Interview de Théo Maledon : “On ne se présente pas à la Draft sur un coup de tête”

Le 22 avr. 2020 à 12:21 par TrashTalk

Theo Maledon
Source image : YouTube / EuroLeague

C’est depuis le domicile de ses parents, confiné à Lyon, que le meneur de l’ASVEL a annoncé qu’il rejoindrait la NBA la saison prochaine. Comme nous vous en avions parlé dans son profil complet et via sa récente décision, Théo Maledon a la tête sur les épaules mais les yeux projetés vers la Grande Ligue. A 18 ans, l’espoir du basket français explique son choix.

Interview réalisée par Ken Fernandez, journaliste indépendant que vous pouvez notamment retrouver chez l’Equipe, RMC et So Foot.

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KF : Vous venez d’annoncer votre inscription à la Draft. Qu’est ce qui vous a poussé à le faire maintenant ? 

Théo Maledon : Jouer en NBA a toujours été un objectif pour moi. On ne se présente pas à la Draft sur un coup de tête, mais j’ai estimé qu’après mon expérience de trois ans à l’ASVEL, c’était le bon moment. C’est une décision importante pour ma carrière, et elle s’est prise au fil du temps, en concertation avec mes proches. 

Et aussi avec le président de l’ASVEL, Tony Parker ?

TM : Tony Parker m’a toujours soutenu et conseillé. Je parle de plein de sujets avec lui et bien sûr, on a abordé mon avenir ensemble. Il estime aussi que je suis prêt à franchir le pas. 

Avez-vous des joueurs ou des franchises qui vous font rêver en NBA ? 

TM : Mon tout premier maillot était celui de LeBron James, mais je ne supporte pas de franchise en particulier. J’aimerais surtout rejoindre une équipe qui me fasse confiance et me donne des responsabilités. 

Vous avez déclaré à ESPN étudier des vidéos de meneurs NBA. Lesquels vous inspirent ? 

TM : Je regarde beaucoup de basket et essaie d’analyser tous les meneurs de jeu. Que ce soit Stephen Curry, Russell Westbrook, Kyrie Irving ou Damian Lillard, ils sont très impressionnants et c’est très excitant de s’imaginer les affronter. Ça doit être un sacré challenge. Je m’attends à ce que chaque match, chaque entraînement en soit un en NBA.

Quels sont selon vous les aspects de votre jeu sur lesquels vous devez progresser ?

TM : Le niveau va monter d’un cran. Dans un premier temps, je vais devoir m’adapter à un nouveau style de jeu, m’étoffer physiquement et beaucoup travailler pour continuer à progresser partout.

Est ce que vous regardez les nombreuses prévisions et les classements de Draft que font les médias américains ? (*) 

TM : Je ne les suis pas quotidiennement, mais je les regarde. Même si je suis conscient qu’il ne faut pas trop faire attention, j’aime bien avoir une idée de ce qu’ils pensent de moi.

Un autre Français, Killian Hayes (Ulm, Allemagne) est aussi annoncé très haut dans cette Draft… 

TM : Ça fait d’autant plus plaisir qu’avec Killian, on a disputé ensemble les compétitions de jeunes avec l’équipe de France. On en a parlé un peu et c’est cool qu’il y ait autant de Français en NBA. J’ai aussi échangé avec Sekou Doumbouya. Son expérience me permet d’anticiper certaines choses, éviter des erreurs et gérer plus sereinement. 

Avez-vous des informations quant au déroulé de la Draft ? 

TM : La priorité de la NBA est d’essayer de terminer cette saison mais pour le moment, tout est un peu flou. On sait juste qu’elle risque d’être décalé plus tard qu’au 25 juin, la date initialement prévue.

Comment se passe votre confinement ?

TM : Je suis chez mes parents à Lyon et je garde un bon rythme. J’arrive à faire deux séances par jour de musculation et d’explosivité, ainsi que des shoots sur le panier du jardin avec mon père. Ma vie tourne toujours autour du basket. Je regarde beaucoup de vidéos, des matchs historiques et j’en profite pour lire les biographies de Phil Jackson et de Kobe Bryant. Son éthique de travail, et sa “mamba mentality” sont une grande source d’inspiration.

Qu’avez-vous pensé de la décision de la Ligue nationale de basket de ne pas faire reprendre la Jeep Elite avant septembre ?

TM : Je ne m’imaginais pas terminer la saison comme ça, mais c’est la vie. En tant que compétiteur, j’aurais aimé pouvoir défendre notre titre avec l’ASVEL, mais le basket est secondaire en ce moment. Je pense que la Ligue a pris la décision la plus sage. 

Quel regard portez-vous sur votre saison ? 

TM : Ce fut une année très enrichissante. Collectivement, on a fait du beau boulot en Jeep Elite et une campagne d’EuroLeague au-dessus de nos attentes. J’ai adoré découvrir cette compétition. C’est un challenge de se confronter à des joueurs comme Shane Larkin (Efes Istanbul) et tous ces clubs historiques du basket. Je garderai d’excellents souvenirs de nos victoires et de l’ambiance à l’Astroballe.

Qu’est ce qu’il va vous rester de ces trois saisons à l’ASVEL ?

TM : Mon plus beau souvenir reste mon premier titre avec notre victoire en Coupe de France en 2019 (70-61 contre Le Mans). D’autant que je termine MVP de la finale. L’ASVEL m’a permis de grandir dans un cadre idéal et de faire de magnifiques rencontres. 

Avec leur report d’un an, estimez-vous que vous avez plus de chance de disputer les Jeux Olympiques ? 

TM : C’est vrai qu’entre la Draft et la préparation NBA, ça aurait été très compliqué d’y participer cet été. J’adore jouer pour la France, donc bien sûr que les JO sont un objectif pour moi. Mais avant ça, il va falloir beaucoup travailler pour gagner ma place. 

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(*) Selon les sites spécialisés américains, Théo Maledon devrait être sélectionné au premier tour, entre la 9ème et 26ème place.

Remerciements : Ken Fernandez, Théo Maledon et l’ASVEL