Le discours de Tracy McGrady pour son intronisation au Hall of Fame, entièrement traduit par TrashTalk

Le 09 sept. 2017 à 06:12 par Bastien Fontanieu

Tradition oblige, Tracy McGrady a dû nous offrir un petit speech pour accompagner son intronisation au Hall of Fame. T-Mac a été plutôt court, mais son discours a par contre été bien ficelé.

Jamais facile, ce genre d’exercice. On veut surtout pas en faire une tonne, mais encore moins oublier qui que ce soit. On veut pas que ça se transforme en Marrakech du Rire, mais pas en enterrement public non plus. Il y a des anecdotes qui passent, d’autres non, des remerciements à faire, des larmes à retenir : l’événement est beau à observer mais dur à tenir devant le pupitre ! Cependant, T-Mac peut-être rassuré, il a passé l’épreuve du feu avec réussite. Partant d’un moment vécu avec sa femme il y a quelques mois juste avant d’être annoncé Hall of Famer, l’ailier fait un détour assez joli pour finalement revenir sur ses pas à la fin. Un basketteur qui ne s’est pas senti ultra-méritant, à qui il a fallu du temps pour l’accepter, mais qui fait désormais partie du paradis de la balle orange. Voici le speech ci-dessous, entièrement traduit par la maison TrashTalk.

Yes, yes ! Merci à tous, j’apprécie.

Zeke (Isiah Thomas), je ne sais pas ce que tu as vu mon frère, mais en 1997 tu as reconnu mon talent. Un jeunot qui sortait du lycée. J’apprécie cela, je t’apprécie, pour m’avoir permis de réaliser un rêve d’enfance en étant drafté 9ème. Cela valait plus que tout pour moi. La première année n’était pas si bonne, la première partie de la première année était vraiment pas top, mais ensuite tu es devenu un excellent entraîneur, et tu as pris de grandes décisions en tant que dirigeant. Mais ta meilleure décision restera d’avoir viré le coach de mon année rookie. D’avoir viré celui qui me critiquait et me disait que je quitterais la Ligue au bout de trois ans. Est-ce qu’il avait tort ? Bien évidemment qu’il avait tort, il avait bien tort.

En février dernier, ma femme et moi nous dirigions vers la conférence de presse des finalistes du Hall of Fame, au All-Star Weekend de New Orleans. On était dans l’ascenseur, et elle me répétait à quel point elle était fière de moi en me demandant également si j’étais excité. Je suis resté nonchalant, sans montrer de véritable émotion. Ou en tout cas, pas autant que ce à quoi elle s’attendait. Sentant qu’il y avait une vraie raison derrière cette hésitation et ce manque d’émotion dans mon attitude, elle me dit de répéter après elle les mots suivants : je mérite d’être au Hall of Fame. Je n’ai rien dit, elle a insisté, et m’a dit de regarder dans le miroir de l’ascenseur en répétant après elle les mots suivants : je mérite d’être au Hall of Fame. Mais je n’arrivais pas à les sortir. Qu’on soit clairs, ce n’est pas parce que je n’étais pas excité ou honoré, mais pour être honnête c’est parce que je ne voulais pas trop m’exciter. Vous voyez, ma femme savait quelque chose que je pensais et que je n’arrivais pas à dire ouvertement. Il y avait une raison, derrière son envie de me voir dire ces mots : je mérite d’être au Hall of Fame. Et il y avait une raison également, expliquant pourquoi je ne pouvais le faire. Dans ces moments où elle me demanda tout ceci, j’avais un milliard de pensées dans ma tête expliquant pourquoi je ne méritais pas d’être au Hall of Fame.

J’ai pensé à toutes ces légendes du jeu, qui avaient réalisé tant de grandes choses en NBA. Puis je me suis comparé à eux. C’est toujours plus facile de se focaliser sur ce que vous n’avez pas ou ce que vous n’avez pas pu accomplir. Mais je remercie ceux qui m’ont vu, ont cru en moi, et m’ont poussé quand je ne croyais pas tout le temps en moi. Des gens qui ont vu l’homme, pas seulement l’athlète. Une chose que j’ai pu apprendre en 15 ans de carrière est la persévérance, la foi, et continuer à se donner, même quand les pronostics sont en ta défaveur. Même quand ils ont dit que tu ne resterais pas plus de trois ans en NBA. Même quand ils ont critiqué ton étique de travail, alors que tu es venu de rien, t’es rentré dans cet incroyable monde de la NBA, sans nom, sans grandes performances, sans évidence que j’aurais ma chance. Je remercie le Seigneur, qui m’a fourni de grandes qualités et un talent, et qui m’a fait confiance.

