Tracy McGrady : de l’or dans les mains mais du toc sur les doigts

Le 24 mai 2016 à 20:23 par Alexandre Martin

Tracy McGrady

Dans la très riche histoire de la NBA, on ne compte plus les joueurs dont la carrière n’a pas été à la hauteur de leurs incroyables aptitudes. Les années 90 et les années 2000 sont pleines d’épopées du genre. On pense à Grant Hill, à Gilbert Arenas ou encore à Baron Davis pour ne citer qu’eux. Malheureusement pour lui, Tracy McGrady fait partie de cette famille. Il en est même une des têtes de gondoles tant son talent n’est pas en adéquation avec son palmarès.

Car Tracy McGrady n’est pas juste un excellent joueur de plus à avoir foulé les parquets américains. C’était un véritable monstre offensif, un gars qui – de 2000 à 2008 – a réduit en charpie n’importe quelle défense qui se présentait face à lui. C’était un athlète hors du commun, un slasher gracieux, un shooteur très dangereux et extrêmement clutch (les Spurs peuvent en témoigner), sans oublier bien sûr son sens du rebond, de la passe ainsi que son feeling inné pour faire le spectacle. Après trois saisons chez les Raptors où il a été utilisé en sortie de banc, T-Mac a été échangé à l’été 2000 (contre un premier tour de Draft !!) et s’est retrouvé à Orlando, chez un Magic qui sentait qu’il venait de faire un bon coup mais n’ayant pas encore idée de l’ampleur du cadeau que les Canadiens venaient de leur faire.

Sous les ordres d’un certain Doc Rivers – arrivé sur le banc un an avant – et sous l’impulsion de son swingman sur-athlétique, le Magic va enfiler quelques bonnes saisons. Il faut dire que même s’il n’a encore que 21 ans, McGrady est déjà clairement l’un des meilleurs attaquants de la Ligue. Pour preuve, afin de fêter son arrivée en Floride, l’ami Tracy pose une sympathique saison à presque 27 points de moyenne, le tout accompagné de 7,5 rebonds, 4,6 passes décisives sans oublier de l’interception (1,5) et du contre (1,5) pour faire joli sur la feuille. Du lourd ! Le bonhomme est élu MIP sans aucune contestation possible et les éloges pleuvent de tous les côtés. Michael Jordan y va de son compliment :

Tracy est un joueur très talentueux et, en plus, il va juste jouer de mieux en mieux.

Le Doc s’enflamme carrément mais pour une fois, on ne peut que le comprendre :

J’entends tout le temps des comparaisons avec Pippen. Je pense qu’il peut être meilleur.

Effectivement, McGrady va encore monter en régime et nous éblouir soir après soir. Sur l’exercice 2002/2003, il pose 32 points par match et s’octroie le titre de meilleur marqueur au milieu de gars comme Kobe Bryant, Allen Iverson ou Shaquille O’Neal. L’année suivante, il est de nouveau le scoreur le plus en vue même avec “seulement” 28 unités de moyenne. Les coast-to-coasts pleuvent, les posters dégoulinent de tous les côtés et nous assistons à quelques exploits tout aussi retentissants que clutchissimes comme ces 13 points en 33 secondes sur le museau de Spurs abasourdis un soir de décembre 2004. Dingue ! Oui, Tracy McGrady était dingue. Pour autant, au cours de toutes ces années, le Magic ne remportera jamais plus de 44 victoires en saison régulière et surtout, ne passera jamais le premier tour des Playoffs. Sur l’exercice 2003/2004, alors que T-Mac est le meilleur marqueur donc et qu’il pose également 6 rebonds et 5,5 offrandes tous les soirs, ce ne sont carrément que 21 wins que le Magic réussira à glaner…

Le cousin de Vince Carter se retrouve dans un nouveau trade et file rejoindre le grand Yao Ming à Houston. Mais ce duo sensé être infernal ne donnera jamais grand chose sur un parquet. La faute aux blessures, la faute à des séries de Playoffs – notamment des Game 7 – mal négociés ou encore à un effectif pas toujours très bien équilibré. Toujours est-il que quelques questions restent entières : Tracy McGrady est-il responsable de manque de résultat gênant qui a finalement marqué sa carrière tout autant que ses performances magnifiques sur les terrains ? Doit-on mettre en doute ses prédispositions mentales ou ses capacités de leader tant elles paraissent à l’opposé de ses qualités naturelles de basketteur ? Les hasards du sport de haut niveau comme l’équipe qui vous drafte, les coachs qui vous encadrent ou les coéquipiers qu’on vous impose sont-ils les facteurs déterminants qui ont influencé dans le mauvais sens la carrière de ce bijou de joueur qu’a été T-Mac ?

Chacun a sa vision des choses. Certains vont considérer que, peu importe le palmarès, la carrière de McGrady est superbe et tellement fournie en highlights ou autres orgies offensives qu’elle reste fabuleuse. D’autres, au contraire, vont avoir du mal à s’enlever de la tête que le bonhomme n’a rien gagné, qu’il n’est pas passé si loin de la bague mais en bout de banc chez des Spurs qui ne l’ont quasiment pas utilisé.

Une chose est sûre, en tous cas, Tracy McGrady nous a vendu du rêve. Il nous a fait bondir du canapé à de multiples reprises, il a écoeuré des défenses, des équipes voire des villes entières. On en peut pas tout avoir dans la vie. La NBA est sans pitié et même quand le talent d’un gars est immense, il ne suffit pas forcément à remplir l’armoire à trophées car il y a tant d’autres critères qui rentrent en compte. T-Mac lui, avait de l’or dans les mains mais les seules bagues qu’il possède sont celles qu’il est allé se payer dans une bijouterie. Pour autant, tous ceux qui l’ont vu évoluer, ne l’oublieront jamais…

Source image : zero4life.deviantart.com