change pas mal de choses dans la Baie

Le 05 déc. 2020 à 17:23 par Adrien Otheguy

Klay Thompson warriors
Source image : NBA League Pass

C’est fou comme les plans d’une franchise peuvent dépendre de la santé d’un seul joueur. Il y a un peu plus de deux semaines, juste avant la Draft, on apprenait avec tristesse la grave blessure de Klay Thompson, privant les Warriors d’un de leurs meilleurs soldats pour la saison 2020-21. Coup de froid chez les Dubs qui ont vite dû changer leur fusil d’épaule avant d’aborder cette rentrée dans la peau de simples outsiders. Sans leur numéro 11, peuvent-ils carrément dire au revoir au titre ?

Le rêve du retour se transforme en cauchemar

On rembobine une peu plus de deux mois en arrière. Alors que les Warriors étaient en vacances depuis le mois de mars, la température commençait tout doucement à monter du côté de San Francisco quand on voyait Klay Thompson claquer un simple dunk à l’entraînement début octobre. La dernière fois qu’il avait été aperçu sur les terrains, c’était sur le parquet de l’Oracle Arena dans un Game 6 de Finales NBA 2019 face aux Raptors où il avait planté 30 points en 32 minutes avant de se faire une rupture des ligaments croisés du genou. Après une saison tanking de Golden State, on comprenait donc pourquoi les membres de la Dub Nation s’enflammaient en voyant leur arrière All-star à nouveau sur pied à quelques mois de la reprise de la campagne 2020-21. L’équipe qui a le plus impressionné pendant la dernière décennie était bel et bien de retour avec un seul et même objectif : le titre. 

Parce qu’on a beau retourner le problème dans tous les sens, mais une équipe composée de Stephen Curry, Klay, Draymond Green, Andrew Wiggins et le numéro 2 de la Draft 2020, tout ça coaché par Steve Kerr et son goût pour le basket champagne que l’on a eu l’occasion de voir dominer la NBA depuis la moitié des années 2010, on ne pouvait pas les imaginer viser autre chose que les premières places de l’Ouest et un quatrième titre en sept ans. Peu importe ce que Bob Myers avait choisi de faire de Wiggins et de son tour de draft, même s’il avait décidé de les marchander pour récupérer un nouveau All-Star, l’équipe avait tout en magasin pour être l’une des plus compétitives de la Ligue. Une équipe avec ce cinq majeur-là : l’un des meilleurs meneurs et shooteurs de l’histoire du jeu, l’un des plus grands pyromanes de la NBA qui est en plus un défenseur extérieur d’élite, l’un des seuls postes 4 capables de défendre sur les cinq postes et véritable métronome de l’équipe, et en plus de ça un ailier comme Andrew Wiggins et éventuellement un grand pivot avec une hype comme on n’en voit pas à chaque cuvée en la personne de James Wiseman. Pas de doute, l’histoire semblait écrite pour un retour des Warriors au plus haut niveau. Mais comme depuis quelques années, la dynastie des Warriors qui avec des “si” aurait pu ressembler à l’une des plus grandes dynasties de l’histoire s’est de nouveau heurtée à un obstacle de taille. Comme si le destin ne voulait pas que les Dubs y arrivent : le soir de la Draft 2020, on apprenait que Klay Thompson s’était rompu le tendon d’Achille, et qu’il ne serait pas de retour pour toute la saison 2020-21.

Comment mener son armée sans le soldat Klay Thompson ?

Évidemment, devoir se passer d’un Klay Thompson pour une nouvelle saison est une perte gigantesque pour les Warriors. Le guerrier des Guerriers, celui qui revient sur le parquet pour tirer ses lancers-francs dans une Oracle Arena en feu malgré une rupture des ligaments croisés du genou. Celui qui s’est toujours sacrifié pour les Dubs, qui sait se mettre en retrait quand il faut faire briller ses coéquipiers, et qui sait prendre feu quand il faut prendre les choses en main. Klay, c’est aussi celui qui est prêt à s’envoyer le meilleur attaquant adverse dans une mission défensive de très haut niveau, parce que Thompson est probablement l’arrière le plus complet de NBA des deux côtés du terrain. Un arrière capable de tout sur un parquet, l’un des meilleurs shooteurs de tous les temps avec un fairplay et un esprit de compétition comme très peu ont dans cette Ligue. Si on parle souvent de l’énergie de Draymond ou du talent de Steph Curry, le numéro 11 de Golden State est l’âme de guerrier de cette équipe, un Warrior parmi les Warriors. Il ne sera pas remplacé. En revanche, Bob Myers et le front office des Warriors ont été actifs sur le marché pour tenter de conserver un esprit compétitif. Le mantra est clair, il n’est pas question de tanker une saison de plus. On a ainsi vu successivement arriver Kelly Oubre Jr., Kent Bazemore, Brad Wanamaker et James Wiseman pour renforcer le roster. Concrètement, à quoi doit-on s’attendre de la part des Warriors la saison prochaine ?