De plus, je ne peux quitter cette scène sans avoir remercié la Ligue. Vous m’avez envoyé dans des endroits du monde dont je ne connaissais pas l’existence. Juste un petit gars de Floride, qui a traversé le monde plusieurs fois, et qui est devenu plus riche lors de chaque rencontre effectuée.

Merci à Adidas, je suis fier de ce qu’on a pu réaliser ensemble, on a vendu un nombre incroyables de chaussures et ce n’est pas terminé. Ce n’est pas terminé.

Merci à toutes les franchises pour lesquelles j’ai joué et les coachs pour qui j’ai joué. Doc Rivers, Butch Carter, je vous apprécie.

Les fans, des Etats-Unis et du monde entier, merci pour votre loyauté et votre soutien. Vous m’avez donné bien plus que ce que je pourrai vous rendre un jour.

Je voudrais remercier mes coéquipiers, et surtout mentionner ceux qui ont vraiment impacté ma vie en tant que basketteur. Merci Yao Ming, Dikembe Mutombo, Grant Hill, Darrell Armstrong, Doug Christie, Vince Carter, Dee Brown, Charles Oakley, Muggsy Bogues, Kevin Willis, Jermaine O’Neal, Dell Curry et Antonio Davis.

Et pour le plus honnête des coachs sous qui j’ai joué, Jeff Van Gundy. Il ne peut pas être là ce soir, car il aide les victimes des récents événements à Houston. J’aurais juste aimé qu’on puisse jouer ensemble un peu plus longtemps.

Johnny Davis, merci pour m’avoir permis de bosser et m’avoir donné un vrai jeu au poste. Mon coach de tir lors des années à Toronto, Jim Thomas.

Sonny et Pam Vaccaro… En 1996, lorsque j’allais dans ce camp, être le dernier gars entrant dans ce camp, et vous m’avez donné ce maillot avec le numéro 175. Personne ne savait qui était Tracy McGrady, vous m’avez donné cette plateforme, j’ai joué les meilleurs joueurs au monde à cette époque, et j’ai quitté ce camp en étant le meilleur joueur du pays. De 175ème à 1er, merci Sonny et Pam.

Mon équipe de conseillers financiers, merci à vous, vous vous êtes fait plein d’argent pendant ma carrière, et vous vous en êtes à peine occupé (rires). J’apprécie cela. Mon agent Arn Tellem, Bob Myers, merci. Mon avocat, merci. Mon assistante depuis 20 ans, merci pour avoir organisé ma vie ainsi que celle de ma famille.

Tous les membres de ma famille qui sont ici, merci à vous d’être là, je vous aime. Ma mère et ma grand-mère. Faisant tout pour me garder éloigné des rues dans un quartier infesté de drogues, une chose que j’ai appris avec ma grand-mère est la patience. Pendant que les autres enfants jouaient, je devais quitter la maison aux aurores pour aller pêcher pendant 12 heures avec toi. Être sur ce lac, discuter avec toi, apprendre à être patient et ne pas paniquer lorsqu’il y a des choses que je ne contrôle pas. Et tu sais ce que tu faisais tout le temps sur ce bateau ? Quand tu commandais une bière, tu signais comment déjà (rires) ? Ma mère, toujours ma première supportrice. Venant à chacun de match, en étant la personne la plus bruyante dans la salle. Et même quand je suis devenu pro en jouant devant 20 000 personnes, j’entendais toujours ta voix. Mais ce que tu m’as appris du coup, c’est de ne pas faire ça avec mes enfants donc merci (rires).

Et mes 4 enfants, Layla, Laycee, Laymen, Layden, souvenez-vous de ceci : votre personnalité sera toujours plus importante que votre réputation. N’oubliez jamais qui vous êtes, ne l’oubliez jamais. Et que vous appartenez au Seigneur. Car la personne que vous êtes en secret et tout aussi importante que la personne que vous êtes en privé. Pourquoi ? Car Dieu voit les deux. N’oubliez pas cela.

Ma femme, avec qui je suis depuis 20 ans. Dieu m’a donné une femme qui a montré être une magnifique mère, une incroyable femme, une incroyable amie, et je remercie Dieu de t’avoir chaque jour. Je t’aime.

Maintenant, retour à l’histoire dans l’ascenseur dont je vous parlais. Bien que je ne pouvais faire ce que ma femme de demandait il y a sept mois, en me regardant dans le miroir et en disant que je mérite d’être au Hall of Fame, et bien aujourd’hui, je peux le dire fièrement : oui, je mérite d’être ici, je suis très touché, je suis chanceux, et fier d’être membre de la classe 2017 du Hall of Fame.