L’histoire de la Draft NBA : l’évolution à partir du fondement de la Grande Ligue jusqu’à aujourd’hui !

Le 20 juin 2023 à 19:32 par Antoine Demaegdt

Adam Silver Draft 2022 6 juin 2023
Source image : Youtube

J-2 avant cette Draft 2023 qui promet déjà d’être historique (coucou Victor). Vous voulez en savoir plus sur l’histoire de la Draft ? Bingo, vous avez sonnez à la bonne porte. Alors on perd pas de temps et on rembobine jusqu’aux prémisses de la Grande Ligue pour comprendre l’évolution d’un rendez-vous immanquable en NBA !

De ses premières années jusqu’en 2023, la Draft NBA a connu de nombreux changements sur ses différents aspects. Il est parfois facile de se paumer entre les époques donc commençons par… le commencement.

1947, naissance de la BAA et de sa Draft

Pour ceux qui se demande quand est-ce que la Draft a été inventée, sachez que sa première édition voit le jour en 1947 avec la toute première saison BAA (ancêtre de la NBA). C’est-à-dire qu’on comprend assez rapidement que dans 30 ans, les joueurs actuels en auront 60 ans… D’où le besoin de ramener constamment des petits jeunes pour entretenir le niveau de la ligue, tout en remplaçant les vieux briscards qui raccrochent les sneakers. Après avoir obligatoirement fini son cursus universitaire de 4 ans, les jeunes joueurs pouvaient s’inscrire sans encombres à cette fameuse Draft NBA.

Ok mais comment elle s’organisait du coup cette Draft ? Rien de plus simple : le moins bien classé récupérait le premier choix pour l’année suivante et ainsi de suite… À l’époque, on n’anticipe pas encore l’avantage de perdre pour être mieux placé à la Draft donc on ne préconise pas le système de loterie comme on le connait aujourd’hui. Autre particularité, les équipes peuvent choisir autant de joueurs qu’elles veulent puisqu’il n’y a tout simplement aucune limite de tour de Draft (contrairement à 2 aujourd’hui). Cette anomalie de l’époque s’explique assez facilement par le peu d’équipes dans la Grande Ligue, mais aussi par un nombre de talents bien moindre par rapport à aujourd’hui.

Mais la grande particularité des prémisses de la Draft reste le territorial pick. Il offrait la possibilité à chaque franchise de drafter en priorité un jeune joueur qui évoluait dans la même zone géographique d’une équipe. Si le gars jouait dans un rayon de 50 miles, la franchise pouvait, seulement au premier tour, user de son territorial pick pour le sécuriser, avant même que la Draft commence ! Une pratique popularisée dans les années 50 d’un pouvoir considérable. La preuve, Minneapolis a pu chiper Elgin Baylor en 1958, et Philadelphia a fait pareil avec Wilt Chamberlain l’année suivante. Rien que ça. Bon… on s’aperçoit rapidement que ce mécanisme peur être sympa pour créer une identité aux différentes franchises, mais qu’il est surtout profondément inéquitable. Imaginez si Victor Wembanyama avait joué dans le Colorado et se faisait drafter par les Nuggets, les champions en titre. Ouais on est d’accord…. c’est pas dingue. Tout le contexte est posé pour la première grande réforme de l’histoire de la Draft…

1966, l’instauration de la loterie

Ici commence l’histoire de la loterie NBA. Il fallait un premier jet, loin d’être parfait, pour jeter à la poubelle ce fameux territorial pick qui avantageait les grandes villes de la balle orange. Une fois que le niveau de la ligue s’est peu à peu équilibré, un certain tanking vit le jour. Le tanking, expression phare de la Draft, c’est tout simplement le fait de perdre volontairement au cours de la saison pour être mieux placé à la prochaine Draft NBA. C’est là qu’intervient la loterie pour contrecarrer cette attitude anti-sportive. Avec cette part de hasard, on limite les concours de défaites entre les équipes du bas de tableau. Et en 1966, cette loterie concerne les dernières équipes de chaque conférences en se jouant sur un… pile ou face. Pas très juste si les deux pires bilans de la ligue sont dans la même conférence… Loterie qui est donc loin d’être parfaite en restant au stade d’expérimentation.

Il faut quand même attendre 1984 avant que la ligue décide de taper du poing sur la table avec ce fameux tanking. Bien que cette stratégie de la défaite soit généralement officieuse, les Rockets en sont publiquement accusés cette année là. Les premiers systèmes de loterie se sont faits dépasser par l’extension de la NBA : sympa le pile ou face quand on est 9 dans la ligue, mais un peu ringard quand on est 23… Plus il y a d’équipes, plus la bataille du tanking devient disputée pour ce pile ou face. Et lorsqu’on se rend compte que la Draft 1984 peut potentiellement être une des cuvée les plus grandes de l’histoire, il y a de quoi donner des arguments aux équipes en galère comme Houston pour miraculeusement ne plus savoir jouer au basket, pour mieux choper un certain… Hakeem Olajuwon

Tout ce manège n’amuse pas tellement David Stern, nouveau commissaire de la Grande Ligue, puisque dès 1985, la loterie est étendue à toutes les équipes non qualifiées en Playoffs. Le but ? Minimiser le tanking en donnant également une chance aux moins bien placés d’obtenir un haut choix de draft. Au revoir le pile ou face, bonjour le loto !

Mais la loterie, bien que centrale, n’est pas le seul remaniement de l’histoire de la Draft. L’âge requis pour rentrer en NBA a également été un débat central. Depuis les prémisses de la Grande Ligue, un jeune joueur devait obligatoirement finir son cursus universitaire pour pouvoir s’inscrire à la Draft. Sauf qu’avec le combat de Spencer Haywood, la ligue allège ses critères d’admission en autorisant les lycéens à directement rejoindre la Grande Ligue. L’objectif ? Rendre plus accessible l’entrée en NBA, aussi bien pour les jeunes talents qui n’ont pas besoin d’attendre 4 ans en université, qu’aux plus démunis qui ne peuvent se payer un cursus universitaire complet. C’est en cela qu’en 1975, le jeune Moses Malone âgé de 19 ans devient le premier rookie NBA directement sorti du lycée sans passer par la case université.

Parallèlement, la ligue allège considérablement ses nombreux tours de draft. Initialement illimités, en atteignant une pointe à 21 en 1968, pour remplir le plus vite possible la ligue de jeunes potentiels, les tours de draft ont été fixés à 2 en 1989. Fini les Drafts à rallonge, on ne prend plus que les meilleurs !

Avec des portes ouvertes au plus grand nombre, des tours de draft épurés et une loterie plus équitable, on a de quoi penser que la Draft ne devrait plus connaitre de changement. Sauf que…

1993, le dernier de la loterie décroche le… premier choix

Alors que tout le monde pensait que la NBA avait (enfin) trouvé la formule parfaite, tout est remis en question 4 ans plus tard après la loterie 1993 quelques peu… polémique. Après avoir décroché le premier choix de la Draft 1992 pour choper Shaquille O’Neal, le Magic réalise le back-to-back du premier choix en 1993 tout en étant… dernier de la loterie. Un scénario qui avait 1,52% de chance de se produire… Il faut bien comprendre que le Magic était lancé dans sa construction avec un bilan de 41-41 l’année passé en échouant au bord des Playoffs. Donc évidemment, un sentiment d’injustice, ou du moins de malchance, régnait le lendemain de cette fameuse loterie 1993. Imaginez si Victor Wembanyama se faisait drafter par les… New Orleans Pelicans. Pas vraiment équitable on est d’accord. Du coup, un lissage des chances pour avantager les derniers a eu lieu dès la loterie 1994 : le dernier au classement passe de 16,67% de chance d’obtenir le premier choix à 25%, et le dernier de 1,52% à 0,5%.

Mais la loterie n’est pas le seul débat encore en suspend autour de la Draft puisque l’âge d’entrée en NBA fait toujours débat. En ayant autorisé les lycéens de directement fouler ses parquets après leur cursus, la Grande Ligue s’est exposée à de potentiels jeunes joueurs encore trop immatures dans leur jeu pour se mesurer aux plus grands de ce sport. Mais en réalité, beaucoup de jeunes portaient beaucoup d’importance au parcours universitaire pour murir leur jeu : peu de jeunes sautaient directement dans le grand bain, hormis par besoin d’argent.

Il faut attendre 1995, avec l’arrivée de Kevin Garnett en NBA, pour que cette tendance se popularise réellement. En voyant le succès immédiat du Big Ticket dans la Grande Ligue, une ribambelle de jeunes joueurs prometteurs vont suivre ses pas en s’inscrivant à la Draft sans passer par la case université. Parmi eux des gars comme Kobe Bryant, Tracy McGrady ou encore LeBron James. Rien que ça. Mais aussi pas mal de gosses qui ont eu les yeux plus gros que le ventre…

Du coup, pour protéger au maximum ses jeunes joueurs (trop) ambitieux, le nouveau CBA de 2005 instaure un âge légal de 19 ans minimum pour pouvoir être éligible à la Draft. La naissance de ce qu’on appelle aujourd’hui le one-and-done, à savoir une année universitaire après le lycée en attendant d’avoir 19 piges et de se faire drafter.

Mais malgré une loterie qui commence à se calibrer, on aperçoit toujours les pros du tanking balancer les drapeaux blancs dès février. Il faut dire qu’avec 25% de chance de choper le premier choix en étant dernier de la ligue, il y a de quoi se forcer à perdre des matchs ! Du coup la NBA va de nouveau changer ses probabilités de loterie en 2019 : les 3 derniers ont autant de chance (14%) de décrocher le premier choix. De quoi éviter les records de défaites pour choper la prochaine pépite générationnelle (coucou les Sixers).

On pourrait même mentionner le Play-In, instauré en 2020, dans cette histoire de la Draft. Ayant un impact immédiat sur le tanking en incitant les équipes de milieu de tableau à batailler jusqu’au bout de la saison, le Play-In, après quelques années, se présente clairement comme une réussite pour l’équité de la Draft. On ne peut pas dire qu’Adam Silver n’a rien fait pour cet évènement !

Après plusieurs décennies de calibrage aux évolutions de la ligue, aux envies des jeunots de sauter dans le grand bain, et surtout aux cancres qui organisent volontairement leurs défaites, la Draft NBA a toujours su répondre à ses différents défis d’équités. Mais comme bien souvent, la résolution d’un problème en amène un autre… Alors on reste comme ça ou de nouveaux changements sont à venir ?

Sources : ESPN, The Athletic