Rodney “Hot Rod” Strickland : underrated est son deuxième prénom

Le 11 juil. 2014 à 20:53 par Alexandre Martin

Vous vous souvenez de Rod Strickland ? Ce pur produit du Bronx, ce basketteur au talent magique, aux inspirations magnifiques et au caractère un peu diva trop souvent mis en avant, a tout de même passé 17 saisons à écumer les parquets NBA. Un joueur qui compte un total de 1 094 matchs répartis 9 franchises et qui fête aujourd’hui ses 48 ans. Il est certainement l’un des joueurs les plus sous-estimés de sa génération.

Rod Strickland, c’est le prototype du NBAer rapide, technique, et très spectaculaire mais doté d’une mentalité – à mi-chemin entre la danseuse étoile et le mulet – qui lui lui a joué bien des tours tout au long de sa carrière. Quand il se fait drafter, en 1988, par la franchise de son cœur, les Knicks, Rodney doit jouer les back-ups derrière l’immense Mark Jackson qui vient d’être élu rookie de l’année précédente et qui fera, par la suite, la carrière que l’on sait. Strickland montre néanmoins de superbes aptitudes et les dirigeants des Knicks savent qu’ils ne pourront pas garder deux meneurs aussi talentueux. Devant cette obligation de faire des choix, ils échangent le natif du Bronx qui file donc à San Antonio au milieu de la saison 1989/1990. Il arrive dans une équipe des Spurs assez jeune – qui vient tout juste de drafter l’Amiral Robinson –  mais qui fait déjà bonne figure en Playoffs. Tout comme Strickland d’ailleurs qui tournera à plus de 12 points et plus de 11 passes décisives de moyenne sur cette campagne avec les Texans. Mais il sera très critiqué pour ses coups de folie ou ses improvisations qui vont faire perdre à San Antonio une série en 7 matchs face aux Blazers (une perte de balle en voulant faire une passe aveugle puis une faute idiote sur Clyde Drexler…). A partir de là, la réputation de Mister “Hot Rod” va prendre forme. On parle de joueur “difficile à gérer” mais il est également difficile de contester le fait qu’il a largement le niveau d’un titulaire dans la Grande Ligue.

Car Rod Strickland était un meneur offensif de premier plan. S’il jouait encore aujourd’hui, il serait toujours et figurerait régulièrement dans le top 10 des passeurs ainsi que dans les highlights quotidiens. 1m91, Véloce, athlétique, très créatif à la passe, dribbleur émérite et et excellent scoreur notamment en pénétration, Hot Rod fut un véritable cauchemar à défendre pour tous les autres postes 1 pendant les années 90. Des passes aveugles improbables, des drives finis dans n’importe quelle position et même après contact en l’air, Strickland était donc capable de tout en attaque et, défensivement, il faisait le boulot sans rechigner et interceptait en quantité (1,5 par rencontre en carrière).

Malgré tout son talent, Rodney ne s’est pas entendu avec le management des Spurs et fut échangé aux Blazers à l’été 1992. S’en suivirent pour lui quatre saisons titulaire à la mène avec des lignes statistiques bien flamboyantes : 17 points, 8,6 passes décisives, 4,5 rebonds et 1,7 interception ! Son association avec Clyde “The Glyde” fait beaucoup de mal aux défenses soir après soir mais cette équipe de Portland se montre incapable de dépasser le premier tour de Playoffs sous la houlette de Rick Adelman puis de P.J. Carlesimo… Si bien que pendant le mois de juillet 1996 – alors que le fantasque meneur sort d’une saison à 18,6 points et 9,6 passes décisives – il est à nouveau échangé et part rejoindre les Washington Bullets (qui deviendront les Wizards un an plus tard). Dans la capitale, Strickland forme avec Chris Webber un duo meneur-intérieur de toute beauté. Malgré des blessures récurrentes à la cheville et au genou, Rod réalisera trois premières saisons très “Hot” pour Washington dont une (1997/1998) où il sera le meilleur passeur de la ligue avec 10,5 offrandes par rencontre tout en marquant encore plus de 17 points et en  gratifiant le public NBA de quelques très gros triple double comme ce 21 points / 12 rebonds / 20 passes décisives un soir de décembre 1998 contre les Warriors.

Puis la suivante, il tournera quasiment en double double avec 15,7 points et 9,9 passes décisives de moyenne sans pour autant être sélectionné pour le All Star Game. Ce qu’il trouvera d’ailleurs injuste et déclarera un jour que “même s’il devait être finalement sélectionné, il refuserait de venir”. Sacré caractère le “Hot Rod” ! Il n’y fut de toutes façons jamais appelé… Et, avec la perte de Chris Webber (parti chez les Kings), les Wizards devinrent de moins en moins performant d’autant plus que l’ami Strickland commençait à prendre de l’âge. A 34 ans (en 2000), Rodney entama un petit tour de 5 franchises en 5 ans. D’abord de retour à Portland, puis à Minnesota, à Orlando, à Toronto puis à Houston, Strickland s’est baladé de bancs en bancs pour finalement mettre un terme à sa carrière en 2005.

Il n’en reste pas moins un des 10 meilleurs meneurs des années 90 au cours desquelles il figura donc 6 fois dans le top 10 des passeurs de la saison. Un meneur bizarrement plutôt méconnu malgré son talent indéniable et le spectacle qu’il produisait sur les parquets. Un meneur qui a grandement pâti d’un caractère façon Gangsta acquis pendant l’adolescence dans les rues du Bronx. Il laisse derrière lui des lignes stats qui feraient rêver beaucoup de meneurs actuels et des gestes magiques, dignes des plus grands…

Un bon gros triple-double


“Rod Strickland – Under Appareciated” 

Source image couv’ : AMANN