Avec l’énorme vide laissé par l’absence de Klay Thompson, les minutes et le statut de certains joueurs vont fortement évoluer dès la reprise. Tout d’abord, quand on pense aux anciens, il est évident de mentionner que la compétitivité retrouvée de l’équipe passera par un Chef Curry au top de sa forme. A 32 ans, le double MVP blessé à la main la saison dernière sera orphelin de son Splash Bro, et sera le leader clair de l’attaque des Guerriers cette saison. Pour retrouver les Dubs en haut du classement, il faudra donc retrouver un Curry en mode MVP. Pour Draymond, c’est la même chose : souvent critiqué l’an dernier quand il était nounou officielle des jeunes Warriors de la mission tanking, les Dubs auront aussi besoin du grand Dray’ des grandes années, et son aspect all-around. Les deux All-Stars seront les leaders vocaux du bateau de Steve Kerr version 2020-21, et devront encadrer les petits nouveaux. Les vrais remplaçants numériques de Klay, dans le statut comme dans le poids du scoring, seront sans hésiter Andrew Wiggins et Kelly Oubre Jr. : le premier devrait probablement commencer sur la base arrière aux côtés de Steph et laisser l’aile au deuxième, mais ce sont les deux qui devront combler les 20-25 points de moyenne habituels du robot catch-and-shooter qui marquait 60 points dans un match en réalisant 11 dribbles il y a quatre ans jour pour jour. Côté défensif, il faudra se mettre au diapason pour espérer ne serait-ce qu’apporter la moitié de ce qu’apportait Klay, mais c’est en ça que le retour de Kent Bazemore pourra aussi être important, lui qui sera capable de s’envoyer quelques missions défensives. Avec la blessure de KT et cette hiérarchie moins établie, les jeunes garçons qui ont profité de la saison blanche l’an dernier comme Jordan Poole, Eric Paschall et Damion Lee pourront probablement bénéficier de plus de minutes et auront des coups à jouer dans la rotation de Kerr.

Alors, candidats au titre ou pas ?

Oui, sans Thompson il est bien plus compliqué pour les Warriors d’envisager le titre. Après une saison loin des premières places, l’odeur de la victoire semble désormais bien loin de San Francisco et il va d’abord falloir reprendre les choses pas à pas, et il est normal que la hype soit moins grande surtout vu le renforcement incessant des concurrents d’abord dans la jungle de l’Ouest mais plus globalement dans toute la NBA. Mais parfois, on a presque l’impression que cette année blanche a fait oublier au monde entier à quel point Golden State est une équipe qui sait gagner des matchs. La puissance de ce collectif, qui a pendant des années survolé les débats dans la Grande Ligue, la dynamique imposée par ses leaders, par son coach, par ses fans : tout ça ne disparaitra pas avec la blessure de Klay. Il y a aujourd’hui énormément de facteurs qui doivent rentrer en compte pour que les Warriors retrouvent la place qui était la leur dans les années précédentes. Mais imaginons un instant un Stephen Curry revenant à son meilleur niveau. Imaginons un Draymond retrouver son impact de poumon des Warriors. A ça ajoutons une belle adaptation de Wiggins et Oubre, et une éclosion de Wiseman comme elle a pu être envisagée, et vous avez un cinq majeur qui a fière allure et un objectif bien plus haut que le simple play-in. La question du banc rentre évidemment en compte, mais Steve Kerr a montré avec les années sa capacité à faire d’une second unit sans véritable star une vraie force de frappe où chacun connait son rôle et est prêt à se sacrifier pour le collectif. Penser au titre est peut-être osé, les matchs se prendront les uns après les autres. Mais aucun doute, les Warriors seront là, ensemble. Le guerrier est blessé, mais on sait bien qu’il ne faut jamais sous-estimer le coeur d’un guerrier, et encore moins d’un champion.

Sans Klay, la bataille sera rude pour les hommes de Steve Kerr. Mais avec les renforts de l’automne, le soutien des fans qui espèrent pouvoir repeupler le Chase Center au plus vite, le talent qu’il y a dans cette équipe, et surtout la force du collectif, les Warriors pourraient bien retrouver un peu le goût de la victoire. Et si les Dubs n’étaient pas finalement la grosse cote de l’année ?