Les Warriors, une dynastie unique : 6 Finales et 4 titres en 8 ans, deux saisons off et un retour au sommet, lé-gen-daire

Le 17 juin 2022 à 10:56 par Nicolas Meichel

Source image : NBA League Pass

Ils l’ont fait. Les Warriors l’ont fait. Après deux saisons sans Playoffs, Golden State a officiellement relancé sa dynastie en remportant son quatrième titre NBA de l’ère Stephen Curry. Quatre titres et six Finales en huit ans, il n’y en a pas beaucoup qui l’ont fait. Mais surtout, y’a personne qui l’a fait de cette manière.   

Sur le plateau d’ESPN avant le début du Game 6 de cette nuit à Boston, Stephen A. Smith, Mike Wilbon, Mike Greenberg et Jalen Rose ont chacun essayé de trouver le terme le plus adapté pour qualifier la dynastie Warriors en cas de nouveau titre NBA sur le parquet des Celtics. “Officielle”, “Emblématique” et “Générationnelle” sont les mots qui ont été prononcés par les Hexperts US. De notre côté, on miserait plus sur “Unique”. Bien évidemment, les Warriors rassemblent les principaux critères qui caractérisent habituellement une dynastie : quatre titres de champion en huit ans, six Finales NBA jouées en tout, un back-to-back en 2017 et 2018, une équipe qui a marqué les esprits et qui a carrément révolutionné la Grande Ligue. Même si chacun peut avoir sa propre définition du terme dynastie, on peut dire que toutes les cases ont été cochées par la bande à Stephen Curry depuis 2015. Mais ce qui la rend véritablement unique, c’est que les Warriors ont visité entre-temps les bas-fonds de la NBA, terminant la saison 2019-20 à la dernière place du classement (15 victoires – 50 défaites) et ratant les Playoffs pour la deuxième année consécutive en 2021 après deux défaites au play-in tournament. Pour le dire autrement, les Warriors sont passés de cinq Finales NBA d’affilée à deux saisons “off”, pour ensuite revenir au sommet trois ans après leur dernière apparition sur la plus grande des scènes. Qui a fait ça dans l’histoire de la NBA ? C’est simple, personne.

Quand on regarde les principales dynasties qui ont fait la grandeur de la NBA au fil des décennies, elles partagent toutes un point commun qui diffère des Warriors : durant leur ère de domination, elles n’ont jamais raté les Playoffs.

  • Les Minneapolis Lakers de George Mikan : 5 titres NBA remportés en 6 ans (1948 à 1954)
  • Les Celtics de Bill Russell : 13 saisons, 12 Finales jouées, 11 titres remportés (1956 à 1969)
  • Les Lakers de Magic Johnson : 5 bagues en 9 Finales (1979 et 1991)
  • Les Celtics de Larry Bird : 3 titres NBA en 5 Finales (1979 à 1987)
  • Les Bulls de Michael Jordan : 6 titres NBA en 8 ans (1990 à 1998)
  • Les Lakers de Shaq et Kobe : 3 titres NBA de suite, 4 Finales en 5 ans (1999 à 2004)
  • Les Spurs de Tim Duncan : 6 Finales NBA, 5 titres en 16 ans (1998 à 2014)

Ces équipes mythiques ont toutes à un moment donné connu un coup de moins bien, mais elles figuraient toujours parmi les équipes qui comptent en NBA. Quand Michael Jordan est parti jouer au baseball, les Bulls sont restés une formation très solide à l’Est, participant deux fois aux Playoffs en 1994 et 1995. Même si les Spurs ont dû attendre sept ans entre leur quatrième et leur cinquième titre, ils continuaient à enchaîner les saisons en 50 voire 60 victoires. Ce sont deux exemples parmi d’autres mais qui illustrent bien ce que représente habituellement une dynastie. Le schéma est souvent le même : un joueur calibre all-time débarque, une grosse équipe est construite autour (ou alors possédait déjà des bons joueurs sur place), cette dernière devient une machine de guerre pour un nombre d’années plus ou moins élevé, avant l’inévitable déclin. Les Warriors ont choisi un chemin différent, ou ont plutôt été contraints de choisir un chemin différent.

Prenant les commandes de la NBA en 2015 sous l’impulsion de ses Splash Brothers Stephen Curry et Klay Thompson, les Warriors ont remporté un premier titre avant de profiter d’un incroyable alignement de planètes pour recruter Kevin Durant en 2016, après la défaite cruelle en Finales contre les Cavaliers de LeBron James et Kyrie Irving. L’arrivée de KD a propulsé ces Warriors déjà exceptionnels (73 victoires) dans une nouvelle dimension, celle des équipes pratiquement intouchables. Deux titres et trois Finales plus tard, un enchaînement d’événements beaucoup moins drôle a brutalement fait dégringoler Golden State dans les profondeurs de la Ligue : blessures de Klay Thompson (rupture d’un ligament du genou puis déchirure du tendon d’Achille), départ de Kevin Durant pour Brooklyn, blessure de Stephen Curry… autant d’éléments qui ont rendu le déménagement d’Oakland à San Francisco très douloureux. Autant d’éléments qui ont également fait vaciller la dynastie Warriors, que certains considéraient alors comme un souvenir du passé.

Oui mais non.

Les Warriors ont une culture de la win et du jeu, les Warriors ont toujours leur noyau dur Steph – Klay – Draymond – Kerr, et avec ça ils sont prêts à affronter n’importe qui n’importe quand. Quand Golden State a regagné sa place sur le trône de la Conférence Ouest fin mai, on avait retracé l’ensemble des étapes ayant permis à la franchise de Golden State de relancer sa dynastie : le transfert d’Andrew Wiggins, l’évolution de Jordan Poole, le choix du présent sur le futur… Des étapes cruciales dans le retour au premier plan des Dubs, qui auraient très bien pu décider il y a encore deux ans – quand les Warriors étaient dans le ventre mou de la NBA – de partir dans une nouvelle direction et de tourner progressivement cette page dorée en se basant sur des jeunes prospects prometteurs. Ces prospects sont bien là aujourd’hui (Jonathan Kuminga, Moses Moody, James Wiseman) mais Curry, Thompson et Draymond Green n’avaient pas encore terminé leur travail commencé en 2015, alors les Warriors ont décidé de repartir pour un tour histoire de reprendre leur couronne. C’est désormais chose faite.

L’institution Warriors, avec KD, sans KD, qui conserve ses piliers, se remet en question, revient plus fort, ajuste son jeu, c’est plus qu’une dynastie c’est une franchise mythique ils posent des briques énormes dans l’histoire de la NBA.

Chapeau, joueurs coachs et management.

— TrashTalk (@TrashTalk_fr) June 17, 2022

Gros gros respect aux Warriors, qui viennent de réaliser quelque chose de tout simplement historique. Stephen Curry, Klay Thompson et Draymond Green le répètent souvent : ils savourent beaucoup plus leur succès aujourd’hui après les difficultés rencontrées au cours des deux-trois dernières années. La version 2022 n’est peut-être pas la plus redoutable de la dynastie Warriors, mais elle gardera clairement une place à part quand on sait d’où ils reviennent